Sarban, fils de Dagan, vit une enfance paisible dans la ferme familiale jusqu’au jour où un accusateur de passage remarque son intelligence et son esprit vif. La décision de l’accusateur ne se fait pas attendre, Sarban devra rejoindre Babylone afin d’y poursuivre des études en vue d’intégrer l’Ordre des accusateurs en tant que Novice.
Quinze années ont passées et Sarban fait à présent partie des accusateurs. Sa formation très rigoureuse et éprouvante lui a permis de créer des liens d’amitié très forts avec Casdim. Mais elle lui a également attiré une haine farouche de Haraïm de Balaat, fils de la noblesse babylonienne, qui voit d’un mauvais œil qu’un simple paysan ai réussi à obtenir sa place parmi les accusateurs.
La routine quotidienne va bientôt céder la place au chaos. Les présages ne trompent pas. Marduk et Inanna sont fatigués. Les dieux doivent maintenant se reposer. Le Grand Accusateur décide donc de figer le temps et de proclamer le règne de Tiamat. Toutes actions présentes et futurs ne seront plus soumises à la loi. La folie gagne les habitants, le sang des hommes coule dans les ruelles de Babylone.
Au milieu de ce chaos général, Sarban est témoin d’un meurtre qui semble avoir été commandité avant la suspension du temps. Et bien que les circonstances ne s’y prête guère, il décide de mener l’enquête.
Violent et brillant
Xavier Mauméjean, diplômé en philosophie et science des religions, nous offre avec Car je suis légion un thriller à l’époque babylonienne sur fond de croyance religieuse. L’auteur classe son roman tantôt comme une Uchronie, tantôt comme de la Fantasy puisque l’ordre et le chaos s’affrontent sauvagement. Mais est il besoin de trouver une case ou ranger un roman, de lui donner une étiquette à tout prix ? Lorsque l’histoire se suffit à elle-même, lorsqu’elle est si brillamment racontée, nul besoin d’essayer de la faire rentrer dans le carcan étriqué des catégorisations. On la déguste, point.
Encore un épisode de plus dans la grande série des histoires du Bien contre le Mal, diront les plus blasés. Oui, en effet. Mais paradoxalement, Car je suis légion est très loin de tous les stéréotypes du manichéisme basique. C’est la folie des hommes qui est au centre de l’histoire. Leurs capacités à une extrême violence dès lors qu’on leur en donne l’occasion. Et si cette occasion s’appuie sur des croyances religieuses l’effet n’en est que plus dévastateur.
Mais Car je suis légion est aussi un thriller. Et il n’a rien à envier aux classiques du genre. Haletant de bout en bout, ce livre tient toutes ses promesses. Une très belle réussite.