Avis : de par le thème abordé, ce livre pourrait être un Oeil dans le Ciel de
Lem
... Ijon Tichy va passer d'univers en univers, univers gigognes, avec un fil directeur : les utilisations indénombrables des psychotropes, les possibilités inouïes de la maîtrise des altérations de la pensée... Bref, un livre au psychédéLem
isme exacerbé.Ceci étant dit, je reste dans le doute quant à la qualité de ce livre...
Celui-ci se divise en gros en deux parties (rapidement pour ne pas déflorer l'intrigue) à la fin du XX° pour le congrès puis en 2039, par un bond inattendu dans un futur utopique ultérieur au futur (pour nous) du début du récit. Les deux parties, subdivisables elles-mêmes, ont des structures différentes : la première est plus classique, la deuxième sous la forme d'un journal tenu par le héros.
Malgré l'inventivité de
Lem
la lecture est assez éprouvante. Malgré ou à cause... en effet, les possibilités qu'apportent le thème sont infinies et tout un pan du livre ressemble à un catalogue des trucs et machins à mettre en récits quand on parle d'illusions psychotropes...Là, dessus, l'idée vient vite que
Lem
lui aussi... NON, non pas "à usé de substances illicites", mais fait "délirer" l'ouvrage et l'écrit lui-même, formellem
ent, en plus du contenu...C'est peut-être en un sens ce que dit Dominique Warfa sur noosfere :
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Oui, certes, pourquoi pas, en effet, admettons : on l'a vu chez Dick, dans Ubik notamment, dès qu'on met les pieds dans la réalité subjective, le récit peut en prendre un sacré coup puisque ce qui le soutient n'est plus qu'un semblant de réel (et même un semblant de semblant en fait) et peut éclater à n'importe quel moment. Ici, l'éclatement est continuel, soit par explosion grandiose, soit par pétarades faibles mais successives. Oui, donc, le jugement, positif, sur l'ouvrage peut se tenir.
Mais d'un autre côté, dans le même temps, au premier degré dirais-je, cela ressemble vachement à un récit fin XIX°, type Paris au XX° siècle de Verne, c'est à dire où la trame - limitée - du récit sert avant tout à introduire les descriptions des visions futures de l'auteur... Lors, le psychédélisme écrivain n'ouvre guère les portes de la littérature, mais semble plutôt les refermer sur de vieilles tournures assez fatigantes pour le lecteur.
Je n'aime pas dire cela, je l'avoue, car bon sang, en même temps, cela tranche aussi avec le type de récit romanesque, la "story", devenu tel
lem
ent défini, rabaché, que toute déviation mériterait hommage.... Il aurait fallu peut-être un peu plus de cet esprit dontLem
sait faire preuve, de tirer un peu vers "Le breakfast du Champion"par exemple pour s'en sortir mieux, je ne sais pas...snif...
signalons quand même de chouettes inventions et de chouettes passages dans tout ça, hein...
Lem
en arrive même a précéder clairement et magistralem
ent Matrix. Bref,Lem
est un auteur des plus méritants, reste que ce n'est pas par cet ouvrage que je proposerais de l'aborder...(note : j'ai mis premier trimestre 1971, mais seule l'année est sûre)