- Vous comprenez qu’il s’agit d’un travail assez inhabituel, dit Mr Gordon. Et confidentiel. Je pense que vous savez observer un secret ?
- Oui, en temps normal, fit Manse Everard. Cela dépend évidemment de la nature du secret
Mr Gordon sourit. Un sourire bizarre, une courbe serrée des lèvres qui ne ressemblait à rien que connût déjà Everard… "
L’histoire :
Manse Everard est engagé auprès d’une entreprise comme ingénieur. Officiellement. Officieusement, il est engagé par la plus incroyable entreprise qu’il ait connue : celle ci est spécialisée dans le voyage dans le temps. Et son travail va consister à faire partie de la patrouille du temps, soit vérifier qu’aucun voyageur du temps mal intentionné n’est revenu perturber le passé…
Ce roman est un fix-up, soit donc la jonction en un roman de quatre nouvelles. Quatre aventures.
Le voyage dans le temps.
Anderson
ne s’embarque pas dans une justification du voyage dans le temps, rassurez vous, il n’y a pas de détails techniques. On sait juste que le voyage dans le temps a été rendu possible au 200ème siècle et que les gens du futur, les Daneeliens, sont venus dans le passé pour constituer des patrouilleurs astreints à surveiller leurs siècles respectifs.C’est pourquoi Manse Everard est assigné à surveiller le 19ème et le 20ème siècle, dans un premier temps.
Ce roman a été un vrai bonheur à lire, puisqu’on s’affranchit de tout ce qui est technique, et on se plait à suivre les aventures – car il s’agit véritables aventures – imposées, malgré tout à différents problèmes du temps, parfois à des paradoxes temporels. Ceci étant dit,
Anderson
nous expose une théorie différente temporelle, à savoir que " la loi de causalité ou, plus exactement, la loi de conservation de l’énergie, n’implique pas que des fonctions continues. En réalité, la discontinuité est tout à fait possible "Cet axiome étant posé, cela laisse plus de possibilité pour l’auteur et ses personnages de nager dans le temps. En effet, beaucoup moins de contraintes où un personnage peut se rencontrer lui-même ou se croiser sans danger majeur pour le temps. Ici, le paradoxe temporel où l’on élimine son père avant sa propre naissance vous autorise à exister vous-même, mais il en résulte que vous n’avez pas d’origine et vous risquez de ne plus avoir de temps originel pour vous-même, plus de parent, plus d’attache.
Après avoir lu la machine à explorer le temps et le voyageur imprudent, où Wells et Barjavel ont essentiellement décrit ce qui serait notre futur, plus heureux ou en l’occurrence plus horrible que notre quotidien,
Anderson
nous décrit notre passé.Par le biais d’enquêtes qui m’ont par un certain aspect fait penser aux enquêtes de R. Daneel et son comparse de Asimov, notre héros Everard doit faire preuve d’imagination pour faire échouer les protagonistes dans des périodes différentes comme l’Antiquité, le Moyen-Age ou le 19ème siècle.
Il apparaît même que l’auteur nous décrive une uchronie dans sa dernière nouvelle.
Ce roman est vraiment très plaisant à lire, et n’a pas pris une ride, à ma lecture, même ayant été écrit en 1960.
A lire absolument, pour les amoureux des voyages dans le temps, car c’est le classique et la référence de ce genre.
Extraits :
" L’Académie se situait dans l’ouest de l’Amérique. Elle se situait également à l’ère oligocène, une époque chaude de forêts et de prairies, où les tristes ancêtres de l’homme s’écartaient en trottant de la piste des mammifères géants. Sa construction prenait date un millier d’années auparavant et on la maintiendait encore un demi-million d’années, - écart dans le temps qui suffisait à former autant d’individus qu’il en fallait à la Patrouille – puis on la détruirait soigneusement pour qu’il n’en reste aucune trace. Plus tard viendraient les glaciers, puis il y aurait des hommes et, en l’an 19352 après Jésus Christ (la 7841ème année du Triomphe de Moren) les hommes découvriraient le moyen de voyager dans le temps et iraient dans l’oligocène construire l’Académie "