contexte du roman

Un commentaire d'Olivier m'amène à la reflexion suivante:
tenez vous compte du contexte du roman, l'appartenance du romancier à un quelconque mouvement (religieux, politique ou artistique...) lors de la lecture dudit roman ?

Pour ma part, je fais complètement abstraction de l'auteur, de ses implications dans quoi que soit, et me permet d'avoir un oeil vierge pour l'histoire. Pour moi, un roman est indépendante de son auteur.
Un peu commme lorsque je fais du sport, je me fous de savoir contre qui je combats, ou avec qui je m'entraine.

J'ai tendance à tenir compte uniquement de ce qui se voit dans le texte. Ainsi, je me fous complètement que Jack Vance ait déclaré "Il faut des militaires dans l'espace" à je ne sais plus quel festival de Metz, mais le fait que la peine de mort soit considérée comme tout à fait naturelle dans nombre de ses livres me gêne toujours un peu. Et j'arrive à comprendre que l'on puisse lire, voire apprécier, les romans de Ron Hubbard en se contrefichant de ses activités sectaires — enfin, à condition d'être indulgent car il n'a jamais rien écrit de bien marquant dans le domaine, hormis quelques textes fantastico-horrifiques très réussis quoique datés de nos jours (un coup d'œil au Bras droit de la mort est une expérience assez intéressante, soit dit en passant, et Typewriters un the sky (pas traduit) possèderait une excellente réputation). Je ne mettrai pas non plus à l'index un auteur pourtant ouvertement fasciste comme Peter Randa, qui met en scène de manière minimaliste des soldats de fortune le plus souvent placés en situation de baroud ; cela dit, certains passages ont de quoi glacer le sang, comme celui-ci, cité de mémoire : "Deux intelligences de nature différente ne peuvent pas coexister. L'une doit anéantir l'autre. C'est la loi de la nature." Mais la haine n'exclut pas le talent, c'est tout le problème. J'arrive à lire Randa parce qu'il est inoffensif. La projection de son idéologie dans les étoiles suscite un corpus romanesque, mais l'aspect propagandiste manque clairement d'efficacité, et cette littérature populaire à base militaire est aujourd'hui bien désuète. Toutefois, de son vivant, il a bien entendu été voué aux gémonies, comme d'autres auteurs du Fleuve Noir.

je me moque de ce que fait l'auteur de sa vie, c'est son problème, ce qui m'intérèsse c'est si l'histoire est bonne et bien écrite

par contre comme el justiciero je tiens compte de ce qu'il ya dans le bouquin( bien obligé) et il est vrai que certaines idées "nauséabondes" peuvent transparaitre dans les bouquins, ce qui est bien dommage

pour ce qui est de ron hubbard j'ai lu le cycle"mission terre" ya bien longtemps (je devais avoir dans les 14 ans) et je ne me souviens plus si ses idées apparaissaient dans son bouquin (à part sa haine des psychiatres qui elle était nettement visible).

En général, je ne m'intéresse à la vie et aux opinions d'un auteur qu'après avoir lu quelque chose de lui que j'ai aimé.
Sinon en avoir entendu parler avant sa lecture, m'influence forcément : ainsi je n'arrive pas à lire du Dantec même si on me répète que "les racines du mal" c'est excellent. Et j'ai du mal à aller vers du Thomas Day parce que certaines de ses petites phrases assassines me répugnent.
A l'inverse, je me rue vers les auteurs dont les discours me plaisent et (curieusement ?) je suis rarement déçue

Cependant pour qu'une "idée" me dégoûte d'une oeuvre, il ne suffit pas qu'elle aille à l'encontre de mes convictions, mais qu'elle me choque par son caractère nuisible et dangereux.

Ma conclusion ce serait donc que le contexte de l'oeuvre m'influence malgré moi, s'il est venu à ma connaissance avant la lecture.
Et puis, après tout, lire et être lu c'est un peu un cadeau partagé, alors je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas aller de préférence vers des auteurs qui me plaisent aussi en tant qu'individu !

Oui, personnellement, je tiens compte des idées politiques (ou autres) défendues par l'auteur. Je trouve que cela rend souvent très éclairant ce qu'il a voulu faire.
Je suis d'ailleurs toujours à la recherche d'oeuvres de SF défendant des valeurs qui m'intéressent comme la liberté, la défense de la propriété privée ou l'individualisme d'où mon intérêt pour Heinlein, V. Vinge, Kornbluth ou Russell.

		Citation : ainsi je n'arrive pas à lire du Dantec même si on me répète que "les racines du mal" c'est excellent.

Je l'ai lu quand il est paru. J'ai trouvé ça très mauvais et je ne relirait pas du Dantec de sitôt !

Merci !
Je n'ai donc plus aucun regret !

Tout dépend de l'éventuel contenu idéologique du livre.
J'adore Priest et je me fous de ses opinions politiques (il est vrai que ses livres ne sont pas des manifestes !).
D'autre part, ça me fait chier qu'un auteur que j'aime défende de mauvaises idées (Brown défendant la guerre du Viêt-Nam).
J'apprécie donc d'autant plus qu'un auteur que j'aime défende des idées que j'aime (Delany, Bisson, Le Guin), mais surtout, s'il le fait dans une oeuvre, qu'il le fasse avec talent, comme dans Meucs par exemple.

		Citation : Et j'ai du mal à aller vers du Thomas Day parce que certaines de ses petites phrases assassines me répugnent.

Tu veux parler des propos incendiaires de Gilles Dumay (alias aussi Cid Vicious) ?
Il est vrai que je lui trouve parfois la dent dure, mais outre un sens de l'expression (j'adore ses "'pisseuses en armure"), c'est avant tout une personne exigeante.
Pour preuve, l'essentiel des ouvrages publiés dans la collection Lunes d'encre, à commencer par Priest ou Wilson, sans oublier Moorcock ou Finney et Pagel.

Il est vrai aussi que les razzies peuvent heurter certaines personnes, mais je trouve cela salutaire.

Pour moi aussi un livre c'est d'abord son contenu.
S'il est bon et que les idées défendues me plaisent, je ne vois pas pourquoi la personnalité de l'auteur affecterait mes choix. De toute façon j'ai rarement vu un auteur avoir une écriture schizophrénique par rapport à ses idées.

Par contre quand un livre m'a plu j'aime bien avoir plus de renseignements sur l'auteur. Je trouve qu'à ce moment là cette connaissance supplémentaire permet de savourer encore plus l'oeuvre

De toute façon ce que je déteste c'est les thuriféraires bornés qui ont dressé un mur d'adoration perpétuel autour d'un auteur. Toute critique devient un blasphème contre l'Oeuvre du Maître.
Je suis désolé mais je n'aime pas qu'on m'impose mes lectures.
De plus cent chef d'oeuvre ecrits ne signifient pas que le suivant en serat un aussi.

		Citation : les thuriféraires bornés

Des noms, des noms !
;-)