The midwich cuchoos, a pour sujet l’imprégnation de femmes lors d’une journée de sommeil imposé par une force inconnue.
Que ce soit par miracle ou l’intervention de dieux, de diables - ou que sais-je encore - ce thème n’est pas vraiment une exclusivité puisqu’il hante les mythologies, les contes et légendes du monde entier !
La force de
WYNDHAM
, c’est d’avoir articulé son récit sur les réactions des personnages cultivés, positionnés dans un contexte extraordinaire devant faire face à un dilemme moral particulièrement ardu : l’individu, et par là -l’espèce elle-même à laquelle il appartient - est mis en danger d'extinction par sa propre progéniture.Deux thèmes majeurs vont donc inquiéter, interpeller le lecteur tout au long du récit : la maternité imposée, non désirée, violant l'instinct maternel et la découverte par l'homme qu'il n'est peut être pas la créature suprême qu'il croit être.
NOTA : Il faut se rappeler que l’auteur écrit bien avant la libération des mœurs et de la femme !
Je le trouve limite révolutionnaire lorsqu’il fait dire à une femme " elle peut conclure qu’ayant été placée in loco parentis à son insu et contre sa volonté, elle ne peut être tenue pour responsable "
Autre qualité du livre : la puissance du style et de l’écriture de l’auteur. Chaque phrase prise à part semble banale, presque innocente je dirais même inoffensive et cependant, tissée page après page, une atmosphère insoutenable vous enveloppe.
L’homme impuissant prend peu à peu conscience du piège mais l'écrivain touche là à l'un des plus grands tabous de notre société : l'enfant. Alors, voudra- t- il, pourra-t- il résister et s’en sortir ?
" Il m’est apparu que vivre et laisser vivre n’est à la portée que de ceux qui se sentent confortablement à l’abri. Maintenant, j’estime et j’étais loin de m’y attendre, que ma position au sommet de la création est menacée et je n’aime pas cela du tout " dit un des protagonistes.
L’auteur attribue à la plupart de ses personnages des qualités très british toutes réunies d'ailleurs chez Zellaby : honneur, respect, sens aigu du devoir, flegme et cet humour très spécial, toujours sous-jacent que l'on retrouve et apprécie souvent beaucoup chez les écrivains de romans policiers comme M. Grimes et même A. Christie.
Ainsi, le livre débute par ceci : " un des plus grands bonheurs de ma femme a été d’épouser un homme né un 26 septembre "
Dans cette œuvre,
WYNDHAM
met également en opposition mais trop briévement AMA l’individu et l’esprit collectif, idée que reprendra Herbert dans La Ruche d’Hellstrom en 1973.En conclusion, je dirais que
Wyndham
a signé là - plus encore qu’avec Le Jour des Triffides - un petit livre de 238 pages - de qualité. Cette histoire est souvent cataloguée à tord en catégorie fantastique (ceci étant certainement dû à la traduction du titre par Le village des Damnés qui lui donne un relent méphitique non mérité) mais c'est avant tout un livre de réflexions passionnantes, finement écrit et très avant-gardiste pour l'époque bref un vrai classique qu’un passionné de SF se devra d’avoir lu et relu et mis en place d’honneur dans sa bibliothèque.Je dois remercier Olivier, qui en faisant sa chronique sur le Jour des Triffides a replacé John