Âmes sœurs et faux frères

Des auteurs qui bien qu’issus d’environnements parfois très éloignés vous semblent, au détour de quelques textes ou tout au long d’une œuvre, témoigner d’une certaine communion de pensées, dont les personnages pourraient être compagnons (d’aventures ou d’infortune), dont les histoires vous procurent tout subjectivement les mêmes effets…

D’autres qui de prime abord vous paraissent deux oiseaux éclos d’une même couvée, mais qui à y écouter de plus près ne sifflent pas souvent les mêmes notes…

À l’origine de ce fil, lacroute s’interrogeant sur une parenté possible entre un de ces auteurs fétiches et un des miens : Pierre Pelot et Lucius Shepard…

Ne connaissant que fort peu les mœurs du barbu des Vosges, je me suis penché sur le dossier que la revue Bifrost vient de lui consacrer (un trop bref entretien, deux beaux panoramas – général puis polardeux – mitonnés avec amour par Mrs Ecken puis Leuleu , etc.) ; et ce qui m’apparaît en premier lieu, ce sont de grandes différences, dans la vie des hommes comme dans la production des auteurs…

Pourtant, je gage que, fondamentalement, quelques choses les rassemblent – des personnages, si humains ; des coups de gueules, si francs ?

À confirmer en m’aventurant dans la forêt de livres que forme l’œuvre de Pelot…

Merci Jim pour l'amorce et surtout pour l'avoir décentrée de son axe Pelot/Shepard intitial et l'avoir élargie à des mariages au final plus potentiellement probables.
Oui, en y repensant de plus près les deux hommes, les deux écrivains sont dissemblables.
Mais..
Ce à quoi se rajoute, particulièrement palpable dans "C'est ainsi que les hommes vivent" l'envie d'une prose travaillée, soignée, aux longues phrases sans fin. Itou chez Shepard. Mais ce n'est pas toujours le cas chez Pelot: l'écriture sait aussi se faire rapide.

		Citation : des personnages, si humains ; des coups de gueules, si francs ?

J'ajouterai, concernant Pelot que je connais mieux, que l'humanité palpable de ses héros suinte de celle de l'auteur qui transpire si fort entre ses mots. Quant aux coups de gueule c'est une marque de fabrique, aurait t'il seulement écrit s'il n'avait pu s'en libérer.

Je repense au thème commun des tapis roulants express chez Heinlein (les routes doivent rouler) et Asimov (les cavernes d'acier) qui, je pense, viens d'une discussion commune, donc je ne sais pas si on peu considérer cela comme "les grands esprits se rencontrent" mais plutôt comme "les grands esprits exploitent une idée commune", et c'est très amusant de voir comment ces grands esprits ont déroulé les tapis dans leurs récits.

Dick et Priest, l'un versé dans la paranoïa, l'autre dans la schizophrénie.
Ils ont tous deux essayé le post-apo (Dr. Bloodmoney et Notre île sombre).
Différence de taille : les nouvelles. Autant Dick était prolixe, autant Priest est assez rare.

		Citation : Dick et Priest, l'un versé dans la paranoïa, l'autre dans la schizophrénie.

..pour deux rendus de perception de la réalité aussi différents, passionnants et envoûtants l'un que l'autre.
Différence néanmoins: Priest me semble avoir la prose plus travaillée, recherchée, aboutie alors que Dick fragilise un tantinet pour un rendu moins finalisé.

Je pense que l'on peut aussi rapprocher Sladek et Disch.
Les deux ont un sacré sens de l'humour, souvent très noir (la fin de Génocides), une vision assez pessimiste et un art de jouer sur l'angoisse, qui peut parfois les rapprocher de Matheson.

		Citation : Différence néanmoins: Priest me semble avoir la prose plus travaillée, recherchée, aboutie alors que Dick fragilise un tantinet pour un rendu moins finalisé.

Il est vrai que Dick a parfois bâclé des romans, parce qu'il faut bien vivre.
Je trouve aussi comme toi, que l'écriture de Dick est plus spontanée que celle de Priest. De même les constructions parfois ambitieuses de ses romans (je suis encore sur le cul avec La séparation).
Enfin, j'ajouterai qu'il y a chez Dick une dimension plus politique.

Olivier

		Citation : et un art de jouer sur l'angoisse, qui peut parfois les rapprocher de Matheson.

Sur ce terrain là, j'ai longtemps associé, voire confondu, Matheson et Bloch. Effet exponentialisé par les accointances des deux auteurs avec le cinéma. La haie les séparant se trouvant peut-être dans le traitement plus classique que Bloch appliquait à ses écrits..?

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On peut rapprocher F.Brown et S.King.
Comment çà, me demande t'on..?
Tout simplement, la même concision dans l'effort, le même désir d'aller à l'essentiel au plus tôt.
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Maintenant, dans le domaine de la BD, une chose sur le sujet du thread (et pour moitié en rapport direct avec la SF) m'a toujours étonné.
Certains peut-être, par leurs connaissances, pourront apporter réponses à mes questions.
Je me hâte de préciser que le 9ème art n'est pas trop mon truc mais quand même, dans les cas qui suivent les ressemblances/divergences sont si patentes qu'elles sont vraiment troublantes..!
Je veux parler du cas pile/face "Moebius/Giraud" qui nous a présenté deux manières totalement dissemblables tant en graphisme qu'en matière de délivrer une histoire. Et le tout sous les plumes, encres et pinceaux d'un seul homme. Comment être parvenu à concevoir deux univers à ce point dissemblables et surtout réussis..?

Certains auteurs SF ont connu des périodes de changements de cap, mais subsistaient souvent les marques indélébiles de styles reconnaissables entre mille. Alors pour Moebius et Giraud, ce n'est pas possible autrement, ce sont deux êtres différents, non..?

Ps: je suis peut-être aveugle et ne verrai pas une pastèque dans une flaque d'eau..!

Mais mon cher Lacroute, quant tu lèves les yeux, c'est la lune que tu vois

Joli..!
Mais je ne remarque que le bout du doigt qui la montre..!