Le thème d'ensemble est assez simple : les humains à l'étroit sur une planète rétrécie (par la montée des eaux et les catastrophes + ou - naturelles) et polluée s'installent sur une planète éloignée, dont les habitants ont disparu. Premier mystère : pourquoi les seules traces de ces anciens occupants sont-elles leurs bâtiments, routes et autres canaux ou fontaines, et pas un seul squelette ou meuble ? Deuxième mystère, qui va mettre à mal la 1ère expédition terrienne : un phénomène de couleur bleue recouvre l'ensemble de la planète sur 1000 mètres de hauteur en supprimant toute vie organique, et interdit l'usage de l'électricité sur 1000 m de +, puis disparaît, pour revenir, à intervalles réguliers. Dès le 1er tome, intitulé Les rêves de la Mer, l'auteure présente en parallèle l'histoire des Anciens (habitants), et celle des Terriens, et l'on apprend que les Anciens sont partis car ils avaient Rêvé la future arrivée des Terriens.
Avec le passage du temps, les clivages, présents dès le début, entre Terriens conquérants et colonisateurs, et colons essayant de s'intégrer dans une niche écologique sans y faire de dommages, s'exaspèrent, et le deuxième tome, Le jeu de la perfection, est consacré à la lutte pour l'indépendance de la planète, baptisée Virginia par les colons. Ceci pour l'histoire officielle, celle que connaîtra la Terre. Car discrètement, s'installent d'autres différences : certains colons semblent pourvus de facultés dont ne bénéficie pas le commun des mortels (empathie, télékinésie, voire même télépathie).
"Lanàn, aràn... un 'pouvoir' et un 'don', ce n'était peut-etre vraiment pas la même chose ?"
"29 novembre 2183, temps terrestre, ou 70e jour du 12e Mois de l'An 10, temps virginien. Devrais-je rédiger deux versions ? Ma prose est destinée aussi bien à la Terrre qu'à Virginia. Toujours indiquer les deux dates ? Hum. Et si une seule des deux, laquelle ? Pas même commencé et déjà des décisions politiques à prendre !"
"Pris entre le fer et l'enclume, Simon, damné si tu agis, damné si tu n'agis pas. Tu ne t'en sortiras pas indemne, ni dans un cas ni dans l'autre. Dans les deux cas, ça meurt, ça vit, tu ne peux décider lesquels vivent ni lesquels meurent."
De là, d'autres clivages, sur l'usage de ces dons, ou pouvoirs, qui feront l'objet du tome suivant Mon frère l'ombre, dont la fin verra apparaître un don particulièrement surprenant, puisque le héros de l'histoire, Mathieu, sera emporté par la Mer (le phénomène bleu) sur une autre planète, où il sera accueilli par les Anciens habitants de Tyranael.
"dans la langue des Anciens [...] parfois, les gens ont un sexe, parfois ils n'en ont pas. Les mêmes personnes ! Et quand ils n'en ont pas, on utilise des pronoms et des suffixes spéciaux. Mais ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de sexe, c'est parce qu'on veut parler d'eux... en général. En dehors de leur sexe. C'est vraiment bizarre. On est toujours un garçon ou une fille, non ?"
"La seconde indépendance et les Gris sont les conséquences d'une scission dans cette proto-organisation, d'opinions et de politiques divergentes quant à la mutation, lesquelles se sont exaspérées jusqu'au conflit ouvert. Si la première indépendance a été conquise par les mutants unis - à l'insu du reste de la population - sa fin tragique a été orchestrée par les mutants dissidents, tout comme la seconde indépendance. La seule constante, c'est le secret..."
C'est l'un de ses descendants sur cette autre planète, nommée Atyrkelsao, qui trouvera le chemin de L'autre rivage, Virginia, où l'on suivra ses pérégrinations en pleine guerre civile. Toute une interrogation sur vérité/réalité et vérité/mensonge, qui fait de ce tome l'un de mes préférés...
C'est grâce à lui, entre autres, que la paix finira enfin par venir sur Virginia, et que pourront s'établir des échanges entre les deux mondes. Et c'est dans le dernier tome, La Mer allée avec le soleil, que seront enfin expliqués les mystères de Tyranael.
"La seule vérité qui compte, c'est celle qu'on a trouvée soi-même, pas celle qu'on vous force à voir."
"Pas beaucoup de positions possibles pour un être humain [...]. Solitaire, solidaire, et le balancement entre les deux."
"Comme elle, bien plus qu'elle, il n'a rien dit parce qu'il avait trop à dire. Parce qu'il s'était tu trop longtemps. Et aussi parce qu'il n'était plus capable de faire la différence entre protéger Simon et se protéger lui-même."
Bon, j'ai simplifié au maximum, mais c'est vraiment un exercice difficile et je n'ai évidemment pas rendu justice à un style dense, aussi faussement facile à lire que d'habitude avec