Puis dans les dernières pages, on bascule dans l'anticipation la plus ridicule, avec une mutation de l'humanité via la manipulation génétique, suite aux travaux de Michel, l'un des deux frangins.
Michel justement, célibataire et brillant chercheur en biologie moléculaire, qui n’a strictement aucune vie sexuelle, et le vit plutôt bien.
Bruno, prof de français, obsédé sexuel réduit le plus souvent à la masturbation et aux prostituées, dont la vie sexuelle particulièrement minable peut se résumer à un immense gâchis qu’il vit bien sûr très mal. Jusqu'à ce qu'il fasse une rencontre dans un camping new age libertin, qui le mènera dans les boites à partouzes.
L’essentiel du roman porte donc sur la vie sexuelle inexistante ou minable des deux protagonistes, occasion rêvée pour
HOUELLEBECQ
de nous asséner tous les poncifs du beauf franchouillard dans la plus pure tradition du Café du commerce. Au menu : misogynie, machisme, xénophobie frisant le racisme, homophobie et misère sexuelle. Il y déverse son fiel contre les femmes et le féminisme, les immigrés Noirs (tous lubriques avec leurs grosses bites) et Arabes (tous délinquants), les homosexuels (pardon, les pédés) et surtout mai 68, la racine du mal qui ronge l’Occident.Ajoutez à cela une profusion de scène de sexe à peu près aussi palpitantes que si elles étaient décrites par Edouard BALLADUR.
Soit. C’est le droit le plus strict de chacun d’être un réactionnaire. D’estimer que la femme n’est qu’un vagin sur pattes, surmonté d’une bouche à pipes, qui n’est là que pour assurer le plaisir sexuel de l’homme, puisque Monoprix vend des plats tous cuisinés qui libèrent la femme des contingences domestiques. Mais encore faut-il avoir du talent, y compris quand on est réac, car nous sommes bien loin des grands auteurs, et beaucoup plus proches du pire de la littérature de gare, façon SAS de Gérard de VILLIERS ou OSS 117 de Jean BRUCE que de Louis-Ferdinand CELINE et d’Arthur SCHOPENHAUER. L’incroyable insipidité du style se conjugue ici à merveille avec la vulgarité la plus sommaire. Sans parler de la lourdeur des personnages, à peu près aussi subtils qu'une blague des Grosses têtes, grande référence du livre, tant sur le fond que sur la forme.
Ses défenseurs prétendent que
HOUELLEBECQ
a su saisir les mœurs de son époque, véritable moraliste contemporain. Qu’il est à notre époque ce que fut LA BRUYERE au XVIIe siècle. Pour être honnête, il faut au moins reconnaitre àHOUELLEBECQ
d’avoir retenu un aphorisme du grand moraliste du XVIIe siècle : « Il n'y a au monde que deux manières de s'élever, ou par sa propre industrie, ou par l'imbécillité des autres ».Oubliez donc ce livre, et lisez plutôt « Festins secrets » de Pierre JOURDE, qui réussit à saisir son époque et à s’élever, lui, « par sa propre industrie ».