Le breakfast du champion s'écarte de notre genre aimé. J'ai même du demander l'avis de notre webmaster quant au bien-fondé d'une telle chronique ici. Voilà, c'est parti : Vonnegut, pardon.
Il faut dire tout d'abord que le héros du livre est un auteur de SF. Auteur de légende, dans le livre et en réalité, puisque l'auteur imaginaire n'en a pas moins écrit un livre réel, que vous pourrez trouver (en cherchant bien) : "Le privé du cosmos" de Kilgore Trout.
La trame du Breakfast est simple : un auteur de sf, paumé et solitaire, va rencontrer un vendeur de voiture complètement cinglé. Le livre raconte par quel biais, quelle trajectoire il vont se rencontrer.
Simple.
Là où ça se complique, c'est que Vonnegut s'en donne à coeur joie : une style d'écriture par paragraphes successifs, qui lui fait développer le fil directeur du récit, tout en se permettant des écarts multiples. Vous n'échapperez donc ni au portrait acide de l'Amérique, à la définition lapidaire de la guerre du Vietnam, à la description - toujours lapidaire - de la fabrication d'un hamburger, aux réflexions autour d'une molécule de plastique, sur les scarabées mexicains dont l'arrière-train est un véritable canon, j'en passe et des meilleures.
Comme Trout est un auteur de sf, vous n'échapperez pas aux synopsis de plusieurs des histoires qu'il a écrites, histoires délirantes - on pense à William Burroughs - qu'il n'a jamais pu faire paraître que dans des revues à tendance érotico-pornographique.
Mais, en bonus, vous trouverez les dessins de Vonnegut. Le livre est en effet rempli de petits dessins - genre qu'on dessine sur une nappe de restaurant - qui illustre et appuie le texte.
Voilà. Ce livre est un foutu foutoir, joyeusement écrit, à coup de pied dans les ordures. On y rit souvent, quand bien même, au fond, tout y est consternant et tragique. Un roman expérimental. Une écriture qui a un nom aux US : une écriture "Vonnegutsy". Autant dire que le bonhomme a du style.
Et pour la motivation du livre, un extrait de la préface :
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