L’histoire :
Paul Durham se retrouve dans un appartement, une foule de souvenirs, de sensations que chaque humain éprouve normalement. Cependant, Paul n’est pas vraiment réel, il est une simple copie de l’original dans un univers virtuel et vit une existence virtuelle. Il est la copie presque conforme de son inventeur biologique : il a le même cheminement de pensée, les mêmes souvenirs… Mais comment va t-il gérer le fait de n’être qu’une copie ? Il sait que plusieurs autres « essais » comme lui en sont venus à se détruire pour cette simple constatation.
Pendant ce temps, le vrai Paul découvre que certains modèles virtuels peuvent aboutir à un univers autonome. Comment le modéliser ? Qui y mettre ? Il va demander à Maria, travaillant à un nouveau modèle de l’aider à cette difficile tâche…
Les Automates Cellulaires.
J’avais abordé ce roman sans aucune notion des automates cellulaires et j’avoue avoir pataugé un certain pour bien aborder cette œuvre assez technique sur le fond. Néanmoins, je me suis documenté depuis et après quelques recherches, les automates cellulaires sont étudiés depuis les années 40.
Il en ressort que la notion essentielle est que, grossièrement, « la simple répétition d'une règle simple peut conduire à des mécanismes complexes » (voir article http://www.automatesintelligents.com/labo/2002/juin/wolfram1.html)
Pour ce qu’il en est, Ulam, toujours dans les années 40 a suggéré de représenter les espaces cellulaires, véritables grilles où l’on pourrait appliquer des modèles (des règles) à chaque itération / répétition. Chaque modèle engendre des évolutions aux systèmes différents. On a le concept d’automate cellulaire. Malheureusement, ces modèles cellulaires ne sont intéressants que s’ils sont applicables au niveau macroscopique, c’est pourquoi Von Neumann y a travaillé notamment pour la notion d’intelligence artificielle.
Créer la vie, créer la conscience. Etre capable de concevoir un modèle auto reproductible, donc autonome, vivant.
Wolfram va plus loin et revient à considérer des cellules de 4 types : homogènes, simples, chaotiques ou complexes.
Ce dernier type peut engendrer une configuration de type vivant et autonome. Donc ces AC réagissent comme de minuscules ordinateurs (une notion que Bear a abordé de manière plus biologique dans son roman la musique du sang), on peut tenir là notre système vivant, notre IA.
Voir le très accessible dossier http://yann.fauche.free.fr/ia.pdf dont la lecture explicite vous permettra de tout savoir sur les AC.
L’histoire.
Une fois cette notion d’automate éclaircie, le roman peut sembler moins nébuleux pour le profane.
On y retrouve la notion d’immortalité de soi-même sous un autre aspect, la notion d’univers parallèle et on peut se demander ce qu’une copie de soi-même pourrait éprouver.
Enfin,
Egan
sait y faire dans ses dénouements car il y décrit une fin cataclysmique et une ouverture plus large de ce qu’il nous décrit au début du livre.Néanmoins, on regrettera que ce roman ne soit pas assez romancé et l’auteur a tendance à s’enfermer dans des considérations techniques qui nuit considérablement à la lecture d’un lecteur non averti.
Pour résumer, un chef d’œuvre que ce roman, à réserver à un public averti.
Extraits :
« Il se laissa retomber en grommelant. Il était la copie. Malgré tout ce que lui disaient ses souvenirs hérités de l’original, il n’était « plus » humain ; « jamais plus » il n’habiterait son vrai corps. Jamais plus il n’habiterait le monde réel…à moins que son radin d’original ne racle les fonds de tiroirs pour lui payer un robot de téléprésence- auquel cas il passerait son temps à se balader dans le brouillard en tentant de déchiffrer le film flou de l’activité humaine qui défilait à la vitesse de l’éclair. »