« Une silhouette féminine en feu, haute de dix étages, parcourt les rues. Elle est nue, son corps, un véritable holocauste de flammes tourbillonnantes. Les gens, dans la rue de l’Intendance, se ratatinent, carbonisés, sur son passage, ne laissant derrière elle que de petits moignons noirs figés dans la position du fœtus… »
L’histoire :
Sur une terre couvertes de mégalopoles où les gens sont regroupés par ethnies comme les Barkazis ou le Jaspeeris, la Terre est recouverte par le Bouclier depuis des milliers d’années par les Malakas, le peuple des Elévés. Et ce bouclier est infranchissable, même à l’aide du Plasma, source première de la planète, qui peut soigner les blessures, courber la matière, servir d’arme ou doper les capacités humaines…si l’on sait s’en servir. Comme savent le faire les mages. Le plasma est géré par les gens de l’Office, société gouvernementale et gérante de cette puissante, dont fait partie Ayah, simple fonctionnaire Barkazie, criblée de dettes, qui voit la chance lui sourire lorsqu’elle découvre un gisement illégal qu’elle décide de vendre pour en récupérer des bénéfices…
Un monde à part.
La fantasy est un genre où la magie est omniprésente, les monstres parfois manichéens, les mages se battent contre les mauvais sorciers et cela se passe dans un monde généralement technologiquement pauvre. On distingue parfois la fantasy de la science fiction de part ce fossé scientifique et par l’absence de justification de la source de cette magie.
Ce roman va pouvoir réconcilier les amateurs de chacun des deux genres puisqu’il s’agit de traiter les aspects des deux genres dans le même univers : le plasma, source d’énergie que l’on peut découvrir à partir du moment où l’on est prospecteur n’est nullement justifié. On en trouve, point.
Pour information, le plasma est soit le liquide dans lequel les cellules du sang sont en suspension, soit le fluide composé de molécules d’ions et d’électrons.
Williams
a su tirer de ces définitions une source d’énergie capable d’intervenir sur le corps ou la matière inerte. Et là je dis : très belle trouvaille.La société.
L’histoire de ce monde est émaillé de légendes et finalement l’origine de ce bouclier, de ces constructeurs et du plasma est bien controversée. Chacune des cultures rapportent à un de leurs ancêtre une origine religieuse. Les sectes sont légions.
Les castes existent. Le peuple astucieux, les Arkazis sont opprimés et gardés dans des ghettos, tandis que les Jaspeeris au pouvoir ont mis au point un système d’oppression que leur machine lourde gouvernementale est quasi incapable de soutenir à tout bout de champ. Le travail illégal, la clandestinité et les opposants y deviennent légion.
On a la transposition de la civilisation cyberpunk avec des moyens magiques.
Williams
, après son excellent Câblé, vient de nous décrire un monde à part. Une multitude de subcutures y est décrite.La magie.
Comme dans la fantasy, on y rencontre tout un tas de créatures plus ou moins dangereuses, comme des dauphins intelligents, des spectres, des caricatures d’humains aux pouvoirs divers. Le monde est constitué de mégalopoles comme dans l’héroic fantasy où le monde est organisé en cités autonomes.
La trame.
Le cadre de ce roman étant tout à fait étonnant,
Williams
nous brosse des personnages intéressants à la psychologie intelligemment décrite, dont le personnage principal banal fait partie des petites gens, loin des clichés de certains romans de fantasy aux héros éclatants.Mon premier
Williams
est vraiment un excellent roman.Extraits :
« Soudain, Ayah a conscience d’une présence dans le tunnel. Malgré la température élevée, son sang se glace. Elle pousse un petit cri et recule contre la paroi. La présence semble avoir surgi à travers le mur opposé, comme s’il était vaporeux. […]
Elle est incapable de dire à quoi il s’adresse. Quelque chose fait que, même en l’absence de tout obstacle, il est impossible d’en avoir une vue claire. Il a l’air argenté, il se reflète à la lumière, mais il est également noir, d’un noir aussi intense que le plus profond des puits de mine abandonnés. Il n’a pas d’autres couleurs. Le reste du spectre glisse comme les parasites d’un écran vidéo. »
« 07h55
Red Bolt a réussi à se déplacer de trois cents rads lorsque l’ennemi le retrouve. Il est difficile de dire si la manœuvre préconisée par Ayah a servi ou non à quelque chose. Elle se demande si c’est comme ça dans toutes les guerres, et si on s’est seulement posé la question au centre de commandement. La bataille fait maintenant rage. Le ciel grouille de serpents et de traits enflammés. Red Bolt fait des vrilles dans le ciel pour essayer d’échapper aux attaques. Les défenseurs sont agiles, mais les mages loyalistes, ne cessent d’arriver de tous côtés… »