Sur cette Terre qui fût la nôtre, ce qui restent des hommes luttent inlassablement pour leur vie dans un monumental enfer végétal.
Jadis, notre planète s'est arrêtée de tourner sur elle-même. Sur la face exposée au soleil vînt le règne du végétal.
Suivant la voie d'un darwinisme féroce, les plantes se multiplièrent, tant en genres qu'en dimensions, allant jusqu'à copier les astuces du règne animal. Elles recouvrirent bientôt toutes les terres de l'hémisphère et tutoient désormais les étoiles.
Des espèces animales, peu subsistent, les insectes sociaux s'en tirant le mieux.
Les hommes, regroupés en tribus éparses, se servent maintenant plus de leur instinct que de leur intelligence; ils savent néanmoins que la survie de leur race est compromise.
Brian
Aldiss
choisit de présenter la flore extraordinaire de ce monde à l'aide de nombreux néologismes, faisant souvent l'économie de longues descriptions. Cela pourrait paraître gênant mais contribue en fait à instaurer un climat étouffant où tout ne semble être que mâchoires ligneuses, épines vénéneuses et lianes trompeuses, où partout la Mort rôde, aveugle et carnassière.Ce qui n'empêche pas, lorsque le récit nous amène au-dessus de la majestueuse forêt, de voir apparaître un étonnant sense of wonder.
Un voyage, des visages
D'abord limitée au quotidien d'une tribu arboricole, entre défense de la communauté et rituels totémiques, l'histoire élargira vite ses horizons pour nous mener aux limites extrêmes des territoires du vivant.
La fonction du héros, si elle est majoritairement dévolue à Gren, l'enfant-homme, n'est pas pour autant rigide. A travers plusieurs personnages, plusieurs personnalités, se dessine le portrait d'une humanité dans une odyssée à la découverte du monde et d'elle-même.
En présentant diverses versions de l'humain et en employant volontiers l'effet grossissant de la caricature, l'auteur pointe du doigt nos bassesses et notre bestialité.
Les pièges de l'esprit
Les périls qu'auront à affronter les protagonistes de ce récit ne seront pas seulement le fait de la force et de l'agilité des multiples prédateurs qui les harcèlent.
Le plus grand danger, mais aussi la plus grande source d'enseignements, viendra des limites de leur propre intelligence et de sa confrontation avec d'autres, plus grandes ou simplement différentes.
Affrontement, coopération, manipulation, symbiose : autant de thèmes autour desquels
Aldiss
joue à l'envie, dans une gamme allant de l'humour à la mélancolie.----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Bien plus qu'une épopée pleine de bruit et de fureur dans un environnement hostile, Le monde vert est une fable lancinante sur l'évolution et la place de l'homme sur terre. Servi par une écriture protéiforme, ce roman est un classique à (re)découvrir.