WAGNER
en pleine forme, question délire (et il faut dire qu'en la matière, l'auteur sait exceller), supposition confirmée par la 4e couverture, qui évoque le nom de Fredric BROWN.Si la référence à "Martiens, go home !" est évidente, autant dire tout de suite que le livre est loin de s'y limiter, et heureusement. On y parle aussi uchronie (il faut dire que Jello BIAFFRA gouverneur de la Californie reste -hélas- du domaine de l'uchronie), physique quantique et drogues sur fond de rock et de martien lubrique, avec en sus un petit hommage à Jimmy GUIEU (1), que je laisse à chacun le soin de découvrir. Ainsi que de nombreux et joyeux pastiches placés sous le signe de Mars, via les citations qui ouvrent la plupart des chapitres.
Mais commençons par le commencement : une sonde US a photographié en 1967 un petit homme vert tirant la langue. La vie existe donc sur Mars ! Dès lors va se développer à travers le monde un mouvement assez proche des hippies, les Verts, qui vénèrent le martien, refusent la violence et la société de consommation, mais acceptent sans problème l'amour libre. Ce qui n'est d'ailleurs pas pour déplaire à l'ambassadeur de Mars, qui en profite allègrement, en bête de sexe qu'il est, pour s'envoyer en l'air en compagnie de plusieurs représentantes de la gente féminine. Oui mais voilà, il se trouve que l'ambassadeur est victime d'un enlèvement, tandis qu'un agent secret français était sur ses traces, dans une communauté verte. On pense au KGB, services secrets d'une URSS en voie de semi-démocratisation, sous la férule de GORBATCHEV, prise entre l'héritage du passé totalitaire et la volonté de démocratisation pour l'ancrer en Europe. Car il faut bien le dire, les USA ne sont pas au mieux. Le fils d'un ancien président, devenu lui-même président, Petit Buisson, a un peu tendance à se conduire en fasciste, et n'est vraiment pas à un coup tordu ou à un conflit prêt. Plusieurs Etats ne l'entendant pas de cette oreille ont donc fait sécession. Serait-ce donc la CIA qui aurait fait le coup ?
Voilà le contexte et le début de l'intrigue, qui va aller à toute berzingue de rebondissements en surprises et autres inventions délirantes, comme autant d'hommages à la sf, où l'humour sait faire la part belle à la politique, sans verser dans les excès de la sf politique des années 70.
Ce roman est au final un véritable condensé de Roland C.
WAGNER
: idées généreuses, délire maîtrisé et jubilatoire, intrigue construite avec intelligence, écriture alerte et connaissance encyclopédique de la sf et du rock, le tout, rappelons le sur fond de physique quantique, font de ce roman un excellentWAGNER
, idéal pour qui veut découvrir l'auteur, et incontournable pour tous ses fans. Indispensable donc, tout simplement.(1) Authentique.