|
|
|
|
|
|
Sujet proposé le 10/08/2013 à 22h10 par Jim |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
17/08/2005
| |
|
|
|
|
5817
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Thomas Disch
|
13/08/2013 à 10h05
|
|
|
| |
|
|
| |
|
| | | | | | sandrine :
[On SF] est, à mon avis, un ton en dessous [de The Dreams Our Stuff Is Made Of] |
| | | | | | |
C’est ce que je me suis laissé dire.
Ayant des attentes moins élevées, je ne pense pas être déçu.
| | | | | | lacroute :
_laissaient supposer que l'auteur était entré en SF plus par opportunisme que par conviction.
_mentionnaient quelques bribes de la préface au LOSF (que je n'ai malheureusement pas sous la main) qui lui fut consacré et la traduction d'une infime partie de "The Dreams Our Stuff Is Made Of: How Science Fiction Conquered the World", soient quelques phrases où il parle du sffan. Durs durs propos que les siens. |
| | | | | | |
De son opportunisme à écrire de la SF, je n’ai jamais eu connaissance.
Si c’est avéré, je n’en serai aucunement choqué ; toutefois, je suis sceptique : ça ne correspondrait pas à ses propos où il disait avoir été un lecteur enthousiaste du genre.
Concernant ses piques sur le fandom, je les trouve généralement moins dures que la susceptibilité de certains fans n’est prononcée…^^
Quelques citations de l'auteur que je trouve éclairantes :
"I have always been a science fiction enthusiast, and that's what allows me to be one of its harshest critics, because I know what it can do."
…
"Long ago, I wrote that essay about how science fiction is just juvenile literature. That's only a partial truth, but had a real kernel to it that people weren't admitting at the time. An awful lot of the best science fiction really was juvenile literature, and that was OK and very good as such – classic stuff that I loved then and still do – but people wouldn't admit it because they thought it wasn't respectable enough."
|
|
| |
|
"Je déteste les discussions, elles vous font parfois changer d'avis."
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
02/09/2004
| |
|
|
|
|
9425
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Thomas Disch
|
13/08/2013 à 14h28
|
|
|
| |
|
|
| |
|
Je n'ai rien contre l'opportunisme en sf, mais ça me parait assez incongru.
On ne fait pas de la sf -en l'occurrence de la New wave plutôt que space-op militariste- pour vivre grassement de sa plume, non ?
Sur le pessimisme, on ne peut pas dire que ses fins soient aussi optimistes qu'un Asimov, par exemple. Mais le pessimisme ou l'optimisme en tant que tels n'ont aucune valeur intrinsèque : ce qui compte, c'est la réflexion qui les accompagne, ainsi que la forme. A cet égard, je le range aux cotés de Brunner ou de Silverberg (du moins de leurs grands romans, pas de celles alimentaires signés sous pseudo ou non).
Camp de concentration m'avait même surpris par son coté très aseptisé : nous sommes bien d'avantage dans une prison démocratique que dans l'horreur totalitaire. On y est bien traité, on y mange bien, on n'y risque pas sa vie pour rien, on n'y travaille pas jusqu'à la mort...
On pourrait même rapprocher Disch de Ballard ou Matheson, en ce que les univers qu'il dépeint, tant dans ses nouvelles (en particulier la géniale Descente ou l'émouvante Casablanca) que dans une bonne partie de son oeuvre romanesque (Sur les ailes du champ, Camp de concentration, Le businessman) s'inscrivent dans une réalité très très proche de la nôtre.
Quant au pessimisme, je trouve le sien relativement agréable, car l'humour n'est jamais loin.
Nous ne sommes pas dans la noirceur (parfois fascinante) d'Andrevon, mais plus proche d'un Pierre Desproges ou d'un Schopenhaeur (certainement l'un des philosophes les plus lisibles et les plus sarcastiques) : on rit rarement avec de l'optimisme.
Et à tout y prendre, je crois qu'il se définissait dans les années 70 comme un social-démocrate, alors que la sf était souvent bien plus à gauche que lui. Je crois que cette définition est importante, car cela veut dire que son pessimisme n'est pas une résignation, mais plus une méfiance vis-à-vis des excès, qui ferait de lui un réformiste assumé en pleine époque soixante-huitarde. Une sorte de Günther Grass américain, si l'on veut. Même si chez lui, le totalitarisme tenait plus souvent de la droite (belliciste dans Camp de concentration, religieuse dans Sur les ailes du chant).
Il faut donc plus le voir comme quelqu'un à contre-courant, d'avantage porté sur le sarcasme que sur l'incompréhension angoissée du journaliste peint par George R. R. Martin dans l'excellent Armagedon Ragg.
Disch est aussi et surtout un esprit raffiné, auteur d'un livret d'opéra (la musique est d'ailleurs centrale dans Sur les ailes du chant). Jamais pédant ni méprisant, mais souvent subtil, ce qui est la grande qualité des pessimistes, car elle leur évite de tomber dans le cynisme.
Enfin, sur Disch et la France, il est vrai que l'auteur n'a jamais vraiment pris chez nous, sauf peut-être chez Dorémieux, qui l'a souvent repris dans ses anthologies.
Il faut dire que son oeuvre protéiforme, son goût pour la nouvelle et le fantastique, n'en font pas un auteur très grand public !
|
|
| |
|
"Un monde nouveau va naître, un monde dans lequel il n'aura pas sa place. Il est trop clairvoyant pour lutter contre lui ; mais il ne feindra pas de l'aimer." George Orwell
|
|
|
|
dernière édition : 13/08/2013 à 14h36
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| Inscrit le : | |
|
|
20/08/2013
| |
|
|
|
|
1
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Thomas Disch
|
20/08/2013 à 21h53
|
|
|
| |
|
|
| |
|
Tout d'abord, puisque c'est mon premier message sur le forum, bonjour à tous !
Pour ce qui est de Disch , j'ai lu sur les ailes du chant et je suis en train de lire Génocides, et il y à quelque choses qui me perturbe dans ces deux romans. La perception que Disch a de la femme, la femme est une tentatrice, elle pousse l'homme, "Budy" dans Génocides et je ne sait plus de qui dans sur les ailes du chant (ma lecture remontant à plusieurs années) à commettre le péché d’adultère, à mentir, etc etc... ou alors elles ne sont que de vulgaire choses, tout juste bonnes à travailler et à procréer. Et je ne parle pas de l'inévitable supériorité masculine...
Qu'essaie de dire Disch à votre avis ? il y a un message catholique dans ses romans (Eve la tentatrive, la pomme, etc etc...) ? Ou alors est il misogyne à l’extrême et le fait ressentir dans ses livres ?
|
|
| |
|
|
|
|
|
dernière édition : 20/08/2013 à 21h55
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
17/08/2005
| |
|
|
|
|
5817
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Thomas Disch
|
21/08/2013 à 10h15
|
|
|
| |
|
|
| |
|
Bonjour Jipix. Bienvenue.
Je me souviens du principal personnage féminin de Génocides, particulièrement dévalorisé, il est vrai.
Mais, par ailleurs, je n’ai pas ressenti de misogynie évidente dans les textes de Disch que j’ai lus récemment…
Dans les derniers chapitres du Caducée maléfique, par exemple, les personnages féminins sont décrits aussi bien positivement, négativement que de façon ambiguë.
| | | | | | Jipix :
il y a un message catholique dans ses romans […]? |
| | | | | | |
Il y a en tout cas régulièrement un propos critique sur la religion.
De la veine catholique de Génocides, Michel Jeury donne une interprétation dans sa chronique pour Fiction.
Comme elle est mêlée à d'autres critiques, je la copie ici, moins l’introduction sur la postface de Philippe Curval – que j’aimerais bien lire, d’ailleurs : est-elle disponible en ligne ?)
"[…] Voici, présentée en deux phrases, sur la jaquette, cette histoire d'une belle simplicité : « Un jour, la Terre devint un champ pour des semences venues d'ailleurs. Et les humains se trouvèrent réduits, presque le temps d'une saison, à l'état d'insectes invisibles. » Et l'on suit, le temps d'une saison, c'est classique, les derniers survivants de l'espace américaine (euh, humaine), la famille Anderson, Orville, Blossom, Buddy et quelques autres. Le ton et l'atmosphère sont très faulknériens. Parfois presque bibliques... Et la fameuse plante, que les envahisseurs terrestres utilisent comme arme de conquête, ressemble beaucoup à une malédiction divine. C'est particulièrement frappant dans un long dialogue (p. 63-65) au cours duquel la jeune Blossom décrit au rescapé Orville la situation et la vie de la communauté. On se prend parfois à rêver au roman que Disch aurait pu écrire sans les Extraterrestres. Ces Extraterrestres que l'on oublie souvent, d'ailleurs, durant de longues pages...
Biblique et faulknérienne aussi, la scène de cannibalisme domestique, p. 76 a 80. Et voici la vache Gracie en train de vêler (p. 90) : « Elle émettait de petits grognements porcins. Elle se roulait et se tordait sur le sol. C'était son premier veau, et elle n'était pas tellement large. Ce ne serait pas facile. Neil fit un nœud coulant à une corde et la lui passa autour du cou. Mais elle ruait tellement qu'il ne put lui attacher las panes, et il la laissa comme ça. Alice vint à son secours, mais il aurait préféré que son père fût là. Gracie beuglait comme un taureau maintenant. »
Belle simplicité, ton chrétien. Les références religieuses abondent, explicites ou non. Thomas l'Incrédule est en réalité un chrétien qui a perdu l'espérance. Chrétien est son pessimisme froid. Ce n'est pas une exploitation, c'est une constatation.
La science-fiction, dans Génocides, c'est la Plante.
« La plante était admirable d'efficacité. En fait de végétal, elle était imbattable. (...) Prenez ses racines, par exemple. Elles étaient creuses », (p. 127).
« Mais l'efficacité véritable de la Plante résidait surtout dans le fait qu'elle constituait un organisme unique. (...) Le mécanisme par lequel avait eu lieu la collectivisation des Plantes individuelles était d'une très grande simplicité. Dès que les racines principales se ramifiaient en racines secondaires, celles-ci étaient attirées, par une sorte de tropisme réciproque, vers les racines sœurs les plus proches. Lorsqu'elles se rencontraient, elles opéraient la jonction, » (p. 128).
On l'a compris, la Plante, c'est le glaive de Dieu. Les Extraterrestres ne sont là que pour faire semblant. D'ailleurs, ils y sont à peine. Génocides n'est pas écrit comme un récit de science-fiction, mais comme n'importe quelle grande œuvre classique du mainstream américain. On pourrait évoquer à ce propos les plus grands noms.
En réalité, donc, les hommes ne sont pas exterminés par des envahisseurs. C'est le légitime propriétaire de la Terre qui reprend possession de son bien. L'humanité mauvaise le lui avait arraché : elle n'a que ce qu'elle mérite. Et c'est cette conviction profonde — peut-être inconsciente — qui explique le ton extraordinairement serein de Disch. Il n'arrive que ce qui devait arriver, et qui était écrit de toute éternité.
Naturellement, le livre s'achève sur une citation biblique. « Voyez, la lune même n'est pas brillante, et les étoiles ne sont pas pures à ses yeux. Combien moins l'homme, qui n'est qu'un ver, et le fils de l'homme qui n'est qu'un vermisseau ! »
C'était quand même une belle histoire de vermisseaux..."
|
|
| |
|
"Je déteste les discussions, elles vous font parfois changer d'avis."
|
|
|
|
dernière édition : 21/08/2013 à 10h41
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Science-fiction, fantastique, fantasy : Culture SF, toutes les littératures de l'imaginaire
© Culture SF 2003 / 2014 - Conception et réalisation : Aurélien Knockaert - Mise à jour : 08 juin 2014
nos autres sites : APIE People : rencontres surdoués - Traces d'Histoire
|
|
|
|
|