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"Je me rappelle que le premier jour, quand j'étais encore en état de choc, délirant, j'ai cru que je me trouvais à l'extérieur, que je voyais mon scaphandre s'ouvrir, laisser s'échapper dans l'atmosphère réduite mon air si précieux, si confiné, et je me suis vu mourir dans ce froid vide. Ensuite, j'ai vu le scaphandre, épuisé, me retirer lentement de lui-même, tout raide, nu, comme l'inverse d'une mue de reptile, une chrysalide en négatif. Il m'a abandonné émacié, dépouillé, pathétique sur le sol poussiéreux, avant de s'éloigner en marchant, évidé, plus léger."

Descente, Iain M. Banks.

Papa m'a attaché les bras et les jambes. Il m'a mis sur mon lit. J'ai encore entendu rire là-haut pendant que j'étais tranquille à regarder une araignée noire qui descendait vers moi en se balançant. Je pensais à ce que papa a dit. Ohmondieu il a dit. Et il n'a que huit ans.

Aujourd'hui papa a tapé pour rattacher la chaîne dans le mur. Il faut que j'essaie de la refaire partir. Il a dit que j'étais méchant de venir là-haut.

Né de l'homme et de la femme, Matheson.

"Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,
car ils seront rassasiés de lois et de police"

Les béatitudes, Claude Ecken,

BDN:

Papa m’a attaché sur mon lit. Dans là-haut, il y a eu des rires longtemps. Je ne faisais pas debruit et je regardais une araignée toute noire marcher sur moi. Je pensais à ce que papa a dit. Ohmondieu il a dit. Et il n’a que huit ans. Aujourd’hui papa a remis la chaîne dans le mur. Il faudra que j’essaie de la refaire partir. Il a dit que j’étais très méchant de me sauver.

Matheson.Journal d’un monstre. In « Le Livre d’Or de Richard Matheson » Presses Pocket 5110. Traduction d’Alain Dorémieux.

Manifestement tu as en mains une autre trad. Elle est de qui et elle vient d’où.. ? Cela pourrait être intéressant de les comparer. J’adore la forme donnée à ces six pages étonnantes et, peut-être, lire une autre vision qui éclaire peut-être la fin d'une autre manière serait captivante

Ca doit être celle de Chambon, pour l'intégrale des nouvelles de Matheson.
Il a d'ailleurs traduit littéralement le titre de la nouvelle : Né de l'homme et de la femme.

"Une seule chose me fait souffrir : devoir profiter seule de tant de beauté. Je voudrais crier par-dessus le mur : je vous en prie, faites attention à ce jour somptueux ! N'oubliez pas, même si vous êtes occupés, même si vous traversez la cour à la hâte, absorbés par vos tâches urgentes, n'oubliez pas de lever un instant la tête et de jeter un oeil à ces immenses nuages argentés, au paisible océan bleu dans lequel ils nagent. Faites attention à cet air plein de la respiration passionnée des dernières fleurs de tilleul, à l'éclat et la splendeur de cette journée, parce que ce jour ne reviendra jamais, jamais ! Il vous est donné comme une rose ouverte posée à vos pieds, qui attend que vous la preniez, et la pressiez contre vos lèvres."

D'ou vient ce magnifique passage, Olivier?

Des lettres de Rosa Luxembourg.

"Mon toast pour la nouvelle année : à tous les démons, appétits, passions, convoitises, envies, amours, haines, ennemis fantomatiques ou réels, à l'armée des souvenirs, contre lesquels je me débats - puissent-ils ne jamais me laisser en paix."

Patricia Highsmith.

Merci blade, génial.