SF vs Fantastique

B elanna a écrit "
J'ai lu beaucoup de fantastique quand j'étais ado et moins maintenant car le genre science-fiction est prodigieusement fertile et entre l'existant et les nouvelles parutions on ne sait plus où donner de la tête... En revanche je trouve que le genre "fantastique" s'essoufle, étouffé qu'il est par la prolifération de la fantasy. "

Tout à fait d'accord, et je ne vais pas lancer un débat sur la fantasy urbaine. S'agit-il de fantasy ou d'une forme de fantastique ? Je pense à Neverwhere de Gaiman voire à AMerican Gods entre autres...
Paradoxalement Harry Potter oriente le marché (voir le dossier dans bifrost 36 !!!)

<J'ai personnellement beaucoup de mal avec la fantasy, la plupart du temps je trouve ça long et fade (sauf "les yeux du dragon" de King).

Bah moi je lis Jordan et c'est pas trop mal, mais parfois longuet, des chapitres écrits pour faire du chiffre

"Si quelqu'un peut me conseiller du roman ou de la nouvelle fantastique récent ce serait sympa. J'en suis restée à Gaston Leroux, Maupassant, Flaubert, Hoffman ou Seignolle, rien de bien neuf quoi...

Bah tout dépend de ce que tu veux lire comme fantastique, cernons un peu. Soit des romans, soit des nouvelles. soit du fantastique intimiste ou du fantastique plus action...
En bon roman fantastique, euh comment dire ces derniers temps c'est un peu la dèche... je te déconseille le dernier King toutefois !!!! Mais tu peux lire Gaiman et son American Gods qui est bien écrit. Il y a quelques publications chez Fleuve Noir, en poche...
En nouvelles, Oxymore a sorti un paquet de jeunes auteurs franco (Mamier, Henry, Fazi, Silhol, Kaan (oui c'est moi) dans la collection epreuves.)
Le belial a sorti un recueil de nouvelle de Berthelot, c'est bien écrit mais assez intimiste le plus souvent. Il a aussi réédité du thomas Day qui se caractérise par une violence crue me semble.

Voilum...

Merci Kaan de tes réponses. Marrant, j'ai lu American Gods à sa sortie aux EU, j'ai bien aimé, mais je n'avais pas pensé à l'associer au genre fantastique et King non plus alors que j'ai tout lu (sauf Wolves of the Calha qui n'est pas encore sorti en paperback). Aïe, ça doit être une maladie dégénérative de la mémoire qui commence, j'ai dû trop manger de maïs ou soja transgéniques...
Comme j'aime beaucoup les nouvelles je vais essayer de trouver le recueil d'Oxymore dont tu parles ainsi que celui de Berthelot. Thomas Day si j'en juge par ce que j'ai lu jusqu'à présent c'est à la fois un peu trop concret et un peu trop hermétique pour moi...
A +

Bah les étiquettes, c'est juste bons pour ranger et comme j'aime le bazar....

J'ai essayé, mais je n'accroche réellement que sur la SF, et encore pas tous les auteurs systèmatiquement.
Maintenant je ne suis peut être pas tombé sur les bons.
Pour ce qui est du "classement" des genres, je ne m'y attache pas vraiment, mais force est de constater que, la plupart du temps, ce classement est déjà fait par auteurs et éditeurs.

A propos de la fantasy...
On tend souvent à faire venir la fantasy de la sf. C'est bien joli, mais peu logique. Petit détour par l'anglais : attention ca va aller vite :-)
Fantasy (le mot anglais) = fantastique (en français)
Heroic fantasy (anglais) = fantasy (dans l'acceptation francophone du terme)
Au départ, et selon ses précurseurs (Tolkien le premier), la fantasy serait donc un enfant bâtard du fantastique.

Maintenant, en même temps, c'est un style à part entière, et tant que c'est bon qu'est-ce que je m'en fout !!!

PS : pour ceux que mes explications ont ennuyer franchement, si je recois plus de 5 réclamations j'arrête ! lol

mais du tout allesan, j'ai trouvé cet ajout bien interressant. Je ne connaissais ce rapport à l'anglais.
Pour ceux qui peuvent lire des trucs genre texte Deleuzo-lacaniens, je conseille Science-fiction et capitalisme de EIZYKMAN Boris. Etude (1973): Coll. Repère n° 9 - c'est un livre extrêmement ardu. J'ai laissé tombé, mais j'y reviendrais un jour. Car l'auteur semble dire des choses intéressante sur la différence sf fantastique (il semble même parler plus du fantastique des fois...)
voici un lien : http://www.noosfere.com/Icarus/livres/niourf.asp?NumLivre=-318195
bon, ça sent deleuze, lacan et les années 70. Ah ! Glorieuse époque !

Je n'aime pas le fantastique ni la fantasy, je n'aime que la science-fiction.

Mais pour de l'excellent fantastique ou fantasy je sais faire des exceptions à cette "règle"

Je crois qu'il y a des gens hermétiques à ces 3 genres, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi, mais dès qu'on leur dit science-fiction, fantastique ou fantasy, ils ont un mouvement de recul !
Par contre il me semble que l'amateur d'un seul de ces 3 genres et capables d'apprécier une oeuvre des 2 autres par ci par là.
Comme quoi ça se rejoint forcément quelque part.

Je mettrais un peu à part une certaine fantasy de vraiment mauvaise qualité très démago, se rapprochant de la collection arlequin dans un autre genre.

Oui Gracie... Sans doute le premier rapport est-il d'introduire un monde imaginaire. Pour beaucoup, cela parait peut-être puéril...
Mais aussi difficile à lire. Je reprends mon Univers 1981 ou Samuel Delany donne quelques indications sur pourquoi la sf est difficilement abordable à certains :

		Citation : Il y a toutes sortes de phrases qui pourraient apparaître dans les deux genres de textes (sf et littérature générale), par exemple : l'univers de la jeune femme vola en pièces. Si cette phrase intervient dans une "fiction mondaine", ce sera probablement une métaphore émotionnelle plus ou moins fumeuse (...) alors que, dans un texte de sf, il peut s'agir d'une planète appartenant à une femme et qui a explosé (...) Ainsi le langage possède en sf une marge d'incertitude qui est peu fréquente dans la "fiction mondaine". Par ailleurs, quand on lit une histoire de sf, on classe autrement l'information pour que le récit ait un sens. On trouve une phrase dans les toutes premières pages de "Planètes à gogos" : "Il se frotta le visage avec du savon dépilatoire et le rinça au robinet sous un filet d'eau douce". Le savon dépilatoire indique que l'on a à faire à un récit de sf parce que, n'est-ce-pas? on ne se sert pas de savon dépilatoire. (...) Le filet d'eau douce, c'est la façon de comprendre que, dans ce monde-là, il y a des robinets d'eau salée (...) (...) dans toute situation de sf, il y a deux catégories : il y a les gens qui ne veulent pas en lire, et il y a aussi les gens qui ne peuvent réellement pas en lire.(...) quand on se mettait à le lire phrase par phrase et qu'on travaillait avec eux comme avec un enfant (...) je m'apercevais que ce qu'il ne parvenaient pas à faire, c'était de mettre le monde debout. Ils étaient incapables de saisir les petites allusions, les insinuations voilées, les indices discrets auxquels tous les auteurs de sf on recours, pour construire un monde cohérent et qui en font un univers.

bien sûr, tout ça pour ceux qui ne peuvent pas lire. Pour ceux qui ne veulent pas, faut leur demander. Peut-être qu'une certaine littérature plus axé vers l'adolescent attardé, plein de boum-boum pan-pan, donne une mauvaise aura au genre (idem un peu pour le fantastique et la fantasy - euh... plus la fantasy :). Il faut avouer que les couvertures n'aident pas en général... bah... !!!!

		Citation : (...) dans toute situation de sf, il y a deux catégories : il y a les gens qui ne veulent pas en lire, et il y a aussi les gens qui ne peuvent réellement pas en lire.(...) quand on se mettait à le lire phrase par phrase et qu'on travaillait avec eux comme avec un enfant (...) je m'apercevais que ce qu'il ne parvenaient pas à faire, c'était de mettre le monde debout. Ils étaient incapables de saisir les petites allusions, les insinuations voilées, les indices discrets auxquels tous les auteurs de sf on recours, pour construire un monde cohérent et qui en font un univers

Voilà quelque chose de très intéressant, et qui m'explique sans doute la réaction de recul de beaucoup de gens (dont je parlais plus haut), et également pourquoi si souvent les gens disent ne rien comprendre à la sf, et sont agacés.

Très intéressant cette analyse

A lire absolument sur ce sujet : la magnifique intro au recueil "Escales vers l'horizon", par Serge Lehman.
Il examine les raisons de ce refus de la SF en francophonie.
C'est clair, c'est net, c'est du tout bon.
Il parle lui aussi de la paresse du lecteur, qui n'a pas envie de se casser le c** à imaginer l'univers de l'auteur, mais aussi d'autres raisons plus franco-françaises.

Et puis parce que j'aime bien faire ma propre pub ;-) j'ai fait un historique de la SF en France. On peut y décrypter quelques raisons historiques de ce rejet de la SF. Pour les amateurs, je le diffuse avec plaisir.
A bon entendeur...