Cadavres exquis
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Clichés du futur
un cadavre exquis proposé par morca

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morcalacrouteJC


Clichés du futur

Chapitre 3 proposé par JC
Ce texte a été déposé le 08/09/2005


«Rien n’est écrit...»
La jeunesse est toujours aussi présomptueuse.
C’en est presque attendrissant, si tant est que la connerie puisse l’être.
Croit-il pouvoir changer quoi que ce soit en refusant de me tuer ? Croit-il avoir seulement le choix ?
Cela fait trop longtemps que mon rendez-vous est pris pour que j’accepte de le différer.
Même la mort de Claudia n’y a rien changé, alors je ne vais pas l’annuler pour un caprice de gosse !
Lorsque je l’ai perdue pour la seconde fois, j’en fut profondément ébranlé : lointaine, je conservais l’espoir de la revoir ; morte, elle ne me laissait que la vengeance.
Vingt ans m’ont amplement suffit pour lui faire justice.
Désormais c’est l’heure de nos retrouvailles : pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que la mort nous rassemble...
C’est dire si on s’aimait ! Rien à voir avec Ana et l’histoire de cul vaguement teintée de néo-romantisme qu’elle offre à mon jeunot. D’ailleurs je pourrais toujours lui expliquer, il ne comprendrait pas, mais ce n’est pas pour cela que je l’ai choisi...
Claudia...
J’avais à peine vingt ans quand tu es partie et il en fallait trois fois plus pour que tu reviennes, j’ai pourtant fait le serment de t’attendre et toi celui de revenir.
Il faut bien que l’un de nous tienne sa promesse. Et ça m’étonnerait que ce soit toi !
Alors jeunot, va falloir que tu te reprennes, tes états d’âme tu te les gardes, j’ai besoin de toi et ne te lâcherai pas !

     La colle faisait une tache obscène sur le mur, translucide et légèrement dégoulinante. Merde, qu’est-ce qui me prend ? C’est ce vioque, il me fout les boules ! Il n’a même pas tressailli quand la cartouche lui a chatouillé la tête. Et sa tête, justement, elle ne me revient pas ! Ou plutôt si, c’est bien le problème. Je suis sûr de l’avoir vu quelque part ; je ne peux pas le tuer comme ça, sans même savoir qui c’est. Et puis il y a le contrat.
«Ou est l’autre ? Celui qui aurait dû être là ?»
Pour toute réponse le vieux s’enferre dans son mutisme.
Le jeune s’énerve et repose sa question. Il n’en démord pas : une cible c’est une cible et puis les vieux ne sont pas interchangeables, en tout cas dans son métier.
En plus celui-là il le connaît, alors il veut gagner du temps, histoire de se rappeler, de comprendre. C’est mauvais de vouloir comprendre quand on est un tueur.
D’ailleurs il le sait et ça ne lui plait pas.
Le vieux non plus n’aime pas cela : la situation s’embourbe alors il décide de jouer franc jeu. Enfin, jusqu’à un certain point.
«L’autre on s’en fout, ce n’est qu’un leurre. Le contrat c’est moi.»
Si le visage ne suffisait pas, la voix l’éclaire comme un flash en pleine nuit.
«Monsieur Vainon ?»
Monsieur Vainon était son premier et principal client. Cela faisait maintenant huit ans qu’il travaillait pour lui. Huit longues années parsemées de meurtres.
«Eh ! Jeunot, tu veux bien me filer un coup de main ?»
- Ca dépend pour quoi, Vieillard.»
Il se souvient de toute la conversation, du «jeunot» condescendant au «vieillard» narquois, mais c’est surtout la réplique finale qu’il ne saurait oublier :
«J’ai la vue qui baisse et quelques personnes à tuer.»
Tout le reste fut par téléphone, jusqu’à aujourd’hui.
«Pourquoi ?»

     Pourquoi ? C’est une bonne question quand on y pense. Lorsque Claudia a accepté la mission transplanétaire, lui aussi s’est demandé pourquoi. Et lorsque vingt ans après il apprit sa mort, froidement, par un journaliste d’holovision, c’est encore cette question qu’il s’est posée.
A l’époque personne n’était là pour lui répondre, le jeune a plus de chance.
«Parce qu’ils sont tous morts maintenant. Et parce que c’est l’heure.»
- Ca veut dire quoi ça ?»
- Ca veux dire que c’est ta dernière mission. Tu tires et c’est fini.»
Le tueur n’a pas l’air content, il voudrait en savoir plus. C’est toujours pareil : on veut être sympa, on donne un peu mais ça ne suffit jamais.
De toute façon il ne se pose pas les bonnes questions.
Il n’a pas compris qu’il a été choisi, qu’avant d’être tueur il est d’abord une victime, la clef de voûte d’une vindicte personnelle.
Mais ce n’est pas grave, il finira par obtenir les bonnes réponses : elles sont sur la photo !


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morcalacrouteJC

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