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Je comprends que l’originalité formelle pour un thème largement traité (la surpopulation) puisse séduire.
Ce qui était à la rigueur supportable chez Dos Passos, car étalé sur trois romans de longueur standard se révèle vite lassant et, pour moi, intenable sur 700 et quelques pages.
Je comprends et j’admets sans peine le tour de force littéraire, que cela peut être.
Pour moi, c’est un machin sans queue ni tête, un énorme empilement illisible et ennuyeux.
J’y retrouve le formalisme stérile et ennuyeux du Nouveau roman, quoi qu’avec du talent.
Bref, ça peut être séduisant au début, mais au bout de 150 pages, on a juste l’impression que l’auteur a voulu faire tenir un roman beaucoup trop long, non en le coupant, mais à grands coups de cut-up.
Et perso, je ne suis pas prêt à en bouffer pour 700 pages.
Moitié moins, pourquoi pas ?
Peut-être qu’au bout de 150 ou 200 pages, on peut voir la lumière au bout du tunnel.
Mais se dire qu’il faudra peut-être en bouffer deux ou trois fois plus que ce que l’on a (péniblement) lu pour en arriver à la fameuse lumière, c’est non.
Un roman de 700 pages, j’y vais plus qu’à reculons, mais avec une telle construction, une sorte de gigantesque puzzle, dont on n’a pas l’image, et dont on ne sait même pas s’il y a toutes les pièces ou un seul puzzle, c’est non. Avec des persos creux, un manque de styles (les extraits du livre du sociologue ne se distinguent en rien du tout venant, alors qu’un livre universitaire devrait justement trancher avec les autres histoires), et un univers à peine esquissé au bout de 150 pages, c’est non.
Je me fous des intrigues comme des persos, qui s’enchainent dans un ennui morne et un formalisme pompeux (le flux de conscience à la Faulkner m’emmerde tout autant).
Construire une mosaïque, pourquoi pas ?
Mais là, je n’ai que des petits carrés de couleur, et je n’en veux pas pour 700 pages, afin de voir la mosaïque. Il faut au moins laisser voir quelques morceaux de l’image, et surtout que ce soit une ébauche qui enthousiasme plutôt qu’une alternance indistincte et monotone.
Je peux comprendre l’intérêt du truc.
Sauf que là, il y en a pour 700 pages. Alors oui, Brunner arrive sans doute à les remplir. Moi, je n’arrive pas à les lire. Le formalisme, c’est génial dans une nouvelle.
Qui trop embrasse mal étreint.
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