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morca

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27/04/2004
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Les guerriers du silence

Pierre Bordage


Les guerriers du silence
Illustration : Philippe Caza
Première parution : 1993

 Pour la présente édition :

Editeur : J'ai lu
ISBN : 2-290-04754-6

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (22 réponses)

Aucun livre de SF ne m'a plus irrité que "Les guerriers du silence". Par respect pour ceux qui, sur ce forum, l'ont apprécié, je tenterai de ne pas tomber dans l'invective pure et simple.
Il y a quand même pire, pourrait-on s'étonner. Je dois avouer que, logiquement et au vu de la couverture (première et quatrième), je n'aurais jamais lu ce livre, si on ne me l'avait conseillé et qu'il n'avait été encensé par les critiques et les prix. Que ceux, d'ailleurs, qui me l'ont conseillé se rassurent : loin de leur en vouloir, je les remercie de m'avoir donné l'occasion de clarifier mes positions.
Je pourrais commencer par un résumé de l'histoire, mais je laisserai le quatrième de couverture, ci-dessous, s'en charger. Disons qu'on ne peut éviter de penser à Dune. J'avais lu Dune très jeune. Dans mon souvenir, Herbert maîtrise mieux son sujet, au moins sur les personnages et sur le style - traduction française évidemment.
Quant au jugement sur le livre, il y aurait peut-être trois positions sur ce premier tome d'une série de trois :
- Ceux qui aiment. Et qui peuvent considérer, comme Ione l'a dit sur le forum, que

Bordage

est un conteur à l'ancienne. Ils ont peut-être raison, et je verrais alors le mal où il n'est pas.
- Ceux qui n'apprécient guère, considérant que, effectivement, l'histoire n'a que peu d'intérêt (après tout c'est une saga opéra). Et que, stylistiquement,

Bordage

a des tics agaçants, et tombe dans la caricature dualiste.
- Ceux qui sont résolument contre.
On aura compris que je fais partie du troisième ensemble. Dès lors, j'adhère aussi au deuxième.
Ainsi, l'histoire est ce que je qualifierais de distrayante. Il n'y a pas de mal à ça, mais peut laisser sur sa faim l'amateur de romancier tels que Brunner ou Dick. Il y a sûrement, comme pour toute histoire, des idées, des idéaux, des idéologies sous-jacents. J'avoue ne pas faire l'effort d'aller les chercher, tant ils sont enfouis. D'ailleurs, la surprise pourrait être bonne comme mauvaise. Reste un penchant un peu caricatural, genre : y'a les bons et les méchants. Comme je le disais, le genre de la saga op n'oblige pas à la profondeur, et, dès lors, on peut laisser ici à

Bordage

le droit de ne pas faire dans la dentelle. On pourra, par contre, fustiger le genre.
Sur l'écrit, il y a effectivement des éléments qui agacent certains lecteurs. Parmi les motifs de plainte (car c'est une douleur), j'avais déjà signalé sur le forum :
- l'exotisme à pas cher, avec les emprunts à l'histoire (médiévalisme, orientalisme...) et surtout, un technicolor flashant. exemple :

Citation :

A l'ombre d'un saule rouge, le vieil homme cherchait en vain le sommeil. La petite fontaine, à demi enfouie dans le vert tendre et strié de taches rouges d'un buisson de léripas, crachait dans l'air brûlant ses jets scintillants qui retombaient en myriades de diamants éphémères sur l'herbe lilas de la pelouse.

On voit qu'un grosse partie du système consiste à appliquer un filtre photoshop sur une carte postale.
- les appellations jeu de mots : les méchants, fortement empruntés à l'inquisition, ont pour divinité le Kreuz (Christ). (Bon, c'est peut-être une survivance). Le décor photoshopien ci-dessus est éclairé par trois soleil : feu rouge, feu orange, feu vert... Je ne cherche pas plus.
- les perso types : le vilain méchant, le héros malgré lui, les gentils persécutés, la femme déesse belle et fragile...
- les entrées de perso genre mariage de la reine par léon zitrone. Exemple :

Citation :

Deux individus firent leur apparition dans la pièce. Des mercenaires de Pritiv, identifiables à leur masques blancs et aux triangles argentés et brillants enchassés dans les plastrons de leur uniformes gris. Lorsqu'ils eurent inspecté le salon, d'autres personnages surgirent de l'ombre, aussi silencieux que des spectres. Stry Wortling suspendit sa respiration : l'un des nouveaux arrivant n'était autre que Pamynx, le connétable de Syracusa. Il portait sa traditionnelle acaba bleue. Son capuchon rabattu sur ses épaules laissait apparaître un crâne nu et difforme, une face rugueuse et verdâtre, des yeux globuleux et uniformément jaunes. Deux Scaythes vétus des acabas vert tilleul des lecteurs l'accompagnaient, ainsi qu'un cardinal kreuzien, surplis violet sur calancor pourpre, barrette carrée des dignitaires de l'église, suivi pas à pas par les deux acabas blanc et rouge de ses protecteurs. Trois mercenaires de Pritiv, dont l'un arborait une combinaison et un masque noirs, complétait le groupe.

On aura compris (relisez la description T.S.V.P.) que Pamynx est un méchant. L'idée me fait penser à ce que je mettais dans la bouche d'un de mes perso - je ne dis pas que je me compare - genre facho : "l'ennemi, c'est pas dur : c'est cui qu'à la tronche en gueule de mire". Sinon, on pourra dire qu'il faut bien dresser le décor. Mais on est à la page 73 de mon édition, et page 1, première phrase :
Citation :

Visage enfoui dans le capuchon de son acaba bleue, le connétable... etc
. Juste plus loin :
Citation :

un petit groupe d'hommes aux visages dissimulés sous des masques blancs. Trois triangles entrecroisés, argentés, brillaient sur les plastrons rigides de leurs uniformes gris.
On voit la redite. Tiens, ptet que je pourrais écrire 700 pages rapides moi aussi.
Mais le pire, au fond, c'est cette impression : "mettons des couleurs, se dit l'auteur, des appellations, des référents bien compréhensibles, bien appuyés : après tout, le lecteur est peut-être un peu stupide."
- encore un point, et il suffit de lire la citation ci-dessus : l'emploi abusif de qualificatifs répétés.

Bordage

semble mué par une crainte : un qualificatif est nécessaire mais insuffisant : il en faut deux. Trois, oui, bon, houlà : faut pas abuser.

J'arrête ici ce (trop) long dépot de plainte ;). Il est temps de dire pourquoi je tombe dans le troisième groupe des contre, plus que des dubitatifs. Il me semble qu'au final, tout ceci ne se résume à ceci :

Bordage

introduit la tendance remix, la SF post-moderne, bref le kitsch. Et ça, je ne peux pas laisser passer. Il y a quelqu'un qui disait en gros : une époque qui s'adonne au kitsch est une époque qui n'a pas trouvé son style. Comme il s'agissait sans doute de Kundera, je laisse ici une citation de cet auteur, pour méditation (note : sur Google, en page france, "Pierre

Bordage

" = 6190 entrée, "John Brunner" 920, "Philip K. Dick 1180 + Grand Prix de l'imaginaire, Prix julia Verlanger 1994, prix Cosmos 2000 en 1996... )


Citation :

"Le mot kitsch désigne l'attitude de celui qui veut plaire à tout prix et au plus grand nombre. Pour plaire, il faut confirmer ce que tout le monde veut entendre, être au service des idées reçues. Le kitsch, c'est la traduction de la bêtise des idées reçues dans le langage de la beauté et de l'émotion... Vu la nécessité impérative de plaire et de gagner ainsi l'attention du plus grand nombre, l'esthétique des mass media est inévitablement celle du kitsch, et au fur et à mesure que les mass media embrassent et infiltrent toute notre vie, le kitsch devient notre esthétique et notre morale quotidienne".

Et bien, pour ce qui est des idéologies, j'ai fini par creuser un peu, en fait...




Quelques cent mondes composent la Confédération de Naflin, parmi la somptueuse et raffinée Syracusa. Or, dans l'ombre de la famille régnante, les mystérieux Scaythes d'Hyponéros, venus d'un autre monde lointain, doués d'inquiétants pouvoirs psychiques, trament un gigantesque complot dont l'instauration d'une dictature sur la Confédération ne constitue qu'une étape.

Qui pourrait donc leur faire obstacle ? Les moines guerriers de l'Ordre Absourate ? Ou faudrait-il compter avec cet obscur employé d'une compagnie de voyages qui noie son ennui dans l'alcool sur la planète Deux-Saisons ? Car sa vie bascule en ce jour où une belle Syracusaine, traquée, passe la porte de son agence...

Rares sont les romans français de science-fiction, animés d'un véritable souffle épique. Pierre Bordage, dès son coup d'essai, nous livre, avec "les guerriers du silence" le premier volet d'un authentique opéra de l'espace.





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Pierre Bordage



Cette critique est signée Ione
4 réponses y ont été apportées. Dernier message le 03/01/2007 à 22h21 par gylles

Science-fiction

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