Après sa victoire à Sedan en 1870, Napoléon III, Empereur des français, verrait l'avenir s'ouvrir devant lui, si son épouse bien-aimée n'était assassinée, en même temps que leur fils, dans un attentat. Brisé, malade, "Badinguet" ne se maintient au pouvoir que grâce à la férocité de sa police... et à l'arrivée providentielle des Ishkiss en 1889. En effet, l'échange de savoirs et de techniques avec ces ET va lui permettre de recouvrer sa force, sinon sa pleine santé. Grâce à eux également, il va déplacer le bagne, de Cayenne sur la Lune. Et dire que certains sont mécontents !... Parmi ceux-ci, le plus célèbre n'est autre que Babiroussa, exilé sur Guernesey depuis des dizaines d'années, quasi centenaire en 1899 (puisqu'il est né en 1802, comme chacun sait). Il est l'âme de la résistance, lié aussi bien à Louise Michel, déportée après la Commune, qu'à Jules Verne, qu'il va envoyer sur la Lune pour une mission très spéciale...
Vous l'aurez compris, c'est d'une uchronie qu'il s'agit, et d'une bonne uchronie. Les lecteurs de Jules Verne retrouveront sans doute avec plaisir des pastiches assez réussis, et reconnaîtront l'auteur de De la Terre à la Lune tel qu'on peut l'imaginer.
C'est là, dans le demi-secret d'un hangar souterrain, que l'on prend pleinement la mesure de l'alliance entre l'Empire et les extra-humains. Là où s'affairent par dizaines des hommes en bleus et tabliers de cuir, de solides gaillards[...]. Ils représentent l'élite des dompteurs de l'acier, des magiciens capables de soumettre à leur volonté la matière la plus brute. Dans la chaleur infernale des forges, chacun des métallurgistes est un avatar de Vulcain. Dans la cacophonie des marteaux-pilons pneumatiques, chaque ouvrier est un Titan.
Bref, c'est un roman que j'ai eu particulièrement de plaisir à lire en cette année consacrée à Jules Verne. Le clin d'oeil discret à Maurice Leblanc m'a bien plu aussi.
Monsieur... ?
-Verne. Jules Verne."
Il avait à peine fermé la bouche que l'autre avait bondi, une flamme d'excitation dans le regard.
"Ah çà, Monsieur... Ha, c'est trop fort, je ne puis y croire. Pourtant, c'est bien vous ! Je connais votre portrait par coeur. Permettez-moi de me présenter : Isidore bautrelet, fervent admirateur de votre oeuvre, reporter pour le compte du Petit Parisien...
Le bémol que j'y mettrai, c'est que c'est tellement dans l'atmosphère de l'époque et des romans de Verne que les problématiques actuelles n'ont évidemment pas de place dans ce roman, ce qui m'a quand même un peu frustrée.
Cela dit, il a quand même obtenu le prix Rosny-Aîné 2001 du meilleur roman de SF francophone, et c'est vraiment un très bon moment de lecture, alors ne boudez pas votre plaisir !