L’histoire :
A une nuit comme une autre va succéder un jour pas comme les autres. Le matin de ce même jour qui aurait dû être un jour ordinaire, ici et là, les hommes ont subitement trouvé une idée géniale, résolu un problème, retrouvé ce qu’ils cherchaient depuis longtemps. Et même les animaux se comportent bizarrement : ils semblent mués par une intelligence toute nouvelle. Le monde est à l’aube d’une nouvelle ère, qui devrait être une ère de prospérité puisqu’il se sent habité d’une intelligence hors du commun. Le lapin s’échappe de son piège, l’homme retardé commence à comprendre les choses, le scientifique dans son laboratoire a des idées de technologie avancée. Comment va évoluer le monde dans ces conditions ?…
L’intelligence en question.
Vivrait-on mieux si l’on était plus intelligent ? Tel est le débat que propose Poul
Anderson
dans ce roman.A priori, si l’on pose cette question à tout un chacun, la question serait sûrement oui, encore qu’elle soulèverait quelques interrogations: que veut-on dire par plus intelligent ? Comment quantifier la notion d’intelligence ? Qu’est ce que l’intelligence ?
Poul
Anderson
prend le parti de quantifier l’intelligence par le QI, ce quotient Intellectuel que la majorité du public considère encore comme le meilleur baromètre. Ce QI qui, en moyenne dans la population, est environ de 100, même s’il y a différents QI, est fondé sur une série de tests pour la plupart de logique, de langue et de bon sens.Il existe néanmoins le QE, le quotient Emotionnel qui, d’après les derniers experts (Sociaux ? Psychologiques ?), serait le plus à même de caractériser l’intelligence.
Bref, finalement, l’intelligence est finalement difficile à quantifier dès lors qu’elle est synonyme d’astuce, d’ingéniosité, de logique, de capacité à réagir…
La raison ou le cœur.
Admettons donc le QI comme base. Ainsi donc, que se passerait-il si un individu voyait son QI doubler en quelques heures ? Comment emploierait-il ce regain d’ingéniosité ? Pour faire le bien ? Pour faire le mal ? Car là est vraiment le point du problème.
Anderson
nous montre dans ce roman que finalement, quel que soit ce niveau d’intelligence (quel que soit l’étalon qui le mesure), la nature même du sujet donnerait un sens à cette augmentation de ses capacités, en bien ou en mal.De plus, il nous suggère que ces surcapacités, dans bien des cas, conduiraient les gens à faire table rase des sentiments. L’intelligence rendrait les gens plus froids et distants. Qu’en est-il vraiment ?
Que se passerait-il également si les gens retardés acquérait le niveau d’intelligence d’une personne normale ? Se rendrait-il compte de la façon dont les gens se conduisent avec lui ?
Et si tous les hommes acquéraient cette augmentation, la société exploserait dans un âge d’or, ou bien imploserait dans le chaos ? Que deviendrait la croyance ?
Comme dans ravage, Poul
Anderson
suggère également que le retour à la terre, l’esprit paysan dans le bon sens du terme, serait la chose pour stabiliser une telle civilisation.En bref, un roman court et finalement contemporain qui donne à réfléchir sur le devenir d’une civilisation enfermée dans un développement galopant et qui est, par bien des aspects, la nôtre.
Extraits :
" - Vous ne comprenez donc pas ? demanda le Français. Toutes les gloires du passé de l’homme auront donc été acquises pour rien ? Que lui donnez-vous en échange de splendeurs de l’art et de la création ? Vous l’avez transformé en une machine à calculer. Son âme et son corps se flétrissent au milieu des équations qui composent son monde mental. Avant même qu’il ait trouvé Dieu, allez vous transformer Dieu en conte de bonne femme ?
- […] Mais croyez vous sincèrement que l’homme ne puisse pas bâtir une civilisation nouvelle avec sa propre beauté et ses propres rêves, maintenant qu’elle a émergé du vieux cocon ? "