Il faudra dorénavant ajouter un nom de poids, celui de Thomas Burnett
SWANN
, sorti de l'oubli grâce à l'obstination salutaire d'André-François RUAUD. LireSWANN
, c'est voyager dans le temps pour se replonger dans l'Antiquité méditerranéenne, aux cotés d'HOMERE ou de VIRGILE, dans un monde où les hommes invoquent les dieux et côtoient les créatures mythologiques, telles que les centaures, les faunes ou les dryades.Le présent volume s'inscrit dans le même univers que "Le phénix vert" et il contient deux novellae, inédites en français : "Le peuple de la mer" et "La dame des abeilles".
"Le peuple de la mer" résonne encore des lointains fracas de la terrible guerre de Troie. Enée vaincu a fui le sac de la ville avec son fils Ascagne. Naviguant sur la Méditerranée, il voit sa flotte s'échouer sur les rivages du royaume de Didon. Il en deviendra l'amant, tandis qu'Ascagne deviendra l'ami du lunatique et imprévisible roi-éléphant Iarbas.
C'est à un voyage dans l'étrange que nous convie
SWANN
, à la rencontre d'Enée, fils d'un homme et d'une déesse, père aimant d'un fils qui parle avec un éléphant ou avec le bateau, suivant les pérégrinations de son père en quête d'un havre où bâtir la nouvelle Troie. Si cet enchantement animiste et polythéiste laisse peu de place aux combats et à un monde en péril qu'il faut sauver, on ne peut absolument pas s'en plaindre. A mille lieues de tout manichéisme, c'est à la quête du bonheur d'un père et de son fils que nous inviteSWANN
, dans une ébouriffante polyphonie de personnages. Situé chronologiquement avant "Le phénix vert" auquel il apporte quelques éclaircissements (bien qu'il fut rédigé ultérieurement), ce "Peuple de la mer" est donc idéal pour se lancer la "Trilogie du Latium" deSWANN
, où il réécrit l'épopée de la fondation de Rome."La dame des abeilles" reprend lui la dryade du "Phénix vert", mais nous projette bien après l'arrivée d'Enée et Ascagne, tous deux morts depuis longtemps. Cette novella nous raconte l'histoire de Romus le sage et du brutal Remulus, fondateurs légendaires de Rome. Nous retrouvons donc ici les dryades, les faunes, et du coté des hommes les Etrusques, les Grecs et même les Latins. Ici, la guerre est de mise, puisque les deux frères sont bel et bien décidés à mettre à bas la tyrannie par les armes, en s'alliant aux créatures mythologiques, qui ne seront pas de trop. Batailles, passions sensuelles et violences sont donc au menu de ce récit somme toute moins intimiste que le premier, mais non moins intéressant. Simplement peut-être plus conventionnel pour le lecteur acharné de fantasy, qui y retrouvera les scènes de bataille, et la lutte contre la tyrannie dont TOLKIEN a su faire ses choux gras. La référence à Virgile est bien sûr là encore éclatante, et c'est un bel enfant que
SWANN
fait au mythe fondateur de Rome. Fidèle donc à l'Antiquité qui le passionna tant,SWANN
ne fait pas intervenir de magicien, auquel il préfère de loin les créatures de la riche mythologie gréco-romaine.Comme EURIPIDE,