Certains textes m'ont fait penser à l'univers développé par John Varley, de par l'essaimage d'humains plus ou moins modifiés à travers le système solaire, de par la présence de clones, et d'intelligences artificielles. Si l'univers développé par Sylvie
Denis
évoque un monde gagné par la technologie, la nature y est aussi très présente, pas seulement dans des réalités virtuelles, avec notamment la nouvelle Cap Tchernobyl. Tout en mettant en exergue la médiocrité de la vie humaine dans laquelle l'homme a tendance à s'engluer, par inertie, par facilité, elle représente, sous les traits d'adultes en devenir, ce moment de flottement où le choix semble possible entre une vie où les rêves atteignent les étoiles, et une vie repliée sur un espace et des rêves amoindris (Si Thebaldus rêve...). Plusieurs des textes se déroulant sur Terre évoquent fugacement que les projets de colonisation du système solaire, du voyage dans l'espace, ont été abandonnés, remisés au placard de l'enfance."C'était une vie banale, mais il n'y avait, dans tout cela, que peu de choses dont il avait vraiment honte. Sinon une, qu'il partageait avec pratiquement tous ceux de sa génération : avoir eu le tort de se contenter de ce qu'il avait, avoir vécu une vie qui n'était peut-être pas tout à fait médiocre, mais qui n'avait rien de grand."
De nouvelle en nouvelle, le personnage d'adulescent, tantôt masculin, tantôt féminin, forme un écho, écho qui disparaît avec les trois derniers textes du recueil, plus "aventures galactiques" s'agissant de Magma-plasma et Paradigme party, plus lancinant avec Nirvana, mode d'emploi - dans lequel le repli s'effectue non pas sur un groupe ou un territoire, mais dans un souvenir.
Les deux tentations, tensions, soutendent chacune des nouvelles, à l'image des amants tiraillés dans des directions opposées de La Ballade du singe seul : l'aventure ou le jardinage candide, sauf qu'avant de prendre binette et râteau, Candide a exploré au-delà des barrières de son lopin de terre.