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Le Cadavre sans tête... à quatre mains
Chapitre 1 proposé par Ione & lacroute Ce texte a été déposé le 28/08/2005 |
Mon père, pas peu fier, dit à qui ne veut pas l'entendre, que son épouse me garda dans son ventre le temps du voyage en hibernation... 15 années-lumière...!
Mon nom est Kirk : Kina Kirk...!
Monsieur et Madame Kirk sont des gens simples. Ils ont émigré sur cette planète d'accueil dans l'espoir d'y trouver une vie plus confortable. Plus saine en tout cas, que ce que les tours métalliques s'égrenant à perte de vue sur leur planète natale ne pouvaient leur offrir. Alors qu'ils étaient jeunes mariés, sans le sou, désoeuvrés faute d'activité due à un chômage tentaculaire, ils ont sauté sur l'occasion lorsque celle-ci s'est présentée.
Un vaste programme de désenclavement humain de leur cité métallique proche de l'agonie. De quoi recommencer (ou commencer tout simplement pour beaucoup) une nouvelle vie. Un horizon ouvert sur le ciel et non plus barré d'immondes pieux gris et puants. L'espoir enfin de se sentir libre et en vie.
Pourtant, ce qui les attendait n'était pas à la hauteur de leurs espérances. Le chômage est partout dans la Galaxie. Mais lorsque l'on veut s'en sortir, sur les planètes récemment colonisées, on a encore la possibilité de monter sa propre entreprise, sa propre boutique. Et c'est ce qu'ils ont fait. Une entreprise de nettoyage de vitres. La soupe, un toit, du bonheur, l'école et l'espoir que leur fille décroche un diplôme et un bon job...!
Monsieur Kirk aime bien son travail. Il est nettoyeur de vitres. Ce n'est pas très compliqué mais ça demande de la minutie, de la précision et on a la satisfaction de voir tout de suite le résultat de ses efforts... Pour intéressant que ce soit, ce n'est pas une mine de revenus. Les systèmes anti-poussières/salissures sont relativement fiables... Ainsi, la poussière s'amoncelant sur une vitre est-elle le signe annonciateur d'un disfonctionnement d'un des circuits d'alimentation du répulseur magnétique... Le travail de Monsieur Kirk consiste donc à détecter la panne, la réparer, et le cas échéant, lorsque les circuits sont morts à remplacer la vitre... Les piètres connaissances de monsieur Kirk en matière de microélectronique, lui permirent tout de même de proposer ses services au spatioport et chez les particuliers (du! moins chez les riches car les foyers à modeste revenus bidouillent eux-mêmes le système électronique trop onéreux en consommation électrique)... Monsieur Propre, ça gagne pas des tonnes mais ça remplit la tambouille du soir d'hydropoireaux et de grenouilles lyophilisées Si on était resté tout là-bas, à des méga-kilo-parsecs de la Spatiocolonie, on aurait sucé les cailloux de Terre-Mère juste avant qu'elle n'explose...!
Jusqu'à présent, Monsieur et Madame Kirk se sont contentés du bidouillage électronique qui rend aux vitres leur transparence virginale ainsi que des maigres mais honnêtes revenus de la petite entreprise familiale. Mais voilà que leur fille, Kina, leur répète depuis des mois et des mois la même litanie qui semble l'avoir envoûtée. Elle s'est jurée de devenir pilote...! Astro-pilote qui plus est ! Rien que çà...! Le job de l'élite dont l'apprentissage vide le porte-crédit à vitesse supra-luminique...! Papa Kirk s'était renseigné sur la somme à débourser. «Autant confier les bijoux de famille à une grenouille quantique» avait-il dit...!
Papa Kirk, s'est arraché les cheveux quand il a su ce que je voulais faire plus tard... La date de l'aveu, je m'en souviens : c'était la Saint Morca. Ca remonte à six mois maintenant... Maman a dû l'arrêter... Il voulait casser la gueule à KGB... «Les rêves de riches, c'est pas fait pour les pauvres...» qu'il gueulait dans le conapt...! Mais je savais que mon chamallowfather allait sortir l'escabeau télescopique de l'atelier, le dresser dans le jardin, monter les barreaux et me décrocher une des deux lunes de la planète...
Six mois plus tard, Monsieur Kirk est toujours atterré. Non que cette idée ne le séduise pas, Kina en a largement les capacités pense t'il non sans une pointe de fierté, mais c'est malheureusement impensable ! le droit d'entrée dans les écoles de pilotage est réservé à une élite richissime des milieux marchands. Nous ne pourrons jamais, au cours de notre vie rassembler tous les crédits nécessaires pour lui payer ça...
Cela faisait maintenant des mois que Monsieur Kirk retournait cette idée dans sa tête. Comment trouver l'argent nécessaire à Kina ? Comment ?
«Mademoiselle Kirk !» grince la voix fatiguée du professeur. «Je constate que vous êtes, une fois de plus, dans la Lune !! N'écoutez vous donc jamais ce qu'il se passe en cours ? Ce n'est pas comme ça que vous y arriverez !»
Excédé, l'instituteur - Monsieur Kgb203, comme il se fait appeler - m'adresse une moue qui en dit long sur son état de lassitude et se retourne vers le tableau holo qui fait face aux élèves.
Je sors en sursaut de ma rêverie pour me rendre compte qu'une fois de plus, Kgb a raison. J'ai raté les dix dernières minutes du cours. La mine penaude, je me cale inconfortablement sur ma chaise et prend mon air d'élève «c'est-vachement-passionnant-ce-cours».
Pff... Le vieux Kgb se trompe au moins sur un point. Je n'étais pas dans la Lune. J'étais sur Mars... Loin d'ici...!
Mon regard passe de l'immense cour en contrebas à la clôture du spatioport. Lentement les fusées émergent des écharpes de brume matinale. Leurs flancs ruissellent peu à peu de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. J'imagine les peintures métallisées couvertes de rosée en gouttelettes irisées, les fuselages fièrement dressés, les pilotes beaux comme des anges.
Quand j'y pense ! Mars... Mars la rouge. Une petite boule de terre, de sable et de désert, aux reliefs démesurés, aux canyons abyssaux et au plus crâne des volcans. Le mont Olympe, le repère des Dieux.
Je suis sûre que perché tout en haut du volcan, on doit se prendre pour un Dieu soi-même face à l'horizon courbe de cette planète que l'on croit dominer l'espace d'un instant.
J'aimerais tellement y aller un jour ! Piloter un astronef... mon astronef ! et partir découvrir toutes ces planètes. Je me rendrai dans le système solaire évidemment. En premier. Ah ! voir le Soleil de mes propres yeux ! Le voir tel que les Originels le voyaient et non pas juste sur un holo.
Je survolerai Mercure à tire d'aile, je frôlerai les nuages de Vénus et je pleurerai sur la Terre disparue... je me poserai sur Mars comme pour un pèlerinage. Je suivrai les traces des premiers colons, dévalerai Valles Marineris à califourchon sur un scooter des sables et je ne quitterai pas Mars sans avoir salué les Dieux solitaires, abandonnés sur l'Olympe.
Alors, je remonterai dans mon astronef et je repartirai contempler la splendeur des cieux. Les tempêtes chamarrées de Jupiter et la majestueuse ceinture glacée de Saturne. Je plongerai de mondes en mondes, dans l'immensité noire et silencieuse tendue entre les astres. D'hibernations en hibernations, je visiterai les enfants de la Planète-Mère qui pour survivre mit son singulier au pluriel...
Un bruit me ramène à la classe. Le claquement sec d'une règle sur le bois d'un pupitre. KGB s'en prend à Touko qui traînasse encore en revenant des bioWC...
Je crois que Kgb a raison quelque part. Je file du mauvais coton...
A vrai dire, il y est pour quelque chose. Je n'arrive plus à me concentrer et je n'ai plus que cette idée en tête. Piloter. Découvrir de nouveaux mondes. Je veux absolument faire ça et j'y arriverai un jour, mais ça risque d'être vachement dur...
Mes parents n'ont pas assez de crédits. Personne ici d'ailleurs n'en n'a assez pour se payer le droit d'entrée dans ses fichues écoles de pilotage. Et pourtant , je suis obligée d'en passer par là.
S'il y a une solution, je la trouverais.
Quand j'y pense... c'est à hurler de rire en définitive... je suis folle de rage. et c'est en partie à cet halluciné de kgb que je dois la découverte de la vaste farce que me réservait l'ironie du destin... Le prof m'a collé des mondes à portée de mains et j'ai les bras trop courts, mes parents le porte-crédits trop vide...!
Je me rappellerai toujours ce matin où il a fièrement exhibé un objet antédiluvien. Une casquette VHS - je crois qu'on dit comme ça - un bloc mémoire du temps de la Terre. On pouvait y stocker un film (un seul ! et pas un holo...). Il était excité comme jamais en connectant une armée de fils au tableau tout en nous assurant que nous allions vivre un grand moment (sur ce coup-là, il n'avait pas tord, mais je suis sûre qu'il n'imaginait pas à quel point !).
Une image de mauvaise qualité apparut soudain sur le tableau. Au début, je ne comprenais pas ce que je voyais... puis l'étrangeté de la situation m'est apparue... l'image était en deux dimensions ! plate quoi. C'est très bizarre comme sensation ! C'était, nous avait-il dit, ce que dans l'ancien temps on appelait un feuilleton. Son titre : Star Treck. Une histoire d'aventuriers futuristes (!) dont les péripéties se déroulaient sur des mondes inconnus. Les héros voyageaient à bord d'un vaisseau spatial, l'Enterprise. Le Capitaine Kirk dirigeant les opérations.
J'ai failli tomber de ma chaise lorsque la lumière se fit dans ma tête... Le capitaine Kirk, l'Enterprise. L'enterprise, le capitaine Kirk. Entreprise Kirk, Kirk Enterprise...
Nom d'une supernova ! c'est pas possible ! J'ai cru rêver ! je regardais un mec qui s'appelle Kirk, Capitaine d'un vaisseau qui s'appelle l'Enterprise... Ah Ah Ah ! je me retiens de pleurer...
Moi qui suis clouée au sol pour le reste de ma vie, comme un poireau dans son sillon, je m'appelle Kina Kirk, et mon père est laveur de vitre... dans la Kirk Enterprise...
KGB, ce matin à la première heure, nous a relancé avec sa marotte à la mords moi le noeud... Sa marotte SF bien entendu... Son rêve à lui, son rêve chéri. Celui qu'il mijote depuis des lustres, et qui tombe toujours à l'eau comme une enclume à la fin de l'année scolaire. Nous faire monter sur les planches, nous faire jouer RUR de Karel Capek. Il a confectionné lui-même nos habits d'époque sur sa Singer à pédale d'antan. Des textilodroïdes pourraient se taper le boulot version speedy gonzales. Non, Mister Nostalgie idolâtre un passé déchu et besogne sur son pachyderme de fonte...! R.U.R. ! Tu parles d'un défi à la lune...! Du vrai tissu, du lin, du coton et de la laine qu'il fait, parait-il, venir du fin fond de la galaxie. Cà lui ruine le porte-crédits, mais il compense comme modérateur rémunéré sur un forum du Galaxweb.
D'un côté une pièce de théâtre publiée en 1920 (une paille...!) et mise en scène en 1921. De l'autre un tchèque né en 1890. Un machin vieux d'une éternité... né au cours d'un autre siècle et sur un monde qui n'existe même plus...! Le mot robot y apparaît pour la première fois. Ben voyons...! On s'en tamponne le coquillard...! Maintenant, en 2125, les robots y sont partout... et ne portent même plus ce nom : on les appelle les Asimovites, va savoir pourquoi...!
Mais l'ancêtre insiste, persiste et signe. Têtu comme une mule de Phobos IV qu'il est le KGB 007...! Chacun prend un rôle, lance ses tirades d'un ton monocorde. Et moi je m'endors au fond de la classe, le dos bien calé contre le radiateur antigravifique près de la fenêtre...
Mais l'homme et sa passion font des ravages. Et sa SF d'antiquaire je l'aime bien... finalement...! Son Bradbury et ses «chroniques Martiennes» d'antan, c'est du nectar pur miel. Quand il en parle de l'age d'or de la science-fiction son esprit part quelquefois total à l'ouest et il en revient, béat et la langue traînant dans la poussière, frissonnant de plaisir...! Il en a plein la bouche, le Père CIA, quand il récite le nez collé au plafond, les pupilles pleines d'étoiles et les bras levés battant l'air comme les pales d'un hélicoliptère :
«Dans des bateaux bleus et légers,... des formes violettes, des hommes masqués, des hommes aux visages d'argent, avec des yeux d'étoiles bleues, des oreilles sculptées d'or, des joues d'étain et des lèvres serties de rubis, des hommes aux bras croisés, des Martiens»
PUTAIN QUE C'EST BEAU...!
Tout çà me fait rêver...
Je reviens à ces deux Classiques Bordas sur la table devant moi...! «Les chroniques martiennes» et «L'Encyclopédie Martienne», tous deux inestimables cadeaux de KGB...! Du papier, du beau, du comme on en fait plus, du qui sent l'encre d'imprimerie...! L'un recèle la beauté des nouvelles de Bradbury, l'autre la prose rationnelle, la vulgarisation de géologie martienne. Les deux livres sont côte à côte. Du premier à gauche je vois la couverture, du second à droite la 4.
Je souhaiterais que la poésie de l'un s'unisse à la réalité de l'autre...! Curieux mariage que celui-ci...! Deux mondes antagonistes s'offrant l'un à l'autre. Ils peuvent s'apporter, s'enrichir mutuellement... ou se haïr...! Des amants qui s'étreignent, qui puisent chez l'un ce qui manque chez l'autre...! Stop stop Kina...! Où vas-tu comme çà...!
Devenir astropilote est hors de portée...! C'est une illusion...! Je ne pousserai jamais les manettes neuropsychiques d'un astronef...! Je ne concrétiserai jamais ce rêve-là...! Mais mon esprit, mes mains peuvent concrétiser celui de ces deux livres qui ne pensent qu'à s'embrasser...!
Mon esprit se brouille, bascule dans l'au-delà des songes éveillés, dans l'univers des actes irrationnels...!
Plus rien n'existe que ces deux livres qu'il me faut enchevêtrer, incruster l'un dans l'autre, page à page...! La dernière feuille du premier, glissée jusqu'au plus loin entre les deux dernières du second et ainsi de suite. Mes mains, peu à peu habiles à cet exercice, entreprennent un gracieux ballet au-dessus des deux volumes. Je me surprends à imaginer chaque doigt revêtu d'un tutu de petit rat de l'opéra. Ils oeuvrent en rythme jusqu'à ce que deux moitiés s'encastrent l'une dans l'autre. Ce qui reste à traiter ressemble à un château de cartes à démonter où chaque élément est en attente d'horizontalité. Les feuilles s'imbriquent en une étrange copulation. L'imaginaire et la science unis en une étreinte d'épidermes de papier. J'entrevois un mille feuilles pâtissier en pâte de bois où chaque couche est une caresse ou une gifle...!
Je contemple mon oeuvre. Je me lève, m'accroupis, mes yeux au ras de la table. La construction ressemble de profil à un croissant de papier à la partie centrale enflée et aux extrémités effilées. Je suis ravie, les anges m'ont prêté une paire d'ailes propice à la lévitation en apesanteur...
Du bout de l'index je fais pivoter ma création d'un quart de tour. Mon imagination en fait un monde perdu dans l'océan de ténèbres du vide. Les grains de poussière sur la table deviennent une ceinture anarchique d'astéroïdes. Je fais lentement glisser une vieille gomme magnétique noircie en orbite elliptique autour des deux livres enchevêtrés. Elle prend la forme d'une lune oblongue qui trace son sillage éternel et repousse les débris cosmiques de part et d'autre... Une lune... non, La Lune, le satellite naturel de la Vieille Terre...!
Je cherche le petit cube-mémoire métallique aux tréfonds de ma trousse et le pose sur la table. Je ne sais pas où se trouve le Soleil mais ses rayons éclatent en reflets irisés sur les flancs chromés de la station orbitale. Vite, une neurofeuille que je déchire sur la table en une multitude de fragments légers comme des plumes...! Ils ressemblent aux voiles des vaisseaux terriens qui essaimèrent tant de colons sur tant de mondes. Je cherche Mars...! Mon regard s'éloigne peu à peu de ma Lune, parcourt la surface noire de la table en spirales de plus en plus larges, tombe sur le rebord. Pourquoi l'univers est-il devenu subitement plat... ? Le monde des Chroniques devrait être là, à la verticale du carrelage... Il faut qu'il y soit...! J'approche le fragile cube-mémoire pédagogique de l'emplacement supposé, le pose sur le vide...! Une déflagration : l'écho lointain de l'explosion d'une super-nova.
Une main frôle mon épaule. Je lève la tête. Le brouillard onirique s'évapore en lentes écharpes brumeuses. Le rêve se disloque, la réalité reprend ses droits. Je reconstruis peu à peu cette haute silhouette qui se dresse devant moi. KGB au regard ironique et dur se vrillant dans le mien. KGB à la voix mielleuse et sarcastique tombée du ciel, effleurant mes tympans.
«Mademoiselle Kirk daigneriez-vous nous accorder un soupçon de votre temps si précieux...?»
Mes mains tirent de droite et de gauche pour décoller, désemboiter les deux volumes. Rien n'y fait...! L'amalgame littéraire crée par mon imagination ne veut pas réintégrer la réalité, n'accepte pas la séparation. Deux saletés de Caniclebs de Gaynymède en pleine rue, en plein rut. T'as beau tirer sur les laisses, faut attendre...! Coït interrompus impossible...!
Zomver, le pitre génial de la classe, profite du tohubohu général pour monter sur une chaise, gesticuler et réclamer qu'on me tape sur la tête. Stealrige, satisfait de l'effet produit par les pilules qu'il m'a fait ingurgiter avant le cours, rit sous cape. Touko annonce à la cantonade que c'est encore plus drôle que Star Wars. Stzf affirme qu'il y a là matière à un scénario de bande dessinée. Olivier, ému, écrase une larme... de rire...
Je voudrais me faire toute petite, disparaître comme une bulle de savon qui éclate. Je souhaiterais me glisser dans une faille temporelle, débarquer sur une «autre terre» où je ne n'ai jamais fait cette putain de connerie là...! Mes mains tremblent, froissent les pages, écornent les couvertures, déchiquètent le portrait de Bradbury en quatrième de couverture. Une chose informe naît sur la table, à l'image d'une fleur de neuro-papier échevelée... Ces deux livres je voudrais les manger et qu'on n'en parle plus. Le R.U.R . du père Capek je jure de l'apprendre par coeur, de tenir tous les rôles, de broder tous les costumes...! Pourvu que cessent cette honte et cette colère qui lentement montent en moi.
J'aperçois le visage désespéré de Ione, la tête entre les mains, qui a l'air de me dire «C'est bien fait, démerde-toi, je ne peux rien pour toi...!»
Et Lacroute, deux rangs plus loin, ravi de l'aventure, poétise. L'événement sera une fois de plus un sujet croustillant à mettre en images. Il a même sorti sa précieuse nano-holo-caméra pour immortaliser la scène...
Et ce bourreau de KGB qui ne me laisse aucun répit sous les rires et les sarcasmes de mes camarades qui commencent à retentir, sous leurs regards amusés et narquois.
«Mademoiselle... Passez au tableau et prenez donc un rôle...!»
Et sous l'hilarité générale, rouge de honte et de colère, je remonte l'allée centrale, tenant à bout de bras un oiseau de papier mazouté qui pend jusqu'au sol. Ses ailes ébouriffées et bruissantes sont constellées de taches d'encre de Chine noire... |
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