Quoique finalement...
L’histoire:
Dans un futur qui semble très proche, l’Occident délocalise le traitement de ses déchets et … de ses retraités. Ces derniers, coûtant trop cher, sont en effet incités à s’exiler.
Alors les vieux s’en vont. Qui avec ses bagages Vuiton et sa Rolex, qui avec les photos des petits-enfants, qui avec celle du chien.
Ils partent en train. Ils ont pris un aller simple vers un eldorado pour retraités, quelque part en Chine. Un endroit "très bien" d’après ce que dit la brochure qu’ils consultent pour se rassurer. En fait, surtout un endroit où ils coûteront moins cher...
A peine le train ébranlé, alors que les quais de la gare résonnent encore des recommandations hypocrites de la famille qui reste: "n’oublie pas ta petite laine", "pense à ton Imodium au cas où…", un microcosme se reconstruit déjà dans les compartiments, à l’image exacte de la société que l’on vient de quitter. Normal. Cette société, ce sont ceux qui partent qui l’ont façonnée.
Juste une chose qu’ils n’avaient pas prévue, c’est que ça tournerait comme ça. Alors, on les plaint ? Pas vraiment. Les grands-mères n’ont rien de celles qui font les confitures, les grands-pères n’ont rien de ceux qui racontent de belles histoires en fumant la pipe … Fatuité, égoïsme, suffisance sont le lot de la plupart.
Dans le train, Jonathan, un voyageur blasé, cynique et … pramatique les observe et nous les raconte. Il part aussi pour l’eldorado.
Une conclusion choc attend le lecteur.
Mon avis:
Le thème de la fin de vie n’est pas nouveau en science-fiction. Il y est même traité magistralement. Ce qui est différent ici, c’est que les causes du drame sont déjà palpables aujourd’hui. La vraisemblance n’en est que plus dérangeante.
Ce n’est d’ailleurs pas l’analogie avec certaines œuvres de SF que l’on retiendra - même si elle existe - mais une autre qui, à la lecture, devient évidente.
A l’exception de Jonathan, ancien médecin au passé douteux, les personnages sont sans épaisseur. Ils sont de simples prétextes à évoquer les grandes questions de bioéthique et à nous enlever les quelques illusions qui pourraient nous rester sur la nature humaine.
L’intrigue à bord du train est minimale. Le récit est parsemé de flashes-back qui vont peu à peu permettre de reconstituer le puzzle permettant de comprendre comment "on en est arrivé là".
Ce n’est presque pas un roman qu’on lit, c’est une démonstration implacable visant à prouver la "logique" inéluctable de l’issue qui sera proposée. Un pessimisme total : aucun espoir n’est laissé au lecteur. Jean-Michel
Truong
veut à coup sûr, nous convaincre "que le cauchemar a déjà commencé".L’ écriture est efficace et sans prétention. Des mots simples pour des constats forts. Ca se lit comme un Paris-Match chez le dentiste.
Bref , pas un chef d’œuvre mais un livre d’anticipation digne d’être lu, que l’on referme avec un certain malaise et la pénible impression d’y être peut-être …quand même … un peu … pour quelque chose.