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Olivier

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La ballade des perdus

Jean-Marc Ligny


La ballade des perdus
Première parution : 2007

La critique du livre
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La plupart du temps, Le poulpe est un bon divertissement. Un polar sympathique, et souvent guère plus.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean-Marc

Ligny

signe l’un des meilleurs titre de cette série, aussi volumineuse qu’inégale. Et par là-même, un excellent roman.

Ajoutons à cela que

Ligny

est certainement l'un des meilleurs auteurs de sf de notre époque, dont il a écrit des romans marquants. Il est un auteur dont on parle assez peu ici. C'est aussi pour réparer cette injustice que j'ai écrit cette chronique.

Surtout connu pour ses romans de sf, notamment Exodes, qui restera pour moi l’une des œuvres majeures de la sf, il ne dédaigne toutefois pas les terres plus confidentielles du fantastique. Sa bibliographie ne se limite pas seulement à des Présence du futur et moult autres éditeurs et collections de sf, mais aussi à quelques Présence du fantastique.
Par contre, le polar stricto sensu, dans le sillage duquel s’inscrit Le Poule, ne fait pas partie de ses genres de prédilection.
Mais en auteur roué, il ne s’en laissera pas compter, et entrainera le mythique Gabriel Lecouvreur sur les terres d’un fantastique tirant vers l’occultisme et l’horreur.
Depuis Bester et Asimov, le polar n’hésite pas à s’hybrider avec la sf.
Mais avec le fantastique, c’est plus rare. Siniac a toutefois inauguré le fanpol avec Monsieur cauchemar, adapté en BD par Tardi sous le titre Le secret de l’étrangleur.


Malgré l’approche de la cinquantaine, et de petites poignées d’amour, la routine du Poulpe ne change guère. Ou presque.
Car ce n’est pas dans l’habituelle rubrique Faits-divers que Gabriel va trouver sa nouvelle enquête, mais auprès de son psy, dont la fille vient de décéder.
Pas de trace d’effraction, pas de trace de coups ni de plaie sur le cadavre. Il n’en faut pas guère plus à la police pour conclure à un suicide.
La température glaciale de l’appartement de la jeune étudiante, malgré les radiateurs ouverts et le visage figé dans l’effroi de la jeune morte n’y feront rien.

Ce n’est donc pas en enquêteur free-lance et accessoirement fouille-merde que Gabriel va se lancer dans cette aventure, mais en privé dûment stipendié. Cette enquête va le plonger dans le rock gothique, dont la défunte était fan. Notamment du groupe Baphomet, qui célèbre le sulfureux Aleisteir Crowley, bien connu des fans de Jimmy Page et d’Ozzy Osbourne.

Bien que réticent et peu familier d’internet, notre enquêteur va devoir s’y plonger, afin de s’immerger dans la culture djeunz, et notamment gothique.
C’est en partant d’un forum consacré à Baphomet qu’il va découvrir que le groupe laisse souvent une victime à chaque étape de sa tournée, quelques jours après le concert.
Gabriel va donc devoir aller à des concerts dont il ne prise guère la musique, et dont le relâchement orgiaque l’amuse plus qu’autre chose. Il va vite découvrir que les victimes, quel que soit leur sexe, ont un point commun : elles ont passé la nuit dans la chambre d’hôtel du chanteur...

Bâti sur une intrigue policière, le roman se plonge dans l’occultisme, et instruit par la même occasion son lecteur sur le défunt Crowley.
Mais là où

Ligny

est malin, c’est qu’il ne tombe jamais dans les fausses évidences. Le chanteur pourrait être un banal tueur en série, plus ou moins possédé ou fou (selon l’interprétation que le lecteur en donnera. Cela aurait donné un polar axé sur la folie, ou la possession démoniaque comme dans L’exorciste. Mais

Ligny

préfère un fantastique plus ambigu, reprenant ce qui, pour moi, en constitue le meilleur : l’incertitude.
Nous ne sommes plus dans l’enquête rationnelle qui va dissiper un mystère (Double assassinat dans la rue Morgue d’Edgar Poe).

Ligny

ancre délibérément son roman dans le fantastique, et confronte un enquêteur rationnel à des phénomènes qui le dépassent. Malgré sa structure et sa collection polareuse, il s’agit clairement d’un roman fantastique.
Et le fantastique a souvent du mal à tenir la longueur d’un roman, tant la nouvelle lui sied le mieux.
C’est donc avec brio que

Ligny

tourne le dos à cette malédiction, et signe avec cette hybridation de policier et de fantastique occultiste, un excellent Poulpe. De loin le meilleur de tous ceux que j’ai lu.
S’il ne signe pas son chef-d’œuvre,

Ligny

signe certainement l’un des chefs-d’œuvre du Poulpe. Dont acte !

(Et en plus, Villon fait partie de mes poètes favoris.)




Les groupes de rock gothique, Lecouvreur n'aime pas trop : selon lui, ça a des relents de soufre, voire de secte. Et tous ces corbeaux en noir sont d'un déprimant, pour lui qui se remet juste d'une dépression ! Mais quand la fille de son psy et néanmoins ami meurt mystérieusement, quelques jours après un concert de Baphomet, son groupe favori, il ne peut que venir à son aide... A contrecœur, Gabriel va s'immerger dans le sombre univers de ces "créatures de la nuit", sur les traces de leur maître et mentor : le mage Aleister Crowley lui-même. Ames damnées, messes noires, hypnose, réincarnations : rien ne sera épargné au Poulpe, qui verra vaciller son bon vieux rationalisme post-soixante huitard... LE POULPE est un personnage libre, curieux, contemporain. C'est quelqu'un qui va fouiller, à son compte, dans les failles et les désordres apparents du quotidien. Quelqu'un qui démarre toujours de ces petits faits divers qui expriment, à tout instant, la maladie de notre monde. Ce n'est ni un vengeur, ni le représentant d'une loi ou d'une morale, c'est un enquêteur un peu plus libertaire que d'habitude c'est surtout un témoin.


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Jean-Marc Ligny



Cette critique est signée Gui
1 réponse y a été apportée. Dernier message le 10/04/2010 à 10h48 par lacroute

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Jean-Marc Ligny



Cette critique est signée ggkormor
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