Le rythme et la construction du roman de Pierre
Bordage
est basé sur le mouvement d'une vague. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai ressenti.Il nous entraîne dès le début vers les profondeurs abyssales promises dans le titre pour "culminer" ou plus exactement s'enfoncer au plus profond de l'horreur. Un déchaînement de violences, de souffrances, les pires abjections dont l'homme est capable jusqu'à la nausée. Puis une douce remontée vers la lumière salvatrice s'amorce dans les derniers chapitres.
Un roman dur, noir, éprouvant que j'ai failli abandonner à maintes reprises. C'est la première fois que j'ai du mal à soutenir tant de violence et de bêtise humaine. Mais j'ai bien fait de continuer ma lecture. Toute cette violence n'est heureusement pas gratuite puisque l'espoir est toujours là. Il est en chacun de nous. Contrairement à ce que l'on a tendance à croire (moi la première), nous avons un "pouvoir" sur nos vies. Nous avons beau n'être que des gouttes dans l'océan, chaque goutte fait partie intégrante de ce monde et une seule a le pouvoir de faire déborder l'océan.
Le plus fort message que j'ai retenu de ce roman que je n'espère pas prophétique est que nous sommes prisonnier de nos peurs. Des plus banales aux plus complexes. Peur d'avoir faim, peur de souffrir, peur de manquer, peur de la solitude, peur de l'avenir, peur du passé, peur des autres, peur de l'inconnu. Si un jour nous parvenons à nous libérer de ces carcans psychologiques, nous pourrons certainement avancer sur la crête de la vague en harmonie avec la Vie en profitant et en jouissant pleinement de chaque instant.
Oui, message philosophique, abstrait ou stérile diront certains mais pourtant tellement vrai.
Autre message auquel j'adhère totalement, rien n'est tout blanc ou tout noir. En chaque monstre se cache une "faiblesse", une faille, une souffrance, une humanité.
On trouve déjà ce message dans l'Evangile du Serpent. Un hymne au détachement, une façon de voir la vie différemment.