A comme Andrevon

Sujet polémique, à coup sûr.
Mais basta, et même tant mieux, que l'on apprécie ou pas et l'homme et l'auteur, les deux ont été/sont encore pans SF non négligeables.
Perso, et çà n'étonnera personne ici, je le lis avec plaisir. Il a des choses à dire.

J'apprécie l'oeuvre d'Andrevon également.
Elle est bien sûr inégale, mais putain, quel nouvelliste, le Jean-Pierre !
SF ou fantastique, il est capable d'écrire des textes d'une intelligence et d'une sensibilité qui me touchent bien souvent.
Son oeuvre critique (ciné, ou ses critiques dans Fiction) est également remarquable.

Par contre, si Andrevon est un auteur engagé, il ne faut pas réduire son oeuvre à cela.
Le désert du monde pour prendre un roman, et pas mal de textes de Demain le monde montrent le talent d'un auteur sensible, parfois taquin, mais souvent brillant.

Son goût pour les poitrines féminines est touchant.
Mais, incontestablement, je le remercie pour ceci :

Je n’ai jamais pris le temps de me pencher sur l’œuvre prolifique de Jean-Pierre Andrevon alors que son abondante production de textes courts, en SF comme en fantastique, devrait me le désigner comme une cible de choix.

‘faut croire que le (bon) moment n’est pas encore venu…

D’une poignée de nouvelles éparses, je me souviens néanmoins avoir particulièrement appréciées la dénonciation de la dictature hygiéniste dans Chapo et l’anthropophagique Goûter, savourer, en reprendre (au temps où elle était à l’écoute sur le site Utopod).

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Sur son activité de critique, je suis partagé.

J’ai dû le lire quelques fois dans de vieux Fiction mais n’en garde pas une image très nette, et quand je parcours certaines critiques archivées sur nooSFere, j’ai l’impression qu’il fait parfois trop court alors que c’est quand il prend le temps de développer une argumentation qu’il peut être très intéressant.

Sur le cinéma, il m’est arrivé de lire de ses notules dans L’écran fantastique et je les trouvai rarement convaincantes. Mais je jetterai bien un œil sur ces 100 ans et plus…(car c’est un autre genre d’exercice…)

"Compagnons en terre étrangère" (surtout le tome 1) m'avait fait glisser vers l'écrivain, s'en était suivi les lectures de "Le désert du monde" et de "Dans les décors truqués". J'ai néanmoins moins d'attachement pour lui que pour Pelot, il me semble plus froid dans la forme.

Bon, j’ai relu quelques critiques papier dans Fiction et l’image du critique m’apparaît plus nette… et correspondant bien à sa réputation : Andrevon se qualifie de critique « engagé » et aborde principalement les textes via la grille de la lutte des classes, contre l’idéologie dominante/bourgeoise/réactionnaire, pour la défense du collectif face à un individualisme égoïste.

Un approche que guette le piège des jugements hatifs mais que, de ce que j’ai lu, il évite généralement par l’analyse et l’argumentation (d’où l’intérêt d’une certaine longueur pour préciser ou nuancer…)


Un extrait d’une Tribune libre titrée Idéologie et science-fiction, deuxième et dernière (dans Fiction de mai 1972) :

« Mais ce qui me semblait important de souligner, c’est qu’il n’existe pas de romans de
« gauche » et d’autres qui soit neutres idéologiquement, et que la new thing n’a pas reçu, comme une grâce divine, le privilège de naître progressiste (et donc subversive), alors que le space-opera et l’heroic-fantasy auraient hérité une malédiction droitière. Chaque roman est un cas d’espèce ; chaque livre, quel que soit le genre auquel il appartient, quelle que soit la date de son écriture, reflète (plus ou moins) l’idéologie dominante, ou les contradictions qui résultent de la lutte de l’auteur contre elle. »



PS : Côté ciné, je réécoutai l’aujourd’hui-même défunte émission Projection privée dont il était un des invités pour présenter 100 ans et plus… et je reste circonspect quant aux avis du bonhomme : à creuser quand je mettrai la main sur ce fort volume..