On trouve dans ce roman les thèmes chers à
Vonarburg
:la question prégnante de l'identité et de l'altérité, et de la communication entre les humains, dont la question du genre sexuel n'est qu'une facette. Je suis toujours surprise quand j'entends parler de "féminisme" à propos de ce roman. Certes,
Vonarburg
est une femme qui s'interroge sur le sort des femmes, et sur leurs relations avec les hommes, mais elle est très loin d'un certain féminisme qui serait misandre. Son roman renvoie d'ailleurs dos à dos les tenants féroces de la société patriarcale ("les Harems") et ceux de la société matriarcale ("les Ruches").Le thème de la longévité est aussi très fréquent dans son oeuvre et apparaît dans ce roman, même s'il y est moins central que dans Tyranael.
Le thème enfin des mutations, et/ou des dons spécifiques, de ce qu'ils apportent et enlèvent à ceux qui en sont dotés.
Voici quelques exemples du style :
"...la situation des hommes en général. Et, somme toute, c'est vrai qu'il y a beaucoup de contradictions là-dedans. Si toutes sont également importantes dans la Tapisserie d'Elli, pourquoi les traite-t'on toujours comme s'ils étaient... moins égaux ? [...] Le fait est qu'ils sont vraiment moins nombreux. Mais ce n'est pas un argument logique. Ils étaient moins nombreux au temps des Harems aussi, mais c'étaient les femmes qui n'étaient pas importantes, à ce moment-là. Les Ruches ont retourné cela comme bien d'autres choses. Puisque nous critiquons plusieurs de ces retournements, pourquoi pas celui-là ?"
"nous sommes chacune, chacun, dans notre corps, et même quand les corps sont identiques, les personnes ne le sont pas. A plus forte raison, alors, quand les corps ne sont pas identiques. Et tant mieux : comment pourrions-nous nous toucher les unes les autres et exister quand même, sinon ?