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Olivier

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02/09/2004
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Rasta solitude

Philippe Curval


Rasta solitude
Illustration : Kaïn
Première parution : septembre 2003

 Pour la présente édition :

Editeur : Flammarion
Collection : Imagine
Date de parution : septembre 2003

Ce livre est noté   (3/5 pour 1 évaluations)


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La critique du livre
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Le thème de Rasta solitude, c’est l’étranger. L’homme comme étranger au monde qu’il a crée, ou bien l’homme perdu au milieu d’une société qu’il ne comprend pas.

Curval

opte le plus souvent pour le texte à chute, avec cette fameuse dernière phrase si chère à Matheson et Brown. A ceci prêt que la plupart des textes font une trentaine de pages. Exercice surprenant donc, assurément périlleux, mais que l’auteur -roublard en diable- réussit le plus souvent à merveille.
Autant le dire tout net cependant : Philippe

Curval

reste Philippe

Curval

. Autrement dit, ceux qui restent hermétiques à son œuvre le resteront une fois de plus avec ce recueil. Quant aux autres, ils y verront une pierre de choix, finement ciselée, à ajouter à l’édifice de leur admiration pour un auteur qui vieillit aussi bien que le bon vin

La plupart des textes ont été écrits lors de voyages de l’auteur, ce qui explique en large partie cette impression de décalage du protagoniste avec la réalité dans laquelle il vit. Mais rien de dickien cependant. Nous sommes plus dans le champ de l’amnésie, comme dans Portrait sans visage. Un homme se réveille dans un hôtel, au lendemain de ce qui pourrait être une beuverie. Sauf qu’il n’a aucun souvenir de cette éventuelle beuverie. Il ne sait même pas pourquoi il est là, dans quel pays il se trouve, ni même comment il s’appelle ! Il va tenter de grappiller des renseignements comme il peut, en regardant son passeport, puis en interrogeant sa guide. Et quelle n’est pas son angoisse de savoir qu’il est là pour donner une conférence. Conférence dont il a perdu le texte, et dont il ignore jusqu’au sujet… Au-delà du doute et de l’enquête,

Curval

instille avec grand art une inquiétante étrangeté, das unheimliche freudienne. Le résultat, fort concluant, est un texte aussi subtil qu’angoissant. L’amnésie encore, dans La Vie est courte, la nature hostile, et l'homme ridicule, où un homme se réveille sur une plage, comme dans l’un des magnus opus

curval

ien, L’homme à rebours. Le sable est fin, l’eau est bonne, mais la chaleur devient vite accablante. Comment, pourquoi notre homme se retrouve-t-il ici ? Mystère là encore, subtilement traité sous l’angle poétique ballardien, entre La plage ultime et Vermilion sands. L’étranger peut aussi être l’autre, cet homme étrange qui fascine un jeune paumé qui erre sans but dans sa cité déshéritée, où il n’a pas plus d’avenir que n’importe qui, à part la débine. Une interrogation sur l’une des clés de l’étrangeté : l’identité, qui est aussi la seule anticipation du recueil.
On trouve aussi un texte aux accents lovecraftien, où un chasseur de trésor va se retrouver happé par l’étrange objet qu’il recherche (Sal Rei). Loin d’être un simple pastiche comme on en a trop lu, on y retrouve aussi le thème

curval

ien par excellence du retour dans le ventre maternel.
Les extra-terrestres non plus ne sont pas en reste. Qu’ils servent à mettre en lumière la noirceur de l’âme humaine (Barre/Watis) ou qu’ils essaient de nous comprendre, avec de drôles de résultats (Le sourire du chauve). Drôle justement, car il y a aussi de l’humour.
Ainsi dans Ovni soit qui mal y pense, dont le titre est déjà tout un clin d’œil et tout un programme. Des extra-terrestres vont faire appel à un vieux bureaucrate chinois, à qui ils vont demander d’exercer ses talents de dictateur sur une lointaine planète, afin de la développer en donnant aux habitants les coups de pied au cul dont ils ont besoin. L’humour est bien noir, avec une chute imparable et drôle, un peu à la Disch (sa short-short Utopie ? Impossible !). Humour également, mais hommage aussi, et à la littérature (et donc à la SF) dans Canard du doute. Une étrange maladie à prions, le diésel, vous encrasse l’organisme. Face à cela, un seul remède : la lecture ! Exercice périlleux dans ce monde où la culture a disparu, ainsi donc que la littérature. Ce grand malade qu’est le Dick de Substance mort pourrait-il devenir un médicament ? Un récit hommage goguenard et flegmatique, avec une fin magnifique.
C’est un fait,

Curval

, n’est pas un auteur de fantasy. Il en profite donc pour se livrer à une réécriture post-apo et un brin sadienne de Blanche-neige, sodomisée par un seul nain dans Blanche-neige et un seul nain. Mais aussi un texte qui l’aventure sur les terres antiques et mythologiques de Thomas Burnett Swan : Dédale en pente douce. La Crête, ravagée par les immondices touristiques, va se venger en faisant appel à ses anciens mythes : la chute est au bout du fil d’Ariane.

Au final, nous avons 11 textes le plus souvent de très grande qualité. Seul Barre/Watis m’a laissé un peu froid. Les autres, oscillant entre le fantastique angoissant de Matheson, les troubles kafkaïens voire la sf pure et dure sont tout simplement excellents. Rasta solitude est un excellent cru de

Curval

. 11 textes disais-je, avec en entrée une magnifique préface, belle réflexion sur la sf, tant du point de vue du lecteur que de l’écrivain. L’exercice, autant au niveau de la fiction que de la réflexion se révèle extrêmement brillant et donc pleinement convaincant.

Curval

ophiles, n’hésitez surtout pas à goûter cette solitude du rasta.




Philippe Curval est l'un des inventeurs de la science-fiction en France. Écrivain, photographe plasticien, découvreur de talents, critique au Magazine littéraire, il a à son actif plus de vingt-cinq romans et une centaine de nouvelles traduits dans une douzaine de pays.
Dans un complexe touristique au Kenya, une force mystérieuse s'empare de l'esprit d'un vacancier pour former une entité qui s'agglomère à d'autres humains. Au même moment, sur la côte africaine, un vaisseau extraterrestre vient de s'échouer...
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En onze nouvelles écrites pour la plupart au cours de voyages, et puisant leur inspiration dans l'exotisme du lieu, Philippe Curval s'interroge sur la solitude de l'étranger en terre étrangère. Il y devient au choix un extraterrestre, un « rastaquouère » à force d'éprouver la réalité comme décalée. Celle-ci prend alors, naturellement, les couleurs de la science-fiction ou du fantastique.





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