« « A Panem et Circonses » dit Mervin Appelbaum à Monique Clhoun.
Et il porta un toast avec un dernier verre de champagne de prix, tandis que le vol Right Stuff en provenance de Tripoli quittait sa trajectoire d’attente pour traverser la couverture nuageuse et effectuer son approche finale de l’aéroport international de Newark.
« Aux jardins d’Allah », répondit-elle avec un semblant de sourire tout en levant un semblant de verre.
Son client ignorait que l’étiquette apposée par elle sur le projet constituait une référence sarcastique à un motel miteux d’Hollywood où de célèbres lions littéraires du XXème siècle comme Fitzgerald et Faulkner avaient pondu non sans peine des scénarios de films pour les usines à rêves capitalistes en anesthésiant leur conscience dans un océan d’alcool… »
L’histoire :
XXIème siècle, le réchauffement de la planète a fait fondre une partie des calottes polaires, fait monter les eaux, engloutissant une bonne partie des îles du Pacifique et modifié de manière substantielle le climat sur toutes les zones du globes : les déserts sont plus chauds et complètement impropres à la vie, le climat sur Paris est devenu tropical, la Sibérie a un climat méditerranéen devenant du coup en quelque sorte un nouvel eldorado et un paradis de milliardaires.
Pour lutter contre ce réchauffement artificiel et inquiétant, l’ONU organise à Paris, par l’intermédiaire de la société Panem et Circenses repésentée par Monique Calhoun, un colloque des climatologues les plus éminents de la planète, pour qu’on y trouve un modèle climatique fiable pour prévoir si la Terre s’achemine vers la condition Vénus, une condition climatique où l’homme ne peut manifestement pas survivre…
En pleine actualité.
Ce roman, écrit en 1999 tombe à pic, après le dernier rapport alarmant de l’ONU le mois dernier : la Terre est en vrai danger. Autant elle avait pu supporté les frasques et les erreurs de l’Homme depuis des siècles, aujourd’hui, il semble qu’on soit venu à l’endommager dangereusement, d’une manière telle qu’on est au bord du gouffre. Non seulement la Terre est en danger, mais la vie sur Terre est en danger, incluant celle de l’Homme !
Intrigue sur fond d’écologie.
Spinrad
nous écrit là un bon polar géopolitique écolo et le background scientifico-fiction n’est là qu’une trame de fond pour intrigue policière. Il est indéniable que la critique s’adresse à nous même, à nos agissements actuels en terme de volonté écologique, sans se demander ce que sera la vie dans 50 ou 100 ans. A ce titre,Spinrad
critique sévèrement la politique non écologique des USA, premier pollueur du monde, pour des raison purement économiques.La trame est classique, en nous dévoilant deux points de vue, qui inexorablement vont converger vers un but ultime et radical, et qui s’avère le même. Le dénouement est assez bien ficelé.
Spinrad
et la France.On ne peut ignorer l’amour de
Spinrad
pour la France, lequel a vécu d’ailleurs en France à partir de 1988 avant de repartir il y a peu, grâce à ses descriptions minutieuses et je dirais même affectueuses de Paris. Paris est son nouveau « Pays ». Il regrette tout de même que le climat actuel soit trop gris ! A noter qu’il emploie un certains nombre de mots en Français dans le texte.En conclusion, ce roman peut donner un aperçu bien renseigné de ce qui nous attend dans quelques décennies si l’on ne prend pas garde à notre chère planète. Un bon polar pour se faire peur, mais une peur légitime.
Extraits :
« Toutefois, le Bleu et le Vert de la chose étaient une pomme de discorde.
La famille de la mère portait son Bleu en brassard, sans parler du décor et du menu du restaurant. La nostalgie de la Louisiane perdue était son fond de commerce, et l’on ne pouvait manger des huîtres bienville et du gumbo de langouste issus de sa cuisine sans une garniture ruisselante de mousse espagnole et d’esprit de revanche climatique Bleu Bon teint. »
« Sur une planète ayant connu une élévation de température qui transformait les terres arables en déserts et les déserts en terres mortes ? Une planète où des centaines de millions de foyers littoraux avaient été inondés, et dont l’une des calottes polaires , au moins, s’était fragmentée ?
La Condition Vénus était-elle imminente ?
Le ciel était il vraiment en train de nous tomber sur la tête ?
La fin du monde était elle vraiment proche ? »
« Merde *! Shit ! Chiottes !
Eric se tenait là, grand, blond et beau, et sans aller jusqu’à sentir le sable chaud, il exsudait la sensualité par chaque pore de sa peau et à chacun de ses sourires supérieurs. »
* en français dans le texte