A l’époque, en 99, Kamerer soupçonnait l’existence d’extraterrestres jouant sur la Terre le rôle qu’eux-mêmes, à travers les Progresseurs, qu’ils envoient en mission sur d’autres planètes peuplées d’espèces intelligentes physiquement proches, remplissent. Toïvo Gloumov a lui-même été durant trois ans progresser. Il est revenu sur Terre, auprès de son épouse, avec beaucoup de rancœur pour l’œuvre des progresseurs. A la section EE, Kamerer l’a chargé de traquer l’intervention des Pèlerins. Durant cinq années, il a cherché cette trace dans nombre d’événements inexpliqués. Il a finit par la trouver. Il semble que les Pèlerins opèrent un tri parmi les humains au travers d’épreuves qui révèlent des caractéristiques de leurs psychés. Sélection, mais dans quelle optique ?
La forme du roman est assez sèche en raison de la succession de rapports, et ce malgré les scènes qui s’intercalent. Forme qui illustre parfaitement du propos développé par les auteurs.
Le lecteur inattentif, dilettante, vdalien, parfois un peu distrait, devra revenir au début du livre pour en éclairer la conclusion. Roman cryptique, paranoïaque et manipulateur, il met en œuvre une idée intéressante et assez novatrice dans le flot de la science-fiction. Arkadi et Boris
Strougatski
l’intègrent dans l’univers qu’ils ont déjà élaboré pour plusieurs de leurs romans, et notamment pour Il est difficile d’être un dieu. La problématique de l’être dont l’évolution est supérieur cherchant à manipuler une culture moins avancée, pour son bien, est retournée. Dans Les vagues éteignent le vent, les humains ne sont plus auteurs mais acteurs de la manipulation. Se pose une nouvelle fois, mais sous un angle plus intime, la question de l’intention et de la notion subjective de bien.La manipulation dont il est fait état dans le roman n’est au demeurant pas externe. Elle est le résultat d’une évolution qui touche une infime partie de la population humaine. Ces humains ‘évolués’ manipulent les autres hommes afin de les faire accéder au niveau de conscience supérieure qu’ils ont atteint. Maxime Kamerer aussi manipule, notamment ses subordonnés, notamment Toïvo Gloumov.
Au final un sentiment doux amer, de non maîtrise, d’évolution désarmée. Si le roman ne m’a pas autant plu qu’ Il est difficile d’être un dieu, s'il est moins télescopique que Stalker, il n’en demeure pas moins intéressant, et subtilement différent du reste de la production de l’époque. A lire.