Boris Vian

Je viens de lire les nombreuses chroniques d'Oman (merci à lui) et m'aperçois qu'à chaque fois que je lis des critiques, des 4èmes de couverture sur Dick, je pense systématiquement à Boris Vian...

Je me souviens avoir lu une oeuvre de ce dernier, mais je ne me rappelle pas du titre. Je n'ai gardé qu'une image en tête : les enfants mangeaient des limaces (bleues je crois ??) et se mettaient à voler. (c'est quoi le titre ?)

Tout ce que j'ai lu de Vian m'a laissé un étrange souvenir onirique peuplé d'images floues et mystérieuses.
Idem pour Dick.
En fait, mes souvenirs de lecture pour ces auteurs sont loins, trop loins (faut que je les relise...)

Qu'en pensez-vous ? est-ce qu'il y a beaucoup d'éléments de comparaison entre eux ? est-ce qu'ils n'ont rien à voir ? bref, vos impressions m'intéressent !!

Chère Ione, ne s'agirait-il pas de l'Arrache-coeur... ?
L'ai-je lu ? euh.. non, j'ai du lire l'attrape-coeur, ou un truc comme ça...
J'ai quelque réminiscence de Vian mais pas assez pour oser m'embarquer dans une comparaison... Il est vrai que certains effets poétiques (je suppose qu'ici on peut dire cela) peuvent se rapprocher du fantastique ou (mais peut être moins) de la sf. Dick est cependant pour moi un auteur très fantastique - peut-être devrais-je dire vraiment fantastique :) (mais poétique, euh, non...)
bon, je laisse le boulot aux spécialistes...
heu...

OOOLLLIIIVVIIIEEERRR... !
- t'as bien un mot à dire, sors moi de là... -

		Citation : Chère Ione, ne s'agirait-il pas de l'Arrache-coeur... ?

Euh... p'têt bien. Ca me dit quelque chose ce titre.

		Citation : Dick est cependant pour moi un auteur très fantastique - peut-être devrais-je dire vraiment fantastique :)

Ah bon ? ;))

		Citation : (mais poétique, euh, non...)

Je suis d'accord avec toi sur ce point, mais je garde cependant de mes lectures Dickiennes et Vian(esques ?) un souvenir de mondes oniriques, complètements décalés par rapport à nos repères habituels.

Le jazz fait partie intégrante de mon univers musical.

Vian trompettiste de jazz au sein du Hot Club de France dans le Saint-Germain des Prés de l'après-guerre. Contre l'avis du corps médical en raison d'une tare cardiaque.

J'apprécie énormément James Ellroy pour sa vision vitriolée du Los Angeles des années 50 ("Le dahlia noir", "L.A. Confidential", "White jazz"...)Vian écrivain iconoclaste et pasticheur du polar noir made in US de ces années là ("J'irai cracher sur vos tombes")

La SF: un genre avec lequel je vis depuis de si longues années.

Vian, traducteur du "Monde des A", chroniqueur SF ("Un nouveau genre littéraire: la Science-Fiction" in "Les temps modernes") et surtout auteur de "L'écume des jours".

Vian, un homme que j'aurais aimé rencontrer, un être qui se plu à manger la banane par les deux bouts jusqu'à en mourir...

Lorsque j'essaie de convaincre quelqu'un de lire de la SF je me heurte souvent à cette réponse en forme de question qui me laisse sur le cul: " Tu ne seras crédible que lorsque tu me fourniras "ton" opinion sur "L'écume des jours...!""

Je ne connais l'homme et sa vie que par le biais du jazz. Je n'ai jamais lu "L'écume des jours" (pour des raisons toutes personnelles...!)

Quelqu'un pourrait-il m'aider à franchir le pas?

		Citation : Quelqu'un pourrait-il m'aider à franchir le pas?

Je l'ai lu 3 ou 4 fois entre 15 et 18 ans et j'en ai conservé une impression si forte que je n'ai pas osé le relire depuis. C'est l'un de ces livres étranges et inclassables dont le seul rapport avec la SF est un certain "esprit", considérablement teinté ici de surréalisme, avec une bonne dose d'humour noir. A déconseiller à ceux qui n'aiment pas les anguilles sortant des robinets, les nénuphars qui poussent dans les poumons des jolies filles, l'anticléricalisme, l'antimilitarisme et les cocktails composés à l'aide d'un piano où chaque note, chaque accord correspond à un ingrédient.

L'esquisse que tu dresses, El Justiciero, me fait considérablement penser à l'univers brussolien où les images hallucinées et délirantes boycottent et envahissent allègrement le thème central d'un roman ou d'une nouvelle.
qui ne devient plus qu'un prétexte, un argument à la libération d'un univers imaginaire absurde.
J'y vois aussi les patchworks hyperréalistes des peintures de Suidmak.
Merci pour ton opinion.

		Citation : l'univers brussolien

C'est sûr que Brussolo doit beaucoup à Vian. Voir par exemple Enfer vertical en approche rapide qui plagie allègrement Les bâtisseurs d'empire. En fait, nombre de ses bouquins sont du sous-Vian. ça doit expliquer qu'un grand fan de Vian comme moi soit allergique à Brubru. Je n'aime pas le réchauffé.

		Citation : ça doit expliquer qu'un grand fan de Vian comme moi soit allergique à Brubru. Je n'aime pas le réchauffé.

Et qu'un grand fan de Brussolo (on n'apprécie que ce que l'on connait..!) va peut-être tenter sa chance avec Vian (mais j'appréhende...!). Je suis très friand de ces univers déjantés où les mots l'emportent sur l'idée.

Connais-tu d'autres auteurs SF ou fantastiques aux mécanismes imaginatifs si particuliers ?
Thank

Eh bien, tu as les auteurs que Bruno Lecigne qualifiait de "néo-formalistes" au début des années 80 : Emmanuel Jouanne, Jacques Barbéri, Lecigne lui-même, et quelques autres dont Antoine Volodine. Certaines nouvelles de Jouanne sont purement extraordinaires. Personnellement, ma préférence va à Quand le cancer fera de toi une forteresse, voisin, sauras-tu retrouver la douceur de tes paysages et la naïveté des dessins de ton enfance ?, parue dans SF & Quotidien. Kosmokrim, le premier recueil de Barbéri, est aussi très impressionnant dans le genre, même si Barbéri a fait bien mieux par la suite avec notamment Guerre de rien.

L'écume des jours est effectivement un livre vraiment très étrange, mais aussi très poignant. Un excellent souvenir de lecture.

Sinon, il existe aussi une superbe chanson de Boris Vian, un peu méconnue : A tous les enfants, (texte ici)
véritable tornade d'émotion. Je te conseille en particulier la version d'Annick Cisaruk, superbe duo piano/voix : http://acisaruk.free.fr/.

Au début des 80's j'avais l'impression que Jouanne, Barbieri, Volodine et à un moindre niveau Lecigne s'étaient engagés en opportunistes dans la brêche largement ouverte par Brussolo, celle que certains critiques à l'époque qualifiaient de renouveau de la SF française.
Peut-être un autre nom à rajouter à la liste: Jean-Claude Dunyach ?