Robert Heinlein

Cà va peut-être vous étonner, mais s'il y en a un que je ne connais pas du tout.. c'est bien lui. Et pourtant, certain(e)s, ici n'ont jamais manqué d'arguments pour en vanter les mérites.
Alors un thread à lui seul destiné ne me parait pas de trop.

Honte à toi !!!

Commence par Une porte sur l'été. Je ne te ferais pas l'injure de te guider jusqu'aux chroniques ... mais tardes pas trop quand même

Oui, une très jolie histoire.

Son Histoire du Futur est plutôt très bonne, et son En Terre Etrangère très surprenant pour un militariste libertarien :)

Etoiles Garde à Vous ! est aussi un assez bon bouquin, assez loin au final du Starship Troopers de Verhoeven.

Révolte sur la Lune est un exemple de sf politique, tendance utopie, plutôt réussie.
Il est même assez amusant de voir comment ses libertariens font la révolution comme des léninistes purs et durs.

Sujet difficile. Je connais des gens parmi les meilleurs connaisseurs du genre qui mettent Heinlein au sommet. C'était le cas de Roland Wagner. Heinlein a eu longtemps très mauvaise presse en France parce qu'il était vu comme un auteur d'extrême-droite. La réalité est plus compliquée. Il a commencé sa carrière à gauche, militant et même candidat, je crois, du mouvement socialiste et autogestionnaire EPIC (End Poverty In California)... Plus tard il est devenu un écrivain clairement libertarien. Il a eu mauvaise presse en France mais aux USA, il a sans doute été l'écrivain de SF le plus connu du grand public, d'une part du fait de ses juveniles, d'autre part par le fait qu'il a publié dans des journaux grand public. Aujourd'hui je pense que beaucoup de ses textes ne peuvent pas être appréciés si on ne les remet pas dans leur contexte, donc si on n'a pas une certaine culture SF. Je pense par exemple à la célèbre nouvelle "solution non satisfaisante". Il y a quand même des nouvelles qui peuvent être appréciées de toutes et tous, même sans grande culture SF, et qui sont pour moi des chefs d'oeuvre, notamment celles que l'on trouve dans l'anthologie du LdP : Vous les zombies, les vertes collines de la Terre, Oiseau de passage... De ses romans on lit surtout effectivement une porte sur l'été, en terre étrangère, starship troopers ou révolte sur la lune. Outre ceux-là, j'ai un très bon souvenir de Double étoile et de la nouvella L'homme qui vendit la lune. Perso j'ai trouvé prometteur mais incohérent Beyond that horizon et banal Marionettes humaines. Et je n'ai rien compris à ses romans de la fin, psychanalytico-quantiques, comme Time enough for love ou The Number of the beast... Il faudrait aussi parler de ses juveniles... Bref avis mitigé de mon côté... Des aspects franchement géniaux chez lui (au sens de complètement créatifs et nouveaux) et des choses très banales (e.g. Route de la gloire...)

J'ai découvert Heinlein sur un forum d'Holmésien, ou l'on parlait de Révolte sur la Lune (et ses références à Sherlock Holmes qui sont foison). Je l'ai lu avec un immense plaisir et pas mal de fou-rire, et dans la foulée j'ai lu son Histoire du futur, qui m'a plût sur le moment sans me marquer de manière indélébile (je me souviens juste de quelques textes, notamment celui des tapis roulants)
Puis j'ai lu le premier que j'ai trouvé en librairie, Marionnette humaine, qui m'a vraiment accroché.
Et depuis je n'ai plus rien lu de lui... on n'en trouve plus tellement en neuf, des Heinlein, ou c'est moi qui ne faisait pas attention? Maintenant que je me suis mise aux livres d'occasion, je vais essayer d'en trouver d'autres. On m'a vanté Une porte sur l'été, il faudrait vraiment que je mette la main dessus.

Double étoile est un bon souvenir pour moi aussi de même qu' Une porte sur l'été. En revanche, En route pour la gloire m'a moins enthousiasmé.

Les enfants de Mathusalem m'avait pas emballé non plus. Si je voulais essayer de faire aimer Heinlein à quelqu'un qui ne connaît pas, je commencerais à faire lire les trois nouvelles, Vous les zombies, les vertes collines de la terre, et Oiseau de passage...

Butch

		Citation : Heinlein a eu longtemps très mauvaise presse en France parce qu'il était vu comme un auteur d'extrême-droite.

Dans le mille. Tu fais confiance, courant 70's, après tout t'es qu'un minot en SF, aux critiqueurs/chroniqueurs, tu te dis qu'"ils" ne peuvent avoir que raison car ils savent "eux", tu te décides au "c'est pas pour moi", tu classes dans un casier bien rangé rayon "à ne pas lire" dèjà bien rempli de préjugés autres, tu passes à autre chose, tu reviens pas sur tes décisions. Total: à 60 balais t'es passé, et çà c'est sur, à côté de quelque chose.

La citation est de BC, pas de moi.

Mais il est vrai que les critiques et les préjugés ferment des portes. Au départ, pour moi, Heinlein c'était de la soupe, à l'image du film de Verhoven. La lecture accidentelle d' En route pour la gloire ne m'a pas vraiment rapproché de cet auteur. J'avais l'impression de lire un Jack Vance revu par Uwe Boll.
Et puis je suis tombé chez un bouquiniste sur le J'ai lu Une porte sur l'été avec sa couverture de Siudmak qui fait un peu penser à du Dali. Un euro et quelques heures de lectures plus tard j'avais complètement changé d'avis.

Bc , pardon.

Butch

		Citation : Mais il est vrai que les critiques et les préjugés ferment des portes.

Je me demande si le sujet ne pourrait pas ouvrir un thread.

A l'époque il n'y avait pas internet. Les critiques ne pouvaient venir que de deux sources.
Il y avait le tam-tam lycée qui te tambourinait sur les tympans de bouche à oreille, et celles qui provenaient des papiers lus de droite et de gauche.
Les premières étaient d'assez faible incidence sur le choix des lectures à venir: en gros je lisais ce que les autres avaient et voulaient bien prêter et inversement pour ce que je possédais. C'était le petit jeu classique issu du manque de thunes. Les BM étaient rares et au mieux limitaient leur fond SF à Verne et consorts, au pire mélangeaient tout par incapacité à classer. Et je ne parle pas de la TV ou de la radio.
Le reste venaient de quelques sources:
_les catalogues de maisons d'édition trouvables en librairies et qui vantaient leur propres productions.
_Quelques magazines BD qui laissaient place à des conseils de lectures SF (qui étaient en plein boum à l'époque). Pilote. Metal Hurlant..etc. Ces organes avaient sans doute tendance à encenser les parutions satellites et à descendre celles de la concurrence.
_Le seul vrai magazine SF qui m'était accessible était Fiction. Trouvable même en presse bureau de tabac bistrot vente de tickets de bus. Fiction. Et je ne parle pas des fanzines dont je n'ignorais pas l'existence mais que je n'ai jamais commandé. Tu te trouvais, par exemple, face à du dithyrambisme forcené concernant Gor en CLA et des chroniques un rien à la toile émeri pour des oeuvres qui peu après allaient montré toutes leurs richesses. J'ai longtemps bu çà comme tu petit lait car je n'avais rien d'autre sous la main qui me montrerait que d'autres avis étaient possibles
Alors, oui, la critique est subjective. Mais avec du recul elles étaient presque systématiquement bonnes sur certaines collections et mauvaises sur d'autres. Et quand t'es jeunot il te faut une référence et Fiction m'en fut une. Mais en corollaire certaines oeuvres me sont passées à la trappe, sous le nez, par effort commercial unilatéral.
C'était une autre époque, les jeunes de maintenant me semblent plus finauds, savent que la pub peut se déguiser, mentir, influencer. A titre d'illustration: j'ai connu l'époque d'une seule chaine télé accessible et ce qui en sortait était forcément la vérité.
Alors maintenant, les mags SF existent toujours et pratiquent toujours de même. Mais la donne à changer à l'heure d'internet. On entend des sons de cloches différents et le lectorat raisonne d'une autre manière.
Mais je ne regrette rien. J'étais heureux et peu à peu je me suis émancipé.
Mais certains préjugés perdurent et Heinlein en fait partie.
En tous cas, merci pour vos conseils.

Ps: d'autres préjugés sont issus de nous-mêmes. Un auteur à nous inconnu. Un titre à lire choisi au hasard. Manque de bol, c'est le pire. On ne va pas jusqu'à la fin tant çà saoule. Le roman prend le chemin poubelle ou cale à armoire. Et bien souvent l'auteur suit. Et bien souvent des années passent, voire des décenies avant que nous ne lui accordions une autre chance.