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Jim

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17/08/2005
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Territoires de l'inquiétude - 5

Alain Dorémieux


Territoires de l'inquiétude - 5
Illustration : Pascal Moret
Première parution : septembre 1992

 Pour la présente édition :

Editeur : Denoël
Collection : Présence du fantastique
ISBN : 2-207-60027-0

Ce livre est noté   (4/5 pour 1 évaluations)


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La critique du livre
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Initiée au début des années 90 par le touche-à-tout Alain Dorémieux, la série d'anthologies fantastiques Territoires de l'inquiétude se proposait de présenter des textes pour la plupart inédits en France, qu'il soient l'oeuvre d'auteurs émergents (principalement Lisa Tuttle et Steve Rasnic Tem, tous deux présents dans ce volume), d'écrivains français (bien représentés) ou de maîtres du genre (histoire d'assurer le coup).
Chaque volume devait initialement s'articuler autour d'un thème particulier (la Mort, les vampires...) mais Dorémieux reconnût qu'il n'avait pas pu tenir cette ligne de conduite jusqu'au bout, du fait des chemins si variés qu'empruntaient les récits qu'ils souhaitait retenir. Néanmoins, ce numéro est encore assez ancien pour posséder sa propre thématique : celle de la dérive,sous toutes ses formes, ce glissement, progressif ou brutal, hors des ornières de la raison.

Outre une quinzaine de nouvelles, précédées de courts textes d'introduction, ce livre comporte un dictionnaire des auteurs, un rappel des titres parus dans les numéros précédents et une préface où l'anthologiste s'en prend vivement à un certain monsieur K. (Gérard Klein?) qui dénigra sans retenue le fantastique : ceux que les règlements de comptes intéressent apprécieront (c'est assez savoureux), les autres passeront leur chemin.

Les nouvelles sont les suivantes :

Les hameçons de Steve Rasnic Tem: un ouvrier, laissé-pour-compte du Rêve Américain, souffre d'être séparé de ses enfants, et culpabilise. De plus, une force surnaturelle s'acharne sur lui.
Avec un style limpide, Tem parvient à merveille à nous faire partager le désarroi et les souffrances de son protagoniste. Une grande réussite, malgré une chute un peu convenue.

Le coquillage de Ray Bradbury:
Un petit garçon malade, bloqué au lit, rêve de la mer par l'intermédiaire d'un coquillage.
Enfance et imagination, des motifs récurrents dans l'oeuvre de Bradbury. Et l'angoisse en sourdine.

Victoire de Joëlle Wintreberg: la rencontre entre une vielle dame attachée à ses souvenirs et une jeune fille cruelle.
Un ensemble original, des rebondissements, mais la fin ne m'a pas convaincu.

Tire-toi, sale mouche! de Richard Matheson: une lutte en apparence dérisoire entre un employé de bureau et une agaçante mouche.
Longtemps après ses débuts fracassants avec Journal d'un monstre, Matheson délaissait quelque peu les sujets chocs et les expérimentations pour des nouvelles plus classiques, mais qui témoignaient, comme ici, d'une maîtrise stylistique assez exceptionnelle.

Le bel étranger de Shirley Jackson:
Une épouse, malheureuse en ménage mais résignée, accueille son mari de retour de voyage d'affaires; mais cet homme est-il vraiment son mari?
La trop rare Shirley Jackson, dans un beau style académique, signe un texte mystérieux avec des allusions qui ne seront pas expliquées et une fin qui n'en est pas une.

Les mains au mur de Raymond Iss:
Une maison hantée, des traces étranges sur un mur... et des clichés, et un style creux, et une pointe de gore inefficace.
Un seul mérite à cette nouvelle: elle est très courte.

Epaves sur l'autoroute d'Edward Bryant: Qu'est-ce qui se cache derrière ces voitures abandonnées en bordure des autoroutes? Et pourquoi ces grandes montagnes qui en compose un panorama magnifique semblent-elles si irréelles?
Tiré de l'excellent recueil Parmi les morts, cette histoire elliptique soulève bien plus de questions qu'elle ne donne de réponses.

Nom (en capitales d'imprimerie) de John Thomas Sladek: un fonctionnaire, qui aime son métier et se montre compréhensif envers les inévitables dysfonctionnements de l'administration, se retrouve sans aucun document pouvant témoigner de son identité.
Un sujet proche du fameux Escamotage de Richard Matheson, avec un traitement moins original mais tout aussi radical.

Je reviens de loin , mais j'y retourne d'André Ruellan: un anarchiste, en apparence bien inoffensif, est interrogé par la Police puis sera soumis à la Question, version futuriste, d'une barbarie toute raffinée.
Si on devait trouver un moment pour rire dans ce livre, ce serait à la lecture de cette nouvelle où la noirceur du propos est contrebalancée pour une loufoquerie permanente.

Circuit fermé de John Thomas Sladek: un cadre va prendre ses vacances dans un centre de loisirs de luxe. Un voyage interminable et anormalement répétitif.
Une histoire qui génère habilement du malaise. Pas de séquence choc ou de scène horrible; un enfer de gares routières et de cafeterias.

Naples d'Avram Davidson: attention, nouvelle choc! Davidson nous immerge dans la misère napolitaine, loin des palazzi du bord de mer, et nous laisse entrevoir d'ignobles secrets. La dernière réplique est redoutable.
Cette histoire a reçu le World fantasy award.

L'homme qui vivait dans une chambre de bonne avec un Picasso de Philippe Curval: un personnage de roman découvrira peu à peu les liens étranges qui l'unisse à un tableau cubiste.
Curval commence malicieusement son récit avec les interrogations tragi-comiques d'un romancier en butte aux exigences de ses personnages, sur le ton d'une petite conversation entre amis. La suite, plus insidieuse, est plus dans la veine d'un Ballard.

Les mains de Ramsey Campbell: un représentant s'égare dans un labyrinthe sordide à mi-chemin entre les caveaux d'églises et les no-man's lands urbains du Candyman de Clive Barker. Il deviendra la proie d'assaillants furtifs, au culte religieux extrême.
Chantre du fantastique urbain, Campbell s'emploie, avec succès, à instaurer une atmosphère macabre.

Observations de Jacques Barbéri: dans une banlieue française, un ouvrier désargenté pousse l'hypocondrie jusqu'à la paranoïa aux dimensions cosmiques.
Comme un croisement entre "La quatrième dimension" et "Striptease".

Coeur qui soupire de Lisa Tuttle: une histoire d'amour fou.. ou de désir fou ?
Prenant mais avec un air de déjà-vu sur la fin.

La lettre d'amour de Jack Finney: une autre histoire d'amour. Au travers du temps. Dans la lignée du Jeune homme, la mort et le temps, de Richard Matheson.
Poignante, élégamment écrite; si vous avez un once de romantisme dans le sang, vous ne saurez qu'être conquis par cette nouvelle qui clôt l'ouvrage en beauté.

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Malgré quelques inégalités (ce qui est le lot de toutes les anthologies...), Territoires de l'inquiétude - 5 conserve un niveau d'ensemble très satisfaisant : une bonne introduction aux multiples aspects du fantastique moderne.




Cette affreuse mouche qui bourdonne, vous avez envie de l'écrabouiller : et si vous y perdiez la raison ?
Un jeune homme qui écrit des lettres d'amour à une fille, c'est banal... sauf si elle vivait un siècle avant lui.
Ne plus exister pour l'état civil, cela revient à perdre son identité, donc à être englouti dans le néant.
Gare aux autoroutes interminables : on sait par où on peut y entrer, mais comment faire pour en sortir ?
Dérives au bout des mondes piégés où la trame du réel se disloque, voyages dans l'espace halluciné caché de l'autre côté du miroir, seize récits de terreur moderne signés de Ray Bradbury, Edward Bryant, Ramsey Campbell, Philippe Curval, Jack Finney, Shirley Jackson, Richard Matheson, Steve Rasnic Tem, John T. Sladek, Lisa Tuttle, Joëlle Wintrebert, etc.

L'anthologiste
Alain Dorémieux fut de nombreuses années le rédacteur en chef de Fiction, la principale revue de science-fiction et de fantastique en France. Il a réalisé aux éditions Casterman une vingtaine d'anthologies mémorables consacrées à ces deux domaines — dont l'une, Territoires de l'inquiétude, fut en quelque sorte le prototype et le numéro zéro de la série qui rythme désormais les saisons de Présence du Fantastique


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