La stratégie Ender

Pour moi Ender's game fait partie du top20 des meilleurs bouquins de SF jamais écrits.
Il y a un élément dans le bouquin qui me fascine dans la fameuse "supercherie" Locke/Demosthène: c'est le poids politique et médiatique du réseau que l'on peut faciliment assimiler à internet. Or je rappelle que la nouvelle d'origine est de 79 et le roman de 1985...
Quel visionnaire quand même ce Orson Scott Card!

Personnellement, je uis plutôt de l'avis de Morca quant au livre. J'ai pas tant accroché que ça. Peut-être est-ce dû au fait que j'avais lu le siblissime Les maîtres chanteurs avant, largement au dessus d'Ender selon moi. Ses deux points forts sont selon moi justement Locke et Démosthène d'une part, et le traitement de la psychologie des doryphores d'autre part.

		Franz : Or je rappelle que la nouvelle d'origine est de 79 et le roman de 1985... Quel visionnaire quand même ce Orson Scott Card !

Ouais, si on veut. Internet avait déjà 7 ans lors de l'écriture de la nouvelle. Même si ça restait confidentiel, je pense qu'aux States il suffisait de se tenir au courant pour comprendre le potentiel de la chose. C'est certes bien pensé de la part de Card, mais je ne suis pas sûr que visionnaire soit adéquate.

Pas visionnaire sur l'existence du net, mais bien sur l'importance dans la communication et la manipulation d'opinion que celui ci a pris et continue de prendre tous les jours. A l'origine, il ne s'agissait que d'un réseau à vocation militaire.

Sauf que l'email existait déjà lorsque Card a écrit sa nouvelle. Perso, je trouve Ender plus visionnaire dans l'aspect "jeu video" des simulations de l'académie où est Ender que dans l'aspect informationnel du réseau, surtout que Brunner l'avait déjà écrit avec sa Tétralogie noire déjà achevée à cette date :

Tous à Zanzibar (1968)
L'orbite déchiquetée (1969)
Le troupeau aveugle (1972)
Sur l'onde de choc (1975)

J'ai lu ce bouquin d'un trait.
Il est bien écrit, l'intrigue est bien menée et on se laisse prendre au jeu.

Cependant, quelque chose me dérange énormément dans cette lecture, c'est l'idée que pour qu'un être humain s'accomplisse pleinement, surtout si l'on veut en faire un génie... Il faudrait le torturer pendant toute son enfance, psychologiquement d'abord, voire physiquement.

Donc, la plupart des gens qui élèveraient leurs enfants avec amour et sollicitude n'en ferait que des lavettes !
J'aurais eu plutôt tendance à penser que les enfants élevés dans la violence devenaient très rarement des génies, mais plutôt des psychopathes...
Mais je dois être une lavette.

Je trouve cette notion un peu dangereuse quand même.
Quelque part, cette "éducation" ou cet entrainement d'Ender m'a rappelé tous ces films, qui contiennent sans doute une part de vérité, où l'on montre la formation des marines, qui est également proche de la torture. Pas sure que pour autant l'armée américaine soit une super armée avec tout plein de héros...

Gracie >> Et tu oublies la tromperie car Ender croit diriger des simulations de combat. Par ailleurs, ce que tu signales, on le retrouve dans d'autres romans de Card.

Gracie, ton interprétation me stupéfie quelque peu ...Je n'avais vraiment pas vu ça comme cela . De plus il me semble que Card ne fait absolument pas l'apologie de ce traitement , puisqu'à la fin Ender se retrouve brisé , inadapté ....et son frére et sa soeur ne valent guère mieux .
Par contre le fait d'utiliser principalement des enfants car non encore socialisés, non porteurs d'inhibitions , capables de se concentrer de façon maniaque sur les jeux vidéo , pour un résultat final plus efficace ....
Quand j'ai vu quelques années plus tard les armées d'enfants soldat se multiplier en Afrique , ça m'a immanquablement rappelé ce roman .

		Citation : Quand j'ai vu quelques années plus tard les armées d'enfants soldat se multiplier en Afrique , ça m'a immanquablement rappelé ce roman .

Ben oui, quand même !

Que Card n'en fasse pas l'apologie, je n'en suis pas si sûre.
Il est dit à un moment, plus ou moins, que la fin justifie les moyens et donc, si l'on en croit le roman, ça marche !

Et dans cette histoire, il n'y a pas que Ender, mais c'est une véritable école militaire où l'on retrouve des enfants dès l'âge de 6 ans auxquels on retire toute affection d'adultes et à qui l'on n'apprend plus que la guerre et l'endurance... Parfois il y a des morts... Parce qu'ils n'étaient pas assez bons...
Je trouve cela assez terrifiant, même s'il semble en fin de compte que ceux qui partent vraiment sur les lieux de combat sont des adultes, et je n'ai jamais eu l'impression dans le bouquin que cela était remis en cause ni condamné.

		Citation : Il est dit à un moment, plus ou moins, que la fin justifie les moyens et donc, si l'on en croit le roman, ça marche !

Si mes souvenirs sont bons , l'alternative est la destruction totale de la planète et , partant , de l'espèce humaine , non ?

Franchement Gracie je n'avais presque jamais entrevu le roman sous cet angle fort pertinent. Merci de cet éclairage nouveau.
"Presque " car à l'occasion d'une remarque désormais noyée dans le flot du Forum de CSF, je m'étais étonné de cet Ender enfant auquel Card accordait des comportements, des réflexions et des raisonnements qu'un être de son âge (même si on lui accorde un QI hors-norme) ne peut tenir. ..COMME SI UN ENDER ADULTE SE SACRIFIAIT......Gracie, après réflexion, je pense que tu as hélas raison..!