Faut-il lyncher David ?

Flute, j'avais loupé la suite des messages...

		Morca, pfuuuitte : Ah, non ^^ ! Je viens bien répondre a des questions, préciser des lieux d'achoppement, dire des conneries, mais je ne réponds pas à ce genre d'interrogation. Ca me rappelle mon ex... Pourquoi t'as dit ça, pourquoi t'as dit ça comme ça, et avec ce ton là... Non, en fait, ça me rappelle toute mes ex !! ;D

		Morca, dans les épisodes précédents : J'essaie de te répondre sérieusement, Bdn, mais c'est compliqué, car cela pose de nombreuses questions...

Ben, tu ne peux pas prendre l'échappatoire ! Et pis c'est tout !... c'est quoi ces nombreuses questions ?... c'est dommage d'abréger le sujet si vite... creusons! creusons!..., et, comme dit Mano Solo dans sa chanson On boira de la bière,
"Y'en a qui croient qu'ils ont touché le fond,
ils savent pas qu'il y a toujours plus profond que le fond "

La réflexion de Lehman ( ici) pourrait apporter une raison de mon enthousiasme à me plonger dans les films de Lynch (je sens déjà les sourires narquois),...ma relecture de Peter Pan est venue à point : D
L'idée de Lehman :

"... le fait d'être plonger graduellement mais souvent assez violemment dans un univers étranger, et d'avoir à se composer une encyclopédie, et donc de tatonner dans le noir un long moment,... je me demande si le plaisir qu'on éprouve à ce moment-là, et qui est aussi une déstabilisation, n'a pas quelque chose à voir, ou ne recycle pas au fond, avec les premiers processus cognitifs de l'enfance qui doivent être de cet ordre.
Souvent, un enfant ne demande pas la signification d'un mot, mais procède par contexte... nous repassons par une partie d'apprentissage et de cognitions originels qui sont devenus tellement des routines que nous ne les percevons plus, je pense qu'il y a beaucoup de ça dans le plaisir que nous prenons..."

Il faut être candide pour mieux apprécier le méli mélo des histoires de Lynch.

Et alors, cela expliquerait la déception de Jim devant le revisionnage de Lost Highway, la découverte de l'univers ne devient plus l'effet de premier plan, et son attention a le temps de s'attarder différemment sur le film... et, finalement, il disséque les images, le film et les personnages - (inconsciemement, peut-être... et surement à cause de nos discussions sur ce forum, tu as déjà pris beaucoup de recul assis devant ta télé) - qui révéleront beaucoup de défauts.

Revu Mulholland Drive.

Je le place dans le haut du pavé lynchien.
De belles séquences, de belles images (même si certaines qui m'avaient touché à la première vision m'ont laissé froid ou fait sourire)
Et, pour une fois, son premier rôle féminin me convaint (Naomi Watts fait preuve d'une large palette d'émotions)
Malgré tout, l'histoire, celle qui est la plus en surface, la plus "1er degré", me semble assez vaine.
Enfin , je me demande si le nom de Camilla n'a pas quelque fois à voir avec Carmilla, le vampire lesbien de Sheridan Le Fanu :

La blonde et la brune :

		fabieng : moi, il me fout les chocottes avec un néon qui clignote ! Le souci, c'est que dans ces derniers films, il en abuse et on commence à tourner un peu en rond je trouve, moins de surprise quoi…

		morca : Ensuite, rechercher du sens caché, c'est "la plus grosse erreur", puisque on est dans l'"inconscient". Quelque chose me chiffonne : s'il y a bien un domaine où on est dans la question du sens caché, c'est bien l'inconscient.

+1

		morca : (...) Ensuite, et ce n'est toujours pas du film qu'il s'agit, enfin à voir, de la structure de l'oeuvre comme "structure du rêve" - relevée par les mêmes - alors que je n'étais pas du tout d'accord, que je ne voyais pas le rapport avec le rêve, ou alors je ne rêve pas comme ces gens là, mais bon... (...)

Alors, moi non plus, "je ne rêve pas comme ces gens là".
Les films de David Lynch paraissent souvent illogiques alors que les rêves, au moment où on les "vit", semblent aller de soi, quelque absurdes qu'ils soient : ce n'est qu'ensuite, dans un demi-sommeil ou au réveil, que leur illogisme nous frappe (...enfin, chez moi ça marche comme ça ;-)

		Citation : (...) faire de l'énigmatique à peu de frais

.
J'ai eu cette sensation avec Une histoire vraie (pourtant un de ses films les plus classiques... toutes proportions gardées).
L'histoire (pour se réconcilier avec son frère, un vieil homme traverse plusieurs Etats sur un tracteur-tondeuse à gazon) étant en elle-même stupéfiante, l'ajout de quelques rencontres trop hors du réel, m'a eu l'air forcé.

		BouquetdeNerfs : A la sortie DVD du film Memento, un dvd bonus contenait le film dans le sens chronologique... hein tu ne trouves pas ça complétement con...

Pour Memento, c'est effectivement complètement con.
Pour d'autres films qui maltraitent la chronologie, je me demande parfois s'ils ne seraient pas mieux en narration classique, alors...
(je pense notamment à 21 grammes)

		BouquetdeNerfs : Et alors, cela expliquerait la déception de Jim devant le revisionnage de Lost Highway, la découverte de l'univers ne devient plus l'effet de premier plan, et son attention a le temps de s'attarder différemment sur le film...

Les déceptions, grandes ou petites, que j'éprouve en revoyant les films de David Lynch me renvoient un peu à la difficulté de...relire les romans de Van Vogt ;-)
Bull disait : "Van Vogt se lit avec ses tripes. Il n'est pas question de décortiquer chacune de ses phrases. Du coup; "ça passe ou ça casse".
(Robert Silverberg parle ici de la relecture du Non-A)


PS : en début d'année, je suis tombé en cours de diffusion de Sailor & Lula mais je n'ai pas tenu jusqu'au bout :-/

		Jim : Enfin , je me demande si le nom de Camilla n'a pas quelque fois à voir avec Carmilla, le vampire lesbien de Sheridan Le Fanu.

Je ne connais pas du tout. Mais, bien vu ! bien vu ! L'illustration est percutante...

		Citation : "Van Vogt se lit avec ses tripes"

Les tripes. C'est bien de cet ordre là que relève le visionnage d'un Inland Empire. Faut avoir des trip...

		Citation : Pour d'autres films qui maltraitent la chronologie, je me demande parfois s'ils ne seraient pas mieux en narration classique, alors... (je pense notamment à 21 grammes)

J'ai vu 21 grammes après Memento, je ne sais pas si dans l'ordre inverse, j'aurais été un peu moins vache avec ce film. Autrement dit, je trouve l'histoire de 21 grammes franchement nulle, et donc, son découpage narratif forcément inutile.

		Citation : PS : en début d'année, je suis tombé en cours de diffusion de Sailor & Lula mais je n'ai pas tenu jusqu'au bout :-/

Hihi !

Christopher Priest :

" (...) j'ai beaucoup aimé Lost Highway ! C'était tellement audacieux, tellement terrifiant. Une histoire d'horreur vraiment moderne, et sexy en plus. Le moment où Bill Pullman s'avance vers le coin sombre de sa maison... J'ai cru que mon coeur allait s'arrêter.
J'ai aussi beaucoup apprécié Mulholland Drive... même si je ne prétends pas l'avoir compris. Quand les vieillards, réduits à quelques centimètres de haut, arrivent en courant sous la porte, je suis resté abasourdi ! J'en suis arrivé à me dire, comme au début, que le must du film, c'est le décolleté de Laura Harring...
Je connais quelqu'un qui affirme avoir tout décrypté, mais : a), je n'ai pas compris ses explications davantage que le film, et : b), pourquoi faudrait-il tout expliquer ? Il vaut mieux laisser quelques mystères tels quels.Quand on a vu Mulholland Drive, on ne peut pas l'oublier, mais on risque de ne plus s'y intéresser si tout est dévoilé (...)
Quant à Twin Peaks... J'ai trouvé ça génial pendant quelques épisodes, mais ça a trop duré, et pour finir, c'était juste idiot."

		Citation : J'ai trouvé ça génial pendant quelques épisodes, mais ça a trop duré, et pour finir, c'était juste idiot."

Tiens, une merveilleuse définition de l'humanité, merci Christopher!

Je n'ai pas pu regarder la deuxième moitié de la deuxième saison de Twin Peaks. J'ai trouvé que ça s'essouflait considérablement.

Il ya vraiment beaucoup à dire, rien que sur Twin Peaks. Moi aussi j'ai eu plus de difficultés à suivre la deuxième partie de la série. Malgré tout j'essayais toujours de comprendre les sens cachés des scènes mystérieuses ou paranormales de la série. Quelle déconvenue quand j'ai lu plus tard que Lynch s'amusait parfois à tourner certaines scènes uniquement selon son humeur, en se délectant par avance du casse-tête que ça allait entraîner chez certains spectateurs.
Pour la fin de la 1ère partie de la série, c'est un peu la même chose. On peut s'évertuer à chercher la signification de la personnalité de Bob, ou ce qu'il y a vraiment dans cette forêt. Mais au final c'est simple : c'est son père qui a tué Laura Palmer !

Le penchant douteux de David pour le mouvement sectaire qu'est La Méditation Transcendentale me fait approcher la main de la corde à Lyncher...
D'aucuns, vu la filmographie, diront qu'il s'agit d'une lubie sans importance, mais perso, je trouve qu'il s'agit d'une preuve supplémentaire d'une dégénérescence lente du cerveau Lynchien.... C'était plus drole et plus "originale" de disséquer des chats morts au temps d'Eraserhead...

		morca : la Méditation Transcendentale

Il me semble avoir lu, dans un entretien avec Isabella Rosselini, ex-épouse de David Lynch, que cette méthode jouait un rôle non négligeable dans la conception de ses films.
Ce qui ne m'étonnerait guère.


PS : Lynch et la MT avait un grand projet pour Paris et la France...

J'ignorais qu'il avait une fondation et mettait du fric pour embrigader la jeunesse dans la Méditation Transcendantale... Ca va un peu loin...