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| | Gui :
C'est peut-être aussi la différence entre "SF à la mode" et "SF pas à la mode" finalement : les profanes veulent être émerveillés, dépaysés, etc, (par le premier niveau de novums) mais pas au prix de devoir réfléchir sur ce qu'implique ce changement (donc le second niveau de novums) |
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idée à creuser mais je dirais que la différence que tu décris est celle que l'on peut faire entre
SF et
Sci Fi ;-).
Pour en revenir à Suvin, il reste quand même un des grands théoriciens de la SF et ses apports sont essentiels.
Pour ceux qui veulent lire Suvin en direct, il y a deux sources principales :
Pour une poétique de la science-fiction (paru aux presses de l'université du Québec) et
Metamorphoses of Science Fiction (édité par l'université de Yale).
Suvin définit tout d'abord la SF comme littérature du
cognitive estrangement, une formule brillante et, en ce qui me concerne, qui n'a pas perdu une once de pertinence.
C'est donc une littérature de l'étrangeté (au sens de non conforme à ce que nous savons ou croyons savoir de la réalité). Mais, comme l'apparition d'un mort-vivant est aussi une description de l'étrangeté, sans être de la SF, Suvin va brillament préciser que cette altérité est
connaissable (ma traduction approchée), c'est à dire qu'elle est déductible par un processus cognitif (et là on boucle sur la place de la science -dure ou molle- dans la SF évoquée par Roland).
Du coup, notre mort-vivant est étrange mais pas connaissable (rationnellement ?), ce n'est pas de la SF, alors qu'un extraterrestre est étrange ET connaissable et fait basculer le texte dans le champ de la SF.
Poursuivant son raisonnement, Suvin developpe alors l'idée que cet effet est produit par l'introduction d'un
novum (une étrange nouveauté) au sein du récit. Ce novum est généralement plutôt identifié par Suvin comme un gadget ou un gimmick.
C'est là que je suis moins d'accord avec cette analyse, car elle me semble limitée par le fait d'être plus le produit de l'époque (les années 60) et d'un type de SF, à savoir l'école Galaxy chère aux universitaires ou aux intellectuels (Amis par exemple) qui se sont intéressés à la SF, école dont les ressorts SF sont souvent de ce type (Et si les riches étaient les pauvres ?, Et si on était des robots sur une table pour tester des campagnes de publicité ?...) où une idée ou une invention sont placés dans un cadre strictement contemporain.
Je crois que l'effet SF est dû à un éventail de techniques plus vastes et plus sophistiquées (paratexte, jeux lexicaux, reférences, novums...), on consultera le livre de Langlet pour plus de détails.
A titre d'exemple, dans
Pavane, il n'y a aucun novum au sens strictement suvinien, pourtant ce texte fait partie de la SF.