Herbert
de commencer à vivre de sa plume.Commençons donc par décortiquer le monument.
Un univers riche et particulièrement réussi
Bien plus qu’un planet opera, Dune est un univers.
Herbert
a pensé son univers jusque dans les moindres détails, ainsi qu’en témoigne le glossaire en fin de volume.Les patronymes, bon nombre de mots, ainsi que l’environnement désertique évoquent l’Orient arabe, ses déserts et ses bédouins, ainsi que ses fabuleuses richesses pétrolières.
Le roman m’a également rappelé la Renaissance, notamment les guerres entre les cités du nord de l’Italie actuelle. En lieu et place des cités-Etats, et leurs familles régnantes (Florence et les Médicis), nous trouvons ici plusieurs grandes familles, avec titres de noblesses à l’avenant. La structure de l’économie rappelle également la Renaissance : le commerce est relativement développé, la banque et les transports de marchandise jouent un rôle important, et tout est géré par un conglomérat qui n’est finalement qu’une entente entre grandes familles, qui ont trop à perdre dans une guerre ouverte.
La société a connu une régression technologique suite au Jihad butlerien, qui a vu la destruction des ordinateurs. Ils sont remplacés par des humains triés sur le volet. La religion, et ses intrications politiques, sont un autre point important de Dune, qui peuvent évoquer aussi bien l’Orient que la Renaissance.
Politique, religion, économie, mais aussi écologie. C’est à l’homme de s’adapter à un environnement impitoyable. Il faut en effet vivre en effet sur une planète désertique, qui recèle l’Epice, carburant des voyages stellaires, mais où l’on doit recycler toute l’eau que sue et excrète le corps pour ne pas mourir de soif.
Cette partie du roman est incontestablement ce qu’il y a de plus réussi.
L’univers est particulièrement dense et imaginatif, riche et fertile.
Herbert
a accompli un travail exemplaire, qui aurait pu faire de son livre un chef-d’oeuvre.Une intrigue simple
Herbert
a réussi à trouver un équilibre entre la profondeur de l’univers et la simplicité du reste. Sans cela, Dune aurait été une oeuvre indigeste, d’une trop grande complexité.L’intrigue est très simple : une famille veut en renverser une autre, et faire main basse sur Dune, avec un Empereur qui veut tirer les marrons du feu. La tentative d’assassinat de Paul est à cet égard exemplaire. Il est dans une chambre de son vaste palais (clin d’oeil au passé), les lampes sont en suspension et ne reposent sur rien (clin d’oeil futuriste), et c’est un petit robot, caché dans le décor, qui va tenter de le piquer avec du poison. Nous avons ici une parfaite fusion entre le passé (le meurtre par le poison et les goûteurs) et le futur, avec ce robot.
Des personnages simplistes
Bon bah sans surprise, les méchants sont vraiment très méchants, et les gentils le sont vraiment. Ne cherchez pas ici d’ambivalence, de retournement, ou quoi que ce soit. Si certains personnages peuvent paraitre troubles ou jouer un double jeu, nous restons dans un manichéisme des plus classiques. C’est là le premier point faible du livre, mais pas le principal.
Au secours !
Car le vrai problème de Dune, c’est sa longueur. Dune est long, trrrrèèèès long, beaucoup trop long. Avec son premier roman, pourtant court,
Herbert
avait réussi à faire beaucoup trop long et à se perdre dans les détails. Ici, c’est dans les sables de Dune qu’il embourbe son lecteur.Si la première partie est une réussite ébouriffante, le roman finit par s’enliser lorsque Paul et sa mère sont dans le désert.
C’est long, beaucoup trop long, et on s’y emmerde ferme. A cent sous de l’heure. On continue en se disant que ce n’est finalement q’une petit passage à vide, mais non.
Herbert
ne sait pas s’arrêter. Il continue à diluer son intrigue, et finit par ennuyer puis perdre son lecteur.Loupé, mais…
Herbert
a eu les yeux plus gros que le ventre, et il lui a manqué un éditeur pour élaguer ce roman, qui méritait amplement de l’être.S’il a d’indéniables qualités, elles ne suffisent malheureusement pas à faire tenir le tout sur la longueur, sur les longueurs. Peu à peu, l’ennui engourdit la lecture, jusqu’à étouffer tout plaisir. Dune retombe donc comme un soufflé. Dune est pour moi un ratage, mais un ratage qui ne manque surtout pas de panache. Il y a beaucoup de choses à sauver, à commencer par l’univers mis en place. Mais cela ne suffit pas à contrebalancer les défauts. Dune n’est donc pas une déception, mais un enthousiasme déçu, et même une véritable frustration. Le livre aurait pu être un chef-d’oeuvre, ce qu’est assurément sa première partie. Malheureusement,
Herbert
ne tient pas la distance, et se sent obligé de tartiner à tort et à travers, d’en rajouter tant et plus, et finit par écoeurer le lecteur. D’ennui en lassitude, le livre s’achemine vers l’abattement du plaisir de lecture, tandis que le lecteur, à l’instar de Paul et sa mère, s’enlise dans les sables du désert et de l’ennui.Dune avait beaucoup de chose pour lui, et en lieu et place du chef-d’oeuvre littéraire, nous avons un chef-d’oeuvre de gâchis, qui ne manque pas de talent ni de panache, mais de concision.