OK, la couverture est laide et peu engageante.
Mais c'est la moins pire, en attendant de voir à quoi ressemblera celle de Folio SF. Dommage d'ailleurs, car il s'agit vraiment d'un bon roman.
Nothing a 15 ans, et vit avec ses parents adoptifs. Il participe à quelques ébats avec ses camarades des deux sexes, mais il s'emmerde plus que tout au fin fond de l’Amérique.
Fan du groupe Lost souls, il décide de tout plaquer pour partir à leur rencontre.
Pris en stop par le trio masculin constitué de Zillah, Molochai et Twig, il ne tarde pas à se rendre compte de leur point commun : il est un vampire comme eux. Mais ce n’est pas tout ! Il va surtout se rendre compte que Zillah, le plus séduisant d'entre eux n’est autre que son père, qui va vite d’ailleurs vite devenir son amant.
Dès ses premières nouvelles (« Les contes de la fée verte »), la sensualité et les drogues apparaissent comme des thèmes récurrents chez Poppy. L'homosexualité et l'amour lui servent ici de toile de fonds, afin de réinventer le mythe du vampire. Débarrassé de l'imagerie gothique et du dandysme, ainsi que de tous les autres attirails (de la chauve-souris aux crucifix en passant par l’ail), les vampires sont ici des êtres immortels. La petite concession à la tradition reste qu'on peut quand même les tuer avec un pieu. Jouisseurs invétérés et amoraux, cruels et violents, ils ne vivent que pour le plaisir de leurs sens, par le sexe, l'alcool (la bénédictine !), les drogues et le sang. Sans prédateur, ils errent dans leur camion à la recherche de proies, qui peuvent aussi être d'occasionnels partenaires. Initiation d'un adolescent qui passe d'abord de l'humanité au vampirisme, puis de l'adolescence à l'âge adulte, le thème de ce premier roman est aussi une métaphore de l'auteur, en route vers la maturité du "Corps exquis".
Comme tout premier roman qui se respecte, il n'est pas exempt de défauts (quelques longueurs), mais il reste quand même relativement maîtrisé, et montre déjà le riche potentiel d'une œuvre future qui gagnera en qualité avec la maturité, tout en conservant cette alchimie subtilement dosée de poésie et de violence. Sans être un coup de maître, ce premier roman reste une œuvre charnière dans l'univers de Poppy, qui a su, avec ses œuvres ultérieures, devenir incontournable pour qui s'intéresse à ce que l'imaginaire peut avoir de plus sulfureux.