« Pendant la soirée qui précéda son départ pour Londres, Richard Mayhew ne s’amusa guère.
Il avait débuté la soirée en s’amusant : il s’était amusé à lire les cartes d’adieu, à accepter les embrassades de plusieurs jeunes personnes de sa connaissance, pas franchement déplaisantes ; il s’était amusé de toutes les mises en garde contre les périls et les dangers de Londres, et du grand parapluie blanc imprimé d’une carte du métro londonien que ses amis lui avaient offert en se cotisant. Il s’amusait, encore quand vint l’heure des premières pintes de bière. Et puis, à chaque nouvelle pinte, il constata qu’il s’amusait de moins en moins. Jusqu’à cet instant où , assis sur le trottoir, il grelottait devant le pub d’une petite bourgade d’écosse, en se demandant s’il valait mieux être malade ou pas. Et il ne s’amusait plus du tout… »
L’histoire :
Richard Mayhew est courtier en assurance et pour lui la vie doit être la plus normale possible : un boulot tranquille à Londres mais suffisamment stimulant pour qu’il y prenne du plaisir, une femme qui l’aime bien sous tous rapport, des amis, une vie sociale … Mais sa fiancée est superficielle, d’une famille bourgeoise et le mène par le bout du nez, il a des tonnes de dossiers en retard et ses collègues de travail le prenne pour un original à cause de ses figurines sur son bureau. Un événement en entraînant un autre, sur le chemin pour aller au restaurant avec sa fiancée et son patron, il trouve une jeune femme blessée, et se retrouve sans fiancée, sans travail et les gens ne le reconnaissent plus…
Fantastiquement drôle.
Ce qui est le plus attachant dans ce roman, c’est l’humour que l’auteur a laissé retranscrit aux travers des pérégrinations de Richard. Car il faut le souligner, ce roman est bourré d'humour, au travers des répliques du héros dans les multiples situations parfois burlesques. Comment réagir si l’on découvre du jour au lendemain qu’il y a un autre monde que celui dans lequel vous vivez vous et moi (le monde d’En haut), un monde ou il y a des licornes, des monstres, des anges, des parleurs aux rats et où le commerce se fait uniquement par le truchement de troc – un mouchoir peut être de grand secours !
Télévisuel.
J’ai senti que ce roman était très visuel et il est possible que l’auteur ait voulu un roman qui soit adaptable au cinéma, ce qui serait, je l’imagine très bien, assez facile. Le casting est même, pour moi, déjà fait ;)
Enfin, de nombreuses bonnes idées émanent de ce roman comme l’origine des stations de métros. Les méchants sont délibérément caricaturaux et l’héroïne… et bien Richard, qu’est ce que tu attends ?
J’ai passé un bon moment dans le Londres d’en bas de
Gaiman
. Lisez le !Extraits :
« La jeune fille qui, il s’en aperçut, avait réussi à engloutir la plupart des fruits que Richard avait emportés avc lui, termina la banane et hésita. Puis elle esquissa un sourire et prononça un mot qui ressemblait beaucoup à Anesthésie.
- J’avais faim, expliqua t-elle.
- Ah oui. Et bien, moi aussi, j’ai faim.
Elle jeta vers les petits feux de l’autre côté de la salle. Puis elle reporta son attention vers Richard. Elle sourit à nouveau.
- Et le chat ? Vous aimez ? demanda-t-elle.
- Oui, répondit Richard, j’aime beaucoup les chats.
Anésthésie parut soulagée.
- La cuisse ? demanda-t-elle. Ou les côtelettes ? »
« Un pont se dressait devant eux, au-dessus du marécage, et une silhouette vêtue de noir attendait au pied de l’arche. Elle portait les habits noirs d’un moine dominicain. Sa peau avait le brun profond du vieil ébène. C’était un homme de haute taille et il tenait un bâton aussi haut que lui.
- N’avancez pas, lança-t-il. Déclinez vos noms et qualités.
- Je suis Dame Porte, répondit Porte. Je suis la fille de Portico, de la Maison de l’arche.
- Je suis Chasseur. Je suis garde du corps.
- Richard Mayhew, fit Richard. Je suis trempé. »