Ce sujet avait déjà été initié là. Des réflexions intéressantes avaient été émises.
Selon moi, la hard science se caractérise par une histoire à forte teneur technique et scientifique. Il me semble également que les détails techniques et scientifiques, au pire, ne doivent pas apporter de contradictions flagrantes avec l’état actuel des connaissances, au mieux en sont une extrapolation plausible. A ce titre, il me semble qu’un roman classé hard science peut à terme ne plus l’être. (Je n’engage que moi dans tout ça).
Jules Verne était finalement un auteur hard science. Je ne suis pas sûre qu’il soit aujourd’hui classé dans cette catégorie. Si ? Ah ! Bon…
A.C. Clarke me paraît nettement un auteur hard science.
2001 L’odyssée de l’espace est d’ailleurs considéré comme un film de SF hard science (Les vaisseaux ne font pas de bruit dans l’espace, n’ont pas de forme
stupide, la station orbitale est plausible, Hal est … Tiens ! Pour le coup, à vous de juger ! ;) ) Et pourtant comme le dit
Jess, il y a un paquet de passages qui semblent relever plutôt de l’onirique/de la philosophie que de la science/de la technique. Cela ne me paraît pas contradictoire. Je dirais presque au contraire. Dans la bonne hard science, la technique et la science ne doivent pas être des fins mais bien des moyens d’extension des domaines de réflexion.
Greg Egan me paraît indéniablement un auteur de hard science alors que je n’ai jamais eu cette conviction avec
David Brin en lisant tout son cycle des élévations/rédemptions. Et pourtant
David Brin est bien classé dans les écrivains hard science. Idem pour
Asimov… (Je précise quand même que j’aime
Asimov et
Brin.)
J’aime en général pas mal la hard science mais je n’en attends pas de mieux comprendre la physique: si je veux de la technique et de la science, j’ouvre des bouquins de technique et de science, voire des bouquins de vulgarisation scientifique dans les domaines qui me dépassent.
Paul McAuley n’est pas cité comme auteur hard science et pourtant quand il parle de bidouillages génétiques dans
Féerie, il ne doit pas totalement dire n’importe quoi puisqu’il est diplômé en biologie. Personnellement, étant totalement nulle en bio, je n’ai donc strictement rien compris à certains détails techniques donnés dans son roman et cela ne m’empêche pas de porter ce bouquin aux nues.
Si un raisonnement scientifique ou la description d’une technique paraît abscons, autant zapper la partie descriptive mais essayer en revanche de s’imprégner du résultat du raisonnement ou de la finalité de la technique car cela est souvent nécessaire pour une bonne compréhension du roman. En résumé, quand c’est trop complexe, faisons abstraction des intermédiaires mais tâchons de comprendre où l’auteur nous emmène, ce à quoi, il veut aboutir.
Donc à mon avis,
Gracie, n’hésite pas à te lancer, quitte à zapper les passages scientifico-techniques qui te paraîtront sibyllins. Dis-toi qu’ils le sont souvent également pour d’autres même pour des gens ayant une formation technique/scientifique. A mon avis, de temps en temps, ils le sont également pour l’auteur lui-même. ;D ! J’ai relu plusieurs fois la fin de
Lord Gamma (un livre que j’ai particulièrement apprécié) et j’ai encore tellement de zones d’ombre que je me demande si
Marrak lui-même est clair sur son truc. D’ailleurs,
Lord Gamma est-il de la hard science ? Et finalement, est-ce qu’on ne s’en fout pas un peu ?
Je suis sûre que beaucoup d’entre nous ont lu de la hard science sans même le savoir. C'est récemment que j’ai découvert ce que vient de dire
morca à savoir que
Le monde inverti était classé
chef d’œuvre de hard science. L’idée ne m’avait même pas effleurée et j’ai la conviction que beaucoup de gens ont pu apprécier ce livre sans se trouver déconcertés par les détails technico-scientifiques tout simplement parce que les explications (dont la
plausibilité ne saute d’ailleurs pas aux yeux) des causes du phénomène de distorsion importent beaucoup moins que les effets produits et les réflexions suscitées.
Que nous le voulions ou non, nous sommes pétris d’à priori, de filtres, de préjugés et les étiquettes nous les maintiennent solidement en place.
Foutons-nous des étiquettes. N’ayons pas peur de la hard science et de ce qu’on en dit ici et là.