Elle sèche occasionnellement les cours, fume autre chose que du tabac, et n’aime rien tant que faire la fête. Rien de bien grave me direz vous, tant son adolescence ressemble à la notre et celle de tant d’autres. Sauf que nous sommes dans une France qui anticipe légèrement notre époque. Cette France contemporaine où l’on prétend découvrir les délinquants potentiels dès l’âge de trois ans. Dans cette France d’anticipation, les peines-planchers sont directement données par des ordinateurs, pour alléger le travail des magistrats.
C’est donc dans cette France que Lou est enlevée un matin, et emmenée de force dans un institut de redressement pour déviants. Ce sont ses parents qui ont pris cette douloureuse décision. Elle se retrouve donc au milieu de nulle-part, en pleine cambrousse et loin de tout. Elle est prise en main par Patrick Drake, qui lui explique le fonctionnement du camp.
On lui a implanté une puce, qui permet de la localiser par GPS. Le camp est surveillé par des drones, il est donc impossible de s’enfuir sans être fatalement rattrapée.
Elle se rend vite compte que les ados se divisent en deux camps : les normaux et les APO. Les APO ne vivent qu’entre eux, ils sont le crâne rasé et ressemblent à des zombis. Ils sont cornaqués par un inquiétant personnage, qui ressemble plus à un gourou qu’à un éducateur.
Elle fait le connaissance d’Erwan, qui va vite devenir un ami et un aide des plus précieux. Ils vont en effet profiter d’une rando en montagne pour s’enfuir, une fois la puce retirée. La vie de Lou et d’Erwan va alors basculer. Car ils vont découvrir toute la vérité sur ce camp, et sur les APO. Et il est des vérités qui ne sont pas bonnes à dire…
Littérature jeunesse ?
Non, littérature tout court. Littérature engagée même.
Johan
Heliot
nous offre même un exemple [g]intelligent[/g] de littérature engagée. Il nous pousse à réfléchir plutôt que de chercher mordicus à nous convaincre de SA vérité. Il pointe judicieusement les tendances sécuritaires fortement inquiétantes de nos sociétés occidentales, et de leur appétence au contrôle sécuritaire. Sa postface fait un point salutaire sur les camps militaires aux USA, où l’on prétend redresser les adolescents rebelles. On est même saisi de vertige, tant la fiction et la réalité sont proches. La mince frontière entre les deux est avant tout technologique, car les mentalités sont plus prêtes que jamais.Au final, Johan
Heliot
nous livre un roman habilement construit. Le bougre sait parfaitement doser ses révélations. Il scotche ainsi le lecteur, qui a du mal à ne pas le lire d’une traite.On savait déjà que Johan
Heliot
est un auteur des plus prometteurs de la SF francophone pour lecteurs adultes. Il en est de même pour la jeunesse. « Ados sous contrôle » colle donc parfaitement à l’excellente ligne éditoriale de Denis Guiot : offrir des romans palpitants et intelligents, qui interrogeront le lecteur, quel que soit son âge.Adulte, ado ou enfant, n’hésitez donc surtout pas à vous jeter sur ce roman, car Johan