Les frères
strougatski
, co-auteurs de Stalker, sont, nous affirme le quart de couverture, les plus réputés des auteurs de SF russe, une sf qui, dans ces vastes contrées, est déjà, à l'époque, un genre depuis loongtemps ancré. Les frères semblent avoir été fait pour la science-fiction : l'un versé dans les langues, l'autre dans les sciences. Cela suffirait-il pour nous donner un bon roman ? Après lecture, et à mon avis, oui.Voyons l'histoire :
Le contact a eu lieu...
Mais déjà, le point de vue original des auteurs s'affirme. Ils sont venus, et sont repartis. On ne sait pas pourquoi, ni comment. Ils n'ont laissé sur Terre que les traces de leur passage : les Zones. Lieux interdits, lieux dangereux, qui renferment des objets miraculeux comme les "creuses", des batteries éternelles et qui ont le pouvoir de se reproduire.
Certains bravent les interdits pour aller récupérer des objets qu'ils revendront illégalement. Ce sont les stalkers (de "se déplacer furtivement"). Redrick, le héros, est un des stalker. On suit son parcours sur huit ans de sa vie. Un héros blessé, perdu, alcoolique. Agressif, pourquoi pas, courageux s'il le faut... ou inconscient.
Car la zone est un lieu terrible, enigmatique, qui ne répond plus aux lois de notre physique, même pas aux lois de la causalité. Emplie de phénomènes aux noms étranges : "calvitie de moustique", "oeil d'écrevisse", "gelée de sorcière", "mort-lampe"...
Autant de manifestations énigmatiques, que les Stalkers nomment avec des termes pleins de leur regard d'effroi et d'incompréhension.
Et là-bas, dans la Zone, celle de Harmont, cernée par les militaires et l'ONU, entourée par une ville d'âmes perdues, il y aurait un objet qui offrirait tout ce que l'on désire...
Avis :
Les frères
Strougatski
font un roman prenant. Les personnages sont merveilleusement décrits, eux et leurs tourments intérieurs. Je ne connais pas assez les auteurs sf, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Brussolo, mais début 70. Moins "gore" que brussolo, le monde décrit n'en est pas moins incertain, crasse, violent. Et le héros est loin d'être tout propre.Bref, un roman à lire, simplement parce qu'il est bon. Peut-être aussi pour changer de la sf made in USA. Pour découvrir des auteurs qui ont écrit de la bonne sf en d'autres lieux, d'autres temps : ceux-là même où ils furent censurés par le régime soviétique. Ou pour l'originalité de l'approche. Le titre original Piknik na obotchine veut dire : pique-nique sur le bord du chemin. Loin d'être un simple effet surréaliste, il s'agit d'une théorie que développe - et que développe rapidement aussi le quatrième de couverture :-( - un des personnages (prix nobel de physique, qui, lui aussi, face aux évènements, noie son vertige dans celui que procure l'alcool)
Les frères
Strougatski
seraient les écrivains sf les plus connus en russie. Une preuve parmi d'autres : après Tchernobyl, les chercheurs qui inspectèrent les lieux du drame se donnèrent le nom de Stalkers, et Tchernobyl, "la Zone".Leur notoriété est sans doute méritée. Et Tarkovski, encore une fois, ne s'est pas trompé en adaptant ce roman...