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Lisbei

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La maison au bord de la mer

Elisabeth Vonarburg


La maison au bord de la mer
Illustration : Jacques Lamontagne
Première parution : 2000

 Pour la présente édition :

Editeur : Alire
ISBN : 2-922145-42-5

La critique du livre
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Comme je n'aime pas spécialement les nouvelles, d'habitude, je m'apprivoise au genre avec des auteurs que j'aime. Logique, non ? Et comme j'aime tout spécialement ce recueil, je me suis dit que cela permettrait à certains réfractaires aux sagas habituelles à

Vonarburg

de s'acclimater.

Les 7 nouvelles qui composent ce recueil s'inscrivent dans le même univers, qui pourrait être le nôtre dans quelques (dizaines d')années : le niveau des mers qui monte, et la vie qui recule, sur les rivages, dans les zones polluées et dans les gènes. Pour ceux qui ont lu Chroniques du Pays des Mères, et qui en ont la chronologie en tête, on est là au début du Déclin (et avant l'âge des Cités, pour les rares, s'il y en a, qui ont lu Le silence de la Cité).

Dans Oneïros, l'auteure explore le thème des jumeaux (récurrent dans son oeuvre, on le trouve dans les Chroniques, mais également dans Les rêves de la Mer, le 1er tome de Tyranael), et, partant, de l'identité : comment se différencier, que se passe-t'il quand la différence s'installe. Elle y réfléchit également sur la réalité, bien sûr. En effet, les 2 personnages centraux se trouvent pris dans la toile d'une aventure virtuelle plus dangereuse qu'on ne pourrait le croire. Il y a... un continuum corps-esprit. L'effet placebo existe. On a fait des expériences au XIXe siècle, avec des hystériques sous hypnose. On leur suggérait qu'on leur brûlait la main, leur peau se couvrait de cloques presque instantanément.[...] Il existe en chacun de nous des inhibiteurs de cette rétroaction corps-esprit, sinon ce serait le chaos. Mais dans certains cas, ces inhibiteurs... peuvent être neutralisés. Compte tenu du fonctionnement du simulateur en interaction totale, et sans les mécanismes de sécurité... C'est ce qui se passe. Si on est blessé dans la simulation, on peut parfois l'être réellement.

Dans Band Ohne Ende, ainsi que dans Dans la Fosse, et dans Les dents du dragon, on trouve le thème des métames, qui sont des humains auxquels une mutation permet les changements de forme à volonté. Ils sont censés vivre entre eux (en orbite lagrangienne, quoi que ce puisse être), et ne se transformer et n'intervenir sur Terre que pour des travaux dangereux pour des humains "normaux". Sinon, ils sont diagnostiqués "amok", fous furieux. C'est la règle, et elle est peu questionnée. Pourquoi croyez-vous que des métames deviennent amok ? Vous ne deviendriez pas un peu bizarre, vous aussi, si après vous avoir appris à parler, on vous interdisait de la faire autrement que sur ordre ? Ou plutôt, une comparaison plus exacte, à ne respirer que qur ordre ?
A nouveau le thème de l'identité, bien sûr, décliné sur le mode "qu'est-ce qui fait que je suis moi ?", et la tension entre ce qui est bénéfique et sain pour soi et pour la société. Du plaisir. Pourquoi ne m'est-il jamais réellement venu à l'esprit qu'on peut avoir du plaisir à se transformer ?
On retrouve aussi la question de l'être doué de pouvoir(s) dont tous ne "bénéficient" pas, que l'on retrouvera notamment dans Tyranael. on ne se sert pas d'un don pareil pour faire joujou. Et pourquoi pas ?

Les trois nouvelles suivantes, Janus, La Maison au bord de la mer, et ...Suspends ton vol, sont consacrées aux artefacts, c'est-à-dire à des êtres bio-ingéniérés par des "sculpteurs", qui ont pignon sur rue dans Janus, puis qui en sont réduits à travailler dans la clandestinité, et d'autant plus que leurs "oeuvres" se confondent de + en + avec la "réalité" Une statue de matière synthétique vivante, au comportement physique volontaire et donc aléatoire en dehors des simples réflexes. Une statue capable de réagir à tous les stimuli extérieurs, de parler, de penser en l'absence même de stimuli extérieurs. Un système quasiment dynamique. Ce n'est plus tellement une statue. Ca ressemble beaucoup à un être humain.
Et donc le thème de l'identité, toujours, entrelacé cette fois avec celui de l'humanité, qui sont centraux dans Janus et dans La maison au bord de la mer.

La dernière nouvelle est différente en ce que la statue qu'elle présente, un artefact, a des mouvements limités, tout en ayant une grande latitude de réponses. Ce qui la rapproche des 2 précédentes nouvelles, c'est l'interrogation sous-jacente commune sur une éventuelle "programmation", et ses limites. La statue a été créée pour avoir un rythme rapide le jour, et très lent la nuit, et ne peut entendre et parler qu'à l'aube (moment où elle peut poser des questions ) et au crépuscule (où elle répond aux questions qui lui sont posées).
Le jour, je vais vite, nulle part, mais vite, ne bouge pas, impossible, trop concentrée, ailes déployées, tête levée, yeux dans le soleil, quand il y a.[...] Peau nue : seulement le visage, le torse. Reçoit la lumière, aussi mais moins efficace. Les poils, surtout, boivent le soleil, comme les plumes de mes ailes, millions d'antennes, si vous voulez, conduits, minuscules, bouches avides, langues, mains, millions de doigts, tendus vers la lumière, énergie de partout : je me charge.
Autrefois ; avec bien des hésitations ; en prenant bien des détours ; autour du mot "mourir" ; qui aurait été me reconnaître vivante ; d'une façon qui vous dérangeait ; vous m'avez demandé ; si je savais que je devais finir ; et pourquoi.




"Les Grandes Marées ont déjà considérablement rongé la falaise ; ce n'était d'ailleurs déjà à leur époque qu'un promontoire oblique de quelques centaines de mètres de long, une résurgence de la montagne dont l'échine érodée par l'âge, mais artificiellement consolidée, constitue l'assise de Baïblanca un peu plus au sud. Ils y venaient souvent dans leur enfance, Narval et elle. C'est là qu'il a fait construire sa villa..."

A la pointe d'un Sud, au bord d'une mer, dans un monde posé entre mort et renaissance, se dresse Baïblanca, ville hantée par la montée des eaux, où se côtoient humains métamorphosés, oeuvres d'art vivantes et autres créatures énigmatiques.
Or, est-ce bien une ville ? Ou plusieurs ? Ou alors le point nodal de différents univers, l'attracteur étrange qui leur permet peut-être de communiquer ?

Sept nouvelles d'hier et d'aujourd'hui, sept voyages dans l'espace-temps infiniment flexible d'Élisabeth Vonarburg.


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Elisabeth Vonarburg



Cette critique est signée Lisbei
15 réponses y ont été apportées. Dernier message le 06/06/2006 à 11h31 par Lisbei

Tyranaël   

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Elisabeth Vonarburg



Cette critique est signée Lisbei
10 réponses y ont été apportées. Dernier message le 09/01/2006 à 10h53 par Lisbei

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