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RE : J'ai déjà vu cette illustration quleque part n° ?
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30/04/2012 à 05h27
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J'ai Lu a surtout bêtement repris une peinture de Frank Frazetta intitulée "Death Dealer" qui n'a rien à voir avec Conan. À l'origine, c'est une illustration pour une anthologie de fantasy, puis Mollly Hatchet l'a réutilisé, et ensuite J'ai lu. Pour celles et ceux que le sujet intéresse, je recopie ici quelques passages (que j'avais déjà cité sur un autre forum il y a plusieurs années) de l'art-book "Frank Frazetta - Le Maître du Fantasy Art" d'Arnie & Cathy Fenner aux éditions Evergreen :
Le Pourvoyeur de Mort
Publié à l'origine pour servir de couverture à une médiocre anthologie de récits d'heroic fantasy, le "Pourvoyeur de Mort" de Frazetta a trouvé un écho auprès de son public et est rapidement devenu l'une de ses œuvres les plus renommées. Le tourbillon de fumée et les flammes, à gauche, et le vautour caractéristique à droite, offrent un cadre mouvant à sa représentation immobile personnifiant la guerre. Le rendu incroyablement soigné de l'armure et des diverses pièces métalliques ont amené les fans de Frazetta à penser qu'il avait consacré beaucoup plus de temps que de coutume à cette peinture. Mais, comme pour la plupart de ses œuvres les plus mémorables, il a achevé le "Pourvoyeur de Mort" en à peine plus d'une journée. « Si je veux saisir l'émotion et la spontanéité de l'image que j'ai en tête, je dois le faire dans un grand jaillissement d'énergie et le faire vite ! Si vous pouviez me voir travailler à grands traits à partir de zéro, vous verriez que je prends du plaisir à matérialiser une idée en couleurs juste devant mes yeux. Vers la fin, quand la peinture est faite, disons à 85%, qu'il faut polir, fignoler les détails, cela ralentit le processus - cette partie du travail me divertit moins. »
[...]
La popularité du "Pourvoyeur de Mort" original a donné l'idée d'écrire une série en livre de poche mettant en scène le personnage. « Nous avons contacté des tas d'auteurs et j'en ai viré un grand nombre parce qu'ils ne comprenaient pas ce que je cherchais. Ce personnage est hors du commun et difficile à appréhender. Death Dealer n'est pas un barbare, il n'a rien de noble... bon Dieu ! je sais à peine à quoi il ressemble. Et il a été difficile de trouver un écrivain capable de transcrire cette sensation en mots. Mais on l'avait juste conçu comme un divertissement et, si ce n'est que ça, j'ai réalisé quelques peintures sacrément chouettes. »
Tor Books a publié quatre aventures du Death Dealer à la fin des années quatre-vingt, toutes écrites par James Silke. Alors que les fans adoraient les nouvelles couvertures de Frank, les goûts dans le domaine de la fiction avaient changé et la série n'a jamais vraiment fasciné les lecteurs.
[...]
Déçu que l'on n'ait pas reconnu ses propres mérites et que ses œuvres aient rapporté beaucoup d'argent à d'autres, Frazetta espérait que son "Pourvoyeur de Mort" se transformerait en un filon profitable, comme Conan. « Je veux travailler ce personnage "à mort", si vous me pardonnez le jeu de mots. Je pense que le problème est que je suis un artiste, pas un écrivain, et qu'aucun de ces types ne peux entrer dans ma tête et voir ce que je vois. Death Dealer est un personnage étrange, il vit dans un univers étrange, et si quelqu'un est un jour capable de mettre par écrit les idées qui me trottent dans ma tête, attention ! »
[...]
Le musicien rock Glenn Danzig a contacté Frazetta avec l'idée de reprendre son "Pourvoyeur de Mort" dans une série de bande dessinée. « C'était un de mes fans depuis des années. Il est venu voir le musée et Ellie l'a invité à la maison. Il a acheté des œuvres originales de temps en temps et il a commencé à me courtiser pour que je fasse ça. Il m'a affirmé que cela pourrait rapporter beaucoup d'argent, et donc je me suis laissé convaincre. J'ai accepté qu'il se serve de mes couvertures, mais pas de réaliser les pages internes. Glenn avait déjà des projets de film, et patati et patata. »
Écrit par Danzig et illustré d'abord par Simon Bisley, puis par Liam Sharp, Death Dealer est une horrible bande dessinée pour adolescents, pleine de sexe et de violence. Se délectant à la représentation de membres sectionnés, de sang jaillissant à flot et de femmes nues soumises, l'interprétation de Verotik a totalement méconnu l'œuvre, l'intention et le personnage de Frazetta. Danzig et ses artistes ont réagi personnellement et viscéralement en fonction de leur matériel habituel, en négligeant complétement l'esprit sous-jacent derrière le travail de Frank.
« Parfois je me demande ce que les gens voient réellement quand ils regardent mes œuvres. Je veux dire, je sais que j'exagère mes personnages pour accentuer l'effet, je les fais se mouvoir comme ils ne pourraient pas le faire normalement, je pousse un peu les choses pour accroître l'émotion. Mais je peux aussi renoncer à l'exagération et vous faire encore croire à la réalité de la scène, parce que je sais dessiner. Je connais l'anatomie. Je sais comment les vrais êtres humains et les vrais animaux se déplacent vraiment dans la réalité. Mais ces types qui essaient de "faire du Frazetta", bon sang ! Des bras et des jambes gros comme des troncs ; du sang et des boyaux partout ! Ce n'est pas ça que je fais. Mes personnages sont musclés, mais pour l'amour du ciel, ils ne sont pas ridicules. Et malgré la violence présente dans ma peinture, je veux avant tout que les gens la regardent et disent "C'est beau !" et qu'ils oublient la situation. Je veux qu'ils la regardent pour la pure beauté, la symétrie, la beauté des formes, des couleurs et du rythme, et qu'ils ne voient rien d'autre. Ils ne pensent pas au fait qu'il s'agit d'une scène de bataille. C'est le goût qui sépare les hommes mûrs des gamins. Ces gamins dessinent les personnages super éméchés de la Marvel en train de se tailler réciproquement en pièces, ils vous mettent le nez dans le sang, et ils prétendent que c'est ainsi que je le ferais. Ils ont tort. »
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Burne Hoghart [1911-1996], l'un des fondateurs de l'École de l'Art Visuel et le dessinateur de Tarzan, la légendaire bande dessinée publiée dans les journaux, a toujours cherché le symbolisme caché dans la peinture de Frazetta. Étant paradoxalement un athée profondément tournée vers la spiritualité, Hogarth pensait que les scènes de bataille barbares aux arrière-plans d'incendies et de nuages de fumée trahissaient la réaction de Frank face aux possibilités cauchemardesques d'une apocalypse nucléaire. « Bon, il pouvait bien dire ce qu'il voulait ! » dit Frank en riant, « Burne était vraiment quelqu'un de remarquable et c'était un brillant causeur, mais, bon sang, il pensait vraiment trop ! »
Frazetta a déclaré à plusieurs reprises qu'il se considère lui-même comme un amuseur, que ses dessins et ses peintures sont ses "chansons". Qu'il y ait un message social ou politique dans son œuvre, que les panneaux du "Pourvoyeur de Mort" soient des symboles de l'inévitable autodestruction de l'humanité, il en est le premier étonné.
Toute véritable œuvre d'art s'offre à un grand nombre d'interprétations. Tentez de définir précisément les plus belles œuvres de Frazetta d'une façon ou d'une autre, c'est aussi tenter hypocritement de restreindre leur contenu émotionnel. On ne peut envisager uniquement et correctement le "Pourvoyeur de Mort" que par rapport à son titre. Mais on peut également chercher la signification subconsciente du tableau et le réinterpréter à travers chaque hypothèse de ce genre. Est-ce, comme Hoghart l'a soutenu, une vision de brutalité innée de l'homme et de sa courbe ultime vers l'autodestruction ? Ou est-ce, de façon beaucoup plus personnelle, une manifestation symbolique des réactions de l'artiste face aux frustrations de la vie quotidienne ? Les peintures représentant le "Pourvoyeur de Mort" ne sont-elles rien d'autre que des images bien faites de bande dessinées ou sont-elles des aspects d'expressions personnelles et brutales de l'effort créatif de l'artiste ? Quelle que soit la réponse, c'est au spectateur de décider.
Parce que Frazetta ne s'exprime pas à ce sujet.
Couverture du numéro 2 de Flashing Swords édité par Lin Carter, Dell Books [New York, 1973].
Couverture de Death Dealer : Prisoner Of The Horned Helmet de James Silke, Tor Books [New York, 1988].
Couverture de Death Dealer II : Lords Of Destruction de James Silke, Tor Books [New York, 1989].
Couverture de Death Dealer III : Tooth And Claw de James Silke, Tor Books [New York, 1989].
Couverture de Death Dealer IV : Plague of Knives de James Silke, Tor Books [New York, 1989].
Couverture de Death Dealer, Verotik [numéro 3, 1996].
(les images proviennent toutes de The Unnoficial Frank Frazetta Fantasy Art Gallery)
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dernière édition : 30/04/2012 à 05h29
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