|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
30/05/2005
| |
|
|
|
|
3144
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Un tour en Wilsonia (1) (2) |
20/08/2007 à 13h22 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Un tour en Wilsonia (1) (2)
(1) D'aucuns auront reconnu le clin d'oeil à un tour en Thaery de Vance
(2) Si j'avais écrit "un tour en Darwinia", je ne suis pas certain que le rapprochement ait été fait avec RC Wilson
Un budget de plus de 100 Euros, près de 2000 pages, cinq jours de lecture d'affilée du même auteur, 4 litres de café, 10 litres de bière et presqu'autant de sueur (il faisait très chaud en Pologne cet été) pour une oeuvre ambitieuse: lire les 5 meilleurs ouvrages de RC Wilson d'un seul tenant.
Jusqu'à maintenant, je n'avais pratiqué de cet auteur que le très moyen vaisseau des voyageurs, petit road movie qui ne cassait pas 3 pattes à un canard. J'ai donc enfilé dans l'ordre: Bios Folio, Darwinia DLE, Les Chronolithes DLE, Blind Lake DLE et Spin DLE.
Bios: sympathique petit planet opera que l'on pourra rapprocher dans un premier temps de Deathworld d'Harrison ou de la planète aux vents de folie de Brunner, mais surtout de Solaris. C'est gentil, écrit un peu à la sauce Kim Stanley Robinson sur un thème relativement courant d'un début de colonisation d'une planète étrangère. Pas mal.
Darwinia: Petite uchronie bien faite au début, on dirait la guerre modificatrice de Leiber revisitée par Orson Scott Card. Ca se lit plutôt bien jusqu'à la moitié du livre du livre. Et puis avec des sautes temporelles, Wilson noie complétement le plaisir du lecteur, jusqu'à une fin sans interêt tenant plus du grand guignol que de l'oeuvre ambitieuse décrite en 4'de couv'.
Dommage, il y avait moyen de faire du bon avec cette Europe mutée de manière quasi radixienne au début du XX° siècle.
Les Chronolithes: Boucle temporelle habile mais néanmoins fort prévisible. Une fois de plus, le scénario tient du road movie sur plusieurs années à l'instar du vaisseau des voyageurs et de Darwinia. Quelques éléments assez interessants à retenir dans les théories de remise en question de la causalité et des espaces tau. En tout état de cause, un bouquin agréable à lire qui se suffit à lui même et que l'on verrait bien adapté au cinéma.
Blind Lake: Une histoire d'exploration spatiale en restant au fin fond de la cambrousse américaine dans un huis clos de plus en plus pesant avec une amusante extrapolation du principe d'Heisenberg: on se rapproche du pêcheur de Simak, du Contact de Sagan (Carl, pas l'aut'droguée, arf!), de Pontesprit de Haldeman (en plus casanier et moins guerrier), voire même de 2001 de AC Clarke tant l'emerveillement infantile de l'humanité face à un univers qui la dépasse est bien abordé. Ce bouquin aurait pu s'appeler Dieu et le vide quantique, éponyme du livre fictif rédigé par un des personnages de Blind Lake. Le Huis clos y est particulièrement bien traité et permet ainsi de développer la psychologie des personnages autremant que par ces road movies fatigants et incessants qui semblent être chers à RC Wilson. Un bon parallèle histoire personelle/histoire universelle: pas de rédemption mais un parcours initiatique de découverte de soi matinée d'un chouïa de philosophie indienne (comme dans les Chronolithes). Pour moi un très bon bouquin à ne surtout pas rater, rien que la description du "pélerinage" du Homard (le sujet extra terrestre étudié par les scientifiques de Blind Lake) vaut le détour, ainsi que la magnifique couverture de Manchu en DLE.
Spin: A travers l'enfermement de la terre dans une bulle temporelle accelerée (un chouïa de Isolation de Egan là dedans), RC Wilson nous fait vivre sur 30 ans terrestre (mais des milliards d'années pour le système solaire) la problématique de l'homme face à une entropie accelérée: le spin
ne sert qu'à mettre en relief le temps qui passe (à l'instar du choix de Guilford Law à la fin de Darwinia refusant l'immortalité pour pouvoir aimer et vieillir): c'est à nouveau un road movie avec sautes temporelles (décidement, l'auteur semble s'accrocher à cette structure de narration) qui n'est qu'une banale histoire d'amour entre Tyler et Diane, mais dans un décor extraordinaire. Les ingrédients rajoutés sont nombreux entre la déliquescence sociale des USA (déjà plus ou moins vendue dans Les Chronolithes), une terraformation de Mars à la sauce Kim Stanley Robinson (tiens donc, il y aurait collusion?) avec un soupçon de mythe messianique, un poil de chroniques martiennes redigées à rebours dopées à coup de Stranger in a strange land pour arriver à la singularité des machines de Von Neumann..
C'est un bouquin plutôt réussi (mais méritait il le Hugo?) dans lequel RC Wilson s'amuse entre théories universelles plutôt interessantes, évolutions psychologiques fouillées des personnages et fantaisies plumitives qui rendent la lecture légère malgré l'épaisseur du pavé.
Je ne résiste pas à l'envie de citer quelques passages particulièrement savoureux:
" Des mots comme des ancres, amarrant des bateaux de mémoire pour ne pas que la tempête ne les emporte"
"Si la fin du monde ne se produit pas dans les 30 ou 40 prochaines années, nous risquons le désastre"
"Lâchez une grenouille dans l'eau bouillante, elle sortira aussitôt d'un bond.
Placez-là dans une casserole d'eau tiède que vous mettez à chauffer à feu doux, et la grenouille mourra avant de se rendre compte du problème."
Bref une très bonne lecture.
En conclusion: RC Wilson est un auteur très agréable: il allie une plume légère avec des concepts parfois abscons quant à la nature de l'univers. Son traitement néanmoins très humain du destin de ses différents personnages l'éloigne quant même singulièrement d'une hard science aride à la Greg Bear.
On remarquera quelques thèmes récurrents à travers la revue de ces cinq oeuvres:
- Un goût marqué pour le parcours personel genre road movie
- Une fixation sur la structure familiale parents divorcés + 1 fille unique
- Une inclinaison certaine pour la philosophie indienne
- Quelques "obsessions" science fictionnelles comme l'interferomètre permettant de detecter la vie intelligente à distance (Bios, Blind Lake, Spin).
Dans un style proche de Kim Stanley Robinson avec l'humanisme en plus, RC Wilson est clairement une pointure actuelle de la SF. Si je devais en conseiller la lecture, je suggèrerais Blind Lake (mon préferé) et Spin (le plus riche amha).
Fin de la visite en Wilsonia, n'oubliez pas le guide et attention à la marche en sortant :)
|
|
| |
|
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases...
|
|
|
|
dernière édition : 20/08/2007 à 13h23
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
30/05/2005
| |
|
|
|
|
3144
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Un tour en Wilsonia (1) (2)
|
20/08/2007 à 17h18
|
|
|
| |
|
|
| |
|
| | | | | | Citation :
Sauf si tu fait référence à une nouvelle ou à un roman que je ne connais pas, la planète aux vents de folie est un ouvrage de Marion Zimmer BRADLEY et non de John Brunner.
|
| | | | | | |
Sorry, je faisais bien allusion à John Brunner : la planète folie (titre original Bedlam Planet) et non pas au premier avatar du cycle de Tenebreuse de MZB
|
|
| |
|
C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases...
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
10/11/2004
| |
|
|
|
|
651
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Un tour en Wilsonia (1) (2)
|
20/08/2007 à 18h19
|
|
|
| |
|
|
| |
|
Perso, du bonhomme, j'ai lu :
Darwinia que j'ai adoré bien que ce roman souffre de graves problèmes de rythmes. J'estime au contraire qu'il est assez ambitieux et très réussi, comme beaucoup de Wilson.
Bios Bien réussi aussi, et encore une fois une histoire intimiste aux implications titanesques. Et surtout, j'ai adoré comment à partir d'un fait établi (l'intrication des photons) il a imaginé une macro structure à l'univers. Nénanmoins, il souffre lui aussi -- quoique dans une moindre mesure -- de soucis de rythme.
Les fils du vents Une aventure sympa, moins ambitieuse que les deux précédents livres, mais avec des images fortes quoique assez classique (thématique genre Slider)
Blind Lake Probablement celui qui m'a le moins plu, au sens où le côté science-fictif semble trop servir de décor d'arrière-plan d'une histoire plus ordinaire de dispute conjugale. En fait, le seul où je me suis vraiment ennuyé.
|
|
| |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
21/02/2007
| |
|
|
|
|
666
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Un tour en Wilsonia (1) (2)
|
20/08/2007 à 22h03
|
|
|
| |
|
|
| |
|
Lu les mêmes que Franz plus Mysterium.
A peu près d'accord avec ses critiques.
Le vaisseau des voyageurs est illisible après les premiers chapitres "à la Wyndham". Bios mérite mieux que "pas mal" selon moi. L'histoire de la colonisation d'un monde très hostile. Mais ne m'évoque ni KSR (pas ce côté near future), ni Harrison (ce n'est pas une planète habitée comme Deathworld). Lem effectivement... Darwinia assez illisible après les premiers chapitres. Un road movie qui évoque un peu celui de Julian May dans le Pleistocène. Est-ce une uchronie ? Une partie de la planète est "remplacée" par un morceau du lointain passé... Les chronolithes m'ont laissé assez froid, sauf l'idée hard science de la perturbation de la causalité. Blind Lake est absolument passionnant même s'il épouse un peu trop les codes du technothriller. Spin est très bon mais un cran en-dessous d'un Egan quand même, qui avait eu l'idée avant, non pas dans Isolation mais dans Schild's Ladder. Mysterium, je n'en ai qu'un souvenir lointain : IIRC il s'agit aussi d'un morceau de réalité uchronique qui vient émerger dans le présent. Parmi les thèmes récurrents chez RCW, il y a bien celui-là : un morceau d'une réalité autre (passée, future, uchronique) vient s'encastrer dans la réalité présente... J'avais lu quelque part une interprétation de ce thème, liée à la bio de RCW, mais je ne me souviens plus où...
Au final on se dit que RCW est avec Baxter un des meilleurs auteurs du moment mais à un moment précisément un peu creux pour la SF, où il n'y a que très peu de gens vraiment novateurs (Egan semble avoir son oeuvre derrière lui et Ted Chiang écrit bien peu).
|
|
| |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
| | | | |
|
| Inscrit le : | |
|
|
23/05/2005
| |
|
|
|
|
2802
messages | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RE : Un tour en Wilsonia (1) (2)
|
21/08/2007 à 10h27
|
|
|
| |
|
|
| |
|
Euh, fais excuses, lobo, mais pour moi, "RCW" c'est Roland C. Wagner ! Ca va être dur de s'entendre si on n'utilise + que les initiales pour nommer les auteurs ;-)...
Bon, à part ça, je m'étais jurée après Darwinia (bouze complète, ama) et Les Chronolithes (à peu près sans intérêt, toujours ama) d'abandonner cet auteur à ses fans, mais les arguments de Franz me portent à envisager de tenter Blind Lake... sous réserve que je puisse le faire gratos ;-) !
Merci pour le voyage, Franz ! J'ai beaucoup aimé les 2 dernières citations, lol !
|
|
| |
|
|
|
|
|
dernière édition : 21/08/2007 à 10h29
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Science-fiction, fantastique, fantasy : Culture SF, toutes les littératures de l'imaginaire
© Culture SF 2003 / 2014 - Conception et réalisation : Aurélien Knockaert - Mise à jour : 08 juin 2014
nos autres sites : APIE People : rencontres surdoués - Traces d'Histoire
|
|
|
|
|