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Le lieutenant qui avait sorti son pistolet du fourreau et introduit une balle dans le canon dit que s'il jouait Ay Carmela ou L'internationale, il l'abattrait sur le champ.
Mais il joua l'Ave Maria, debout sur le tas de cadavres, devant le mur éclaboussé d'un nuage de sang, sous un ciel de plomb noir et livide. Il joua un Ave Maria intense, doux et triste,, et il s'arrêta à la cinquième note, bloqué par un couac. Alors il recommença, , mais à la troisième note son doigt glissa sur une corde, et il essaya à nouveau, encore et encore, l'archet crissa un son aigu, comme un hurlement, et il ne réussit pas à aller plus loin.

Carlo Lucarelli, Guernica.

J'aime beaucoup le travail de documentation historique, qui reflète bien la dimension exterminatrice que les franquistes et leurs alliés ont donné à cette guerre, ainsi que les règlements de comptes entre ressortissants d'un même pays, qui s'engagèrent qui du côté républicain, qui du côté franquiste (les Irlandais de la Ve colonne internationale contre ceux de la Légion Saint-Patrick, les Italiens, les Allemands, les Français, etc.).
Sans oublier Orwell ou Benjamin Péret dans les rangs du POUM, de Louis-Emile Cottin chez les anarchistes (rejoint par Péret après la liquidation du POUM).
Cette dimension européenne (ce sont en fait les Allemands qui ont gagné la guerre) est souvent peu soulignée.

Il n'y a rien de plus trompeur qu'un fait évident .

Caryl Férey, à propos du passage des années 70 aux années 80 dans Plutôt crever :
Il ne se plaignait pas, la décade suivante avait été pire : Reagan, Thatcher, Berlusconi, l’apologie du toc, l’art en parts de marché, le son le plus ringard produit par le rock, le Paris-Dakar, la 205 Peugeot, partout un mauvais goût clinquant et carnassier, sans parler de son entrée dans la police, de son premier divorce…

D'accord sur tout sauf la 205 GTI.

Ce que la nature a mis un million d'années à construire, nous sommes capables de le détruire en un seul jour. Nous pouvons mettre en miettes cette belle montagne et la remplacer par une ville de ciment et d'acier pour un siècle !
[...]
Voici venu le grand Morrison qui videra la mer pour en faire un lac placide, qui aplanira les hauteurs et bâtira des routes à douze voies au complet, avec des chambres de repos en guise d'arbres, tables de pique-nique à la place des buissons, des restaurants comme rochers, des postes d'essence pour cavernes, des panneaux publicitaires pour remplacer les torrents et autres substitutions fantaisistes du demi-dieu Homme.

La montagne sans nom, Robert Sheckley.

En lisant la déclaration suivante du fantasque joueur de tennis Alexander Bublik, parlant de ses collègues (et plus particulièrement des meilleurs joueurs du circuit), je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Philip K. Dick et ses réflexions sur l'Humain, l'Androïde, la Machine... :

« Ce sont même des robots dans une certaine mesure. Dans ma conception des humains, je ne peux pas les appeler humains. C’est‐à‐dire que ce sont des robots, concentrés sur la victoire, concentrés sur l’accomplissement par tous les moyens nécessaires. Des robots qui utilisent leur propre organisme et leur propre corps comme moyen d’atteindre cet objectif – quelles que soient les conséquences. Et je suis obligé d’entrer en contact avec eux, de rivaliser, et même d’essayer de les battre de temps en temps. Bien sûr, pour moi, ce ne sont pas des gens. C’est juste difficile pour moi avec eux, je n’ai rien à leur dire – en fait, pas de sujets humains ordinaires.(...) »