Quelques opinions sur Forteresse

Je trouve que l'interview de Panchard sur

http://www.actusf.com

corrobore le blog de Sylvie Denis :

http://www.quarante-deux.org/cosmos/denis/

ainsi que cet article :

http://ch.novopress.info/index.php?p=354#more-354

que l'auteur de la critique suivante aurait peut-être dû lire :

http://livres.lexpress.fr/critique.asp/idC=9985/idR=9/idG=3

ainsi que celui de cette critique :

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3260,50-651462,0.html

Qu'en dites-vous ?...

Assez d'accord avec Sylvie Denis lorsqu'elle dit que le plus gênant dans ce roman est l'absence de second degré, de distance critique qui permettrait à l'auteur de se démarquer des propos de ses personnages (et qui tend à prouver que l'idéologie de Panchard transparaît de façon naturelle dans son roman). Maintenant, dire que Forteresse est un technothriller et non de la SF ; la discussion pourrait être intéressante, mais finalement retomberait dans le vieux débat "qu'est-ce que la SF". Un débat à mon avis un peu stérile car personne n'a jamais réglé cette question.

Quand vous parlez d'une oeuvre merci de citer ses référents ( auteur, type, etc. ). Je suis désolé mais pour ma part j'ai difficilement accès aux liens.
Alors merci pour les défavorisés.

Quelqu'un veut une pilule de grenouille sèchée ?

Panchard illustre, à l'instar de Dantec, le gouffre qui sépare de plus en plus une Europe sécularisée et des Etats-Unis en pleine crise de messianisme occidental.

La critique de Sylvie Denis se pare entre les lignes d'un politiquement correct au Xième degré que Panchard dénonce justement dans Forteresse (page 28 ou 38, je ne me souviens plus).
Le bouquin de Panchard a des relents Cyberpunks évidents et un mode narratif proche du Brunner des années prémonitoires. Quelle que puisse être la reflexion que l'on peut engager sur les différents aspects sociaux, politiques ou culturels soulevés de manière parfois iconoclaste, Forteresse n'en reste pas moins un bouquin de SF (et oui!) que j'ai pris énormément de plaisir à lire à travers une intrigue bien ficelée, un style très agréable et un univers hyper cohérent.
La polémique pouvant naître de certaines traces idéologiques que certains n'hésiteront pas à qualifier de "suspectes" ne doit surtout pas faire oublier que la SF, c'est aussi l'ouverture des "possibles" et des "probables" et il n'y a pas de mal à se faire du bien en lisant une oeuvre de cette qualité.

Et après tout, Panchard n'a rien à envier à Richard Morgan.

		Citation : La critique de Sylvie Denis se pare entre les lignes d'un politiquement correct au Xième degré que Panchard dénonce justement dans Forteresse

Vous vous abusez, cher ami. Sylvie Denis est tout sauf "politiquement correcte", même à un degré supérieur d'évolution. Un coup d'œil à Haute-école devrait vous en convaincre.
Accessoirement, je ne vois pas en quoi Panchard "dénonce" quoi que ce soit. à moins que l'on ne considère les passages du genre de celui-ci comme des "dénonciations" :

		Citation : " Ces politiciens jouissant dans leur froc en parlant d’éthique, ces médias à la con et leurs leçons de morale, ces organisations diabolisant la moindre velléité de défense. Tout cet amalgame d’acteurs conscients ou non, œuvrant à convaincre les citoyens occidentaux que toute résistance aux immigrés, à leurs coutumes, leurs désirs et leurs lois, reviendrait à commettre l’abominable péché de racisme… "

Je ne voudrais pas dire, mais, là, on nage en plein fantasme xénophobe. Dans son extrapolation sociologique, Panchard propage en fait un mythe classique de l'extrême-droite — voire de la droite, puisqu'il renvoie tout droit au bruit et à l'odeur de notre cher président. La simple idée qu'il faudrait "résister" aux immigrés me paraît hallucinante. Comme si "les immigrés" représentaient un tout cohérent animé d'une volonté d'imposer ses/leurs coutumes, ce que confirme un extrait un peu plus loin où Panchard oppose "Allah" et "les droits de l'homme". Il a beau se dire athée, il me paraît bel et bien victime de la vieille paranoïa du chrétien face au musulman, et il me semble faire preuve d'un esprit revanchard dont je ne m'explique pas l'origine.

Comme la dialectique communiste d'autrefois, le langage d'une certaine droite fonctionne en circuit fermé, selon une logique close. L'expression "politiquement correct" en est un exemple intéressant, et il n'est pas innocent que le Dictionnaire du politiquement correct soit l'œuvre de Vladimir Volkoff, alias Lieutenant X, dont l'anticommunisme pur et dur est bien connu. La comparaison entre les articles des versions française et anglaise de Wikipedia est également très éclairante :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Politiquement_correct
http://en.wikipedia.org/wiki/Political_correctness

On notera qu'il y a une discussion en cours au sujet de la pertinence et de l'objectivité de la version anglaise. Mais ce qui ressort, c'est la dérive de l'expression, qui en arrive à qualifier indifféremment toute idée que ne partage pas celui qui l'emploie.

En gros, "politiquement correct", ça peut vouloir dire tout et n'importe quoi, et ça sert pas mal à qualifier les idées plus ou moins de gauche quand on ne veut pas dire qu'on est à droite — c'est le fameux circuit fermé dialectique auquel je faisais allusion plus haut, on n'en sort pas et c'est bien le but recherché.

		Citation : La critique de Sylvie Denis se pare entre les lignes d'un politiquement correct au Xième degré que Panchard dénonce justement dans Forteresse

On nous avait déjà servi le péril jaune, le péril rouge et maintenant nous avons le péril vert !

Qu'est-ce-que c'est le "politiquement correct" et le "politiquement incorrect"?
Il me semble que cette diabolisation du monde musulman reçoit une certaine audience favorable qui ne permet pas de la classer dans le "politiquement incorrect" !

		Citation : Douteux parce que j'ai beau chercher de l'ironie, ou un quelconque semblant de recul de l'auteur par rapport aux personnages qui tiennent les propos les plus bas du front sur les hordes islamiques — je n'en trouve pas.

Ca se serait donc du "politiquement correct" d'après M. Panchard

		Citation : Si d'aucuns se sont émus, c'est parce que j'avais osé écrire une fiction dans laquelle l'immigration musulmane massive en Europe pouvait ne pas être totalement dépourvue de problèmes. Dès lors, il y avait désacralisation de l'Autre, et donc blasphème.

et ça du "politiquement incorrect" ?

Je crois que tout cela dépend du point de vue dans lequel on se place. Je me suis déjà trouvée dans la situation où la peur et la haine de l'Autre était "le politiquement correct"et je trouve que s'en servir, même pour une oeuvre de fiction, n'est pas très judicieux. Je ne vois pas ce que l'on pourrait en retirer de positif.
Quand à la "sacralisation" des musulmans...! Je demande des explications !

Pardon !
El justiciero, tu as posté plus vite que moi et je n'avais pas vu ta réponse.

Après avoir lu "Haute école" il y a un an, il ne me semble pas y avoir vu un quelconque message révolutionnaire iconoclaste propre à remettre en question quelques idées reçues ou de quelconques poncifs idéologiques. J'ai tout juste pris du bon temps à lire ce bouquin qui n'était pas trop mal tourné pour de la fantasy (je ne suis pas vraiment fan).

Ce que je reproche à Sylvie Denis dans sa critique, c'est de vouloir démonter le bouquin de Panchard à travers quelques analyses idéologistes qui ne sont certainement pas en balance avec leur poids relatif dans Forteresse. Quant à arriver à la conclusion finale "ce livre n'est pas de la SF", alors là on touche au fond du ridicule: qu'est ce que c'est que ce jugement à 2 balles???

Le bouquin est comme beaucoup d'autres ouvrages de SF une intrigue dans le cadre d'une société que l'auteur essaye de rendre cohérente, extrapolée à 20 ou 30 ans dans le futur à partir de beaucoup de paramètres actuels. Vouloir en faire une polémique politique est à mon sens un bien piètre combat et cet ouvrage mérite à mon avis beaucoup mieux... Ce n'est peut être pas pour des prunes qu'il s'agit du premier ouvrage francophone publié par A&D depuis des lustres... A moins bien sur que Gerard Klein ne soit une chèvre en tant que directeur de collection ce dont je doute fortement.
Bref, foin de démagogie, l'univers "plausible" exploré par Panchard (je suis resté scotché par le nouveau modèle obèse américain) mérite un peu mieux qu'un vague procès en sorcellerie politique; je me contretape des opinions de l'auteur, par contre j'ai pris plaisir à lire son oeuvre et à l'arrivée, c'est ce que je retiens.

		Citation : Quant à arriver à la conclusion finale "ce livre n'est pas de la SF", alors là on touche au fond du ridicule: qu'est ce que c'est que ce jugement à 2 balles???

La réponse que nous a donnée K2R2 plus haut à propos de cet argument me paraît excellente et plus... hum, soft, je dirais.

Peut-être qu'une petite chronique nous en dirait plus sur ce livre, non ?
Hein, Franz ?

Vu le vaste spectre de réactions que ce livre engendre, la critique d'un tel ouvrage devrait peut être s'opérer sous forme collective, une espèce de "critique exquise" quoi :)))