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J’ai enfin regardé Zardoz hier soir.
Monsieur zomver qui est au courant des quolibets que j’essuie ;) sur ce forum avait décidé de le re-regarder avec moi (nous l’avions découvert ensemble, a long time ago…)
Les commentaires suivants supposent que les courageux qui vont les lire ont vu le film. Spoilers inside.
*Raclement de gorge*
Vous m’avez gâché les premiers moments, bande de CSFistes ! ;D !
La tête de Zardoz arrive dans le brouillard, les Exterminateurs sont là pour l’adorer et puis paf ! monsieur zomver, mort de rire, s’écrie alors: "Voilà la bande à Red Pampers !"
No comment si ce n’est qu’il m’a fallu du temps après pour me reconnecter au film, accepter de rentrer dedans et me dire que cette tête qui arrivait (moment si fort dans mes souvenirs), était celle d’un faux dieu asservissant ses fidèles et non un truc kitsch au possible tenu par un câble et filmé par une caméra pour un film à budget insuffisant…
Bien sûr, il y a des scènes trop longues, celle de la conscience collective, celle qui se passe à l’intérieur du cristal, celle où les Eternels communiquent leur savoir à Zed, l’exterminateur...
Bien sûr, il y a des scènes trop lentes comme celle (limite "ridicule") où les Apathiques s'animent (au sens premier du terme) au contact de 007.
Quant au moment où les Eternels attendent d’être massacrés par les Exterminateurs, je m’en souvenais comme d’une scène au ralenti et bien non, c’est simplement une scène lente… C’est dire…
Bref, yep, c’est kitsch, lent, un chouïa ridicule, machintoutça (C’est vrai que James Bond en mariée, pfffiouu…) ET POURTANT je ne renie pas ce que j’ai déjà écrit sur ce forum à propos de Zardoz. Les thèmes sont intéressants et même si depuis, ils ont été maintes fois repris et semblent maintenant manquer un tantinet d’originalité, la réflexion est bel et bien là.
En vrac les nombreuses thématiques et idées défendues dans ce film :
- La religion : elle peut duper les fidèles et les asservir
- La science : elle doit respecter une certaine éthique. Les savants ont joué avec le feu en modifiant le cours naturel des choses.
- L’immortalité : l’homme n’est pas fait pour être immortel et l’immortalité n’apporte pas forcément le bonheur.
L’immortalité a engendré la non-nécessité de procréer et le désir sexuel a disparu.
Dans ce vortex où vivent les Eternels, les hommes n’ont plus rien de viril : leurs silhouettes et leurs costumes les font apparaître comme des êtres androgynes. Corollaire probable à cette disparition de la virilité : la société des Eternels semble être devenue matriarcale.
Ce ne sont que les images des Brutes massacrées et violées par les Exterminateurs qui provoquent le début d’un commencement de l’ombre d’une excitation/émotion chez ces immortels sans désir. Comment mieux dire que les plaisirs de l’esprit ne sauraient à eux seuls satisfaire l’individu et que les jeux de la chair (ceux de l’amour et de la guerre) sont ceux qui lui évitent l’indifférence ? Ne retrouvons-nous pas là une thématique ressemblant foutrement (le terme est choisi sciemment ;)) à celle de La possibilité d’une île où des clones sans contraintes de vie, sans désir, sans peur de la mort mais également sans émotion ne vivent que par le récit de vie de leur original dont le bonheur (mais aussi le malheur) était indissociable du plaisir sexuel ?
- La pensée unique
Elle est d’une certaine façon imposée par les expériences de conscience collective auxquelles s’adonnent régulièrement les Eternels et qui constituent une aliénation pure et simple de l’individu. Ces expériences obligent en réalité cette société à observer des règles de comportement très strictes sans lesquelles il serait insupportable de vivre dès lors que l’intimité de la pensée peut être violée à tout moment. La société des Eternels est clairement une anti-utopie. Les dissidents deviennent des Renégats et la punition est alors terrible. Ca vous dit quelque chose ?
-Une thématique du genre "Il n’y a pas d’avenir qui ne puise dans son passé" me semble également abordée via ces curieuses images d’objets du futur côtoyant ceux du passé : la meule archaïque pour faire la farine et le four du boulanger qui semble technologiquement sophistiqué, la culture de plantes dans les grosses bulles de plastique transparent (beaucoup trop de plastique transparent dans ce film…) posées dans des cours de fermes on ne peut plus traditionnelles.
- L’évidente allégorie sur la séparation pauvres/riches. Les pauvres n’ont rien, les riches ont tout même l’immortalité mais personne n’est heureux.
Mais où est le bonheur ? Y a t-il vraiment la possibilité d’une île ?
La fin proposée par John Boorman peut paraître simpliste :
Le bonheur résiderait dans l’amour de l’homme et de la femme. La plus rebelle des Eternels s’unit avec le plus bestial des Exterminateurs. Cet amour fait renaître l’Humanité symbolisée par la naissance d’un enfant. Le massacre des Eternels est le point de renaissance de cette humanité, la vraie, celle qui jamais n’aurait dû cesser d’être, celle qui va symboliquement laisser une empreinte de main sur une roche de caverne, dernière image du film visant probablement à nous renvoyer aux premières expressions picturales de nos ancêtres préhistoriques.
C’est peut-être simpliste à l’heure où l’on évoque Le successeur de pierre mais on ne peut enlever à cette image une certaine beauté.
Ceci étant dit, monsieur zomver a tenu 43 minutes avant de s’en aller… Mais au bout de 26 minutes, il me signalait déjà qu'il n'était pas sûr qu'il allait rester et ...
...c’est vrai, je le reconnais, la mort dans l’âme, ce film a très mal vieilli et pour audacieux qu’il soit, il flirte effectivement parfois avec le grotesque… :’-(
Ce post est tout particulièrement dédié à mes détracteurs et à tous ceux qui n'ont pas manqué une occasion de se f.....e de moi avec ce film. ;D! Je pense tout particulièrement et bien sûr sans rancune à Olivier, lacroute, stealrige, TOUKO et Ione.
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